Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

David, le violoniste de la place du Palais

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Piano, contrebass­e, accordéon… David Vinitzki, Niçois de 39 ans, s’est essayé à plusieurs instrument­s avant de tomber sur celui qu’il a adopté à 13 ans : le violon. « Je suis issu d’une famille de musiciens d’europe de l’est. Mon père était violoniste donc ça a été un moyen pour lui de transmettr­e un truc. C’est lui qui m’a appris la musique tzigane sans solfège. »

Celui qu’on croise souvent sur la place du Palais-de-justice monte à Paris à 20 ans : « Je voulais me perfection­ner dans le classique et j’ai commencé à jouer dans la rue pour financer mes études. J’ai beaucoup aimé cette expérience alors, quand je suis revenu à Nice, pour des raisons personnell­es, j’ai continué. J’ai toujours eu un tempéramen­t indépendan­t. Jouer dans la rue rejoint cette quête de liberté, cette démarche artistique presque philosophi­que d’être le plus autonome possible. »

Du temps pour l’entraîneme­nt

« Il y a un autre avantage considérab­le : j’ai du temps pour travailler l’instrument. La musique, c’est comme le sport : ça demande de l’entraîneme­nt, il faut y consacrer plusieurs heures par jour. »

David Vinitzki ne vit pas que des dons dans la rue. Il peut assurer aussi des prestation­s pour de l’événementi­el et donne des cours particulie­rs. Il revendique de choisir ses élèves : « Je veux me consacrer aux personnes qui ont envie de découvrir le violon, qui veulent apprendre. Le cas du bambin que ses parents forcent, ça ne m’intéresse pas. Si on n’a pas envie, ça ne sert à rien. » Lui-même est papa d’une fillette de7ans: « Je ne l’ai pas incitée mais elle commence à s’y intéresser depuis que j’ai fait une démonstrat­ion dans son école. Elle a l’oreille, le rythme, je la laisse venir. On s’est juste accordés sur trois moments dans la semaine où on étudie le violon ensemble. Je ne la forcerai pas, si elle veut arrêter, elle arrêtera. » Pour autant, la fierté paternelle transpire.

Caché derrière l’instrument

Au fil des ans, le musicien a appris à dompter la rue. « Au début, on a peur du regard, c’est normal. Imaginez : vous vous mettez à dispositio­n de gens qui n’ont rien demandé, vous venez vous imposer dans un espace public. »

S’il admet ne plus avoir d’appréhensi­on après vingt ans de pratique, il confie sa timidité et sa pudeur « mais on apprend à se cacher derrière son instrument. »

David Vinitzki a gardé son répertoire tzigane des débuts, ne boude pas la musique romantique de la fin du XIXE, début XXE siècle et commence à s’intéresser de plus en plus à celles des XVIE et XVIIE. « Maintenant, je m’éclate dans l’interpréta­tion. Je joue moins fort qu’au début, je recherche désormais un son plus rond, avec plus de nuances. » Il confie aussi que « les clichés ont la vie dure. Même si la majorité des gens comprennen­t la démarche, certains gardent l’image du miséreux qui joue dans la rue.

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C’est à cause de cela que des musiciens n’osent pas jouer dehors. C’est dommage. Et puis si la réglementa­tion était plus simple, plus conciliant­e, ce serait mieux pour tout le monde. »

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Photo Ax. T. David Vinitzki joue depuis une vingtaine d’années dans la rue, à Paris puis à Nice.

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