Première

LOVE AND FRIENDSHIP

- G.D.

Redoutant la déchéance, Lady Susan Vernon trouve refuge chez des cousins de province. De là, elle intrigue pour que sa fille épouse un riche crétin, tandis qu’elle-même convoite un séduisant héritier. Pas étonnant que Whit Stillman se soit emparé de cette nouvelle épistolair­e de Jane Austen. Depuis Metropolit­an, il observe les travers de la classe dirigeante avec un esprit de plus en plus caustique. Si John Waters est un esthète du mauvais goût avec une prédilecti­on pour les marginaux, Stillman trouve la laideur chez les riches derrière l’apparence du bon goût. C’est particuliè­rement visible ici, avec ce portrait d’une intrigante insupporta­ble qui raconte des horreurs dans un langage des plus châtiés. Stillman a très habilement adapté une histoire qui à l’origine était racontée sous forme de lettres. Il en garde quelques traces pour confronter les récits d’un même événement raconté de deux points de vue différents, mettant en lumière la duplicité, les mensonges et les manoeuvres des uns et des autres. Il en résulte la peinture d’une société totalement pervertie qui privilégie l’avoir et le paraître au détriment de l’être. Sans avoir les moyens esthétique­s de Scorsese qui, sur un sujet approchant, avait réalisé une somptueuse et cruelle tragédie (LeTempsdel’innocence), Stillman propose plus modestemen­t une satire caustique mais réjouissan­te, pour peu qu’on dépasse une possible aversion pour les décors, costumes et musique baroque de l’Angleterre du XIXe siècle.

de Whit Stillman

USA. 1 H 32. AVEC KATE BECKINSALE, CHLOË SEVIGNY, XAVIER SAMUEL... DISTRIBUTI­ON SOPHIE DULAC.

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