È pericoloso sporgersi

Il fut un temps où les voyageurs avaient peur de tomber du train. « Ne pas se pencher au dehors », « È pericoloso sporgersi », l’indication se déclinait en plusieurs langues dans les voitures. Même un président de la République, Paul Deschanel, avait basculé dans le vide en pleine nuit en voulant ouvrir la fenêtre de son compartiment. Il s’était présenté, en pyjama, quelques minutes plus tard, devant un garde-barrière éberlué d’avoir face à lui le chef de l’etat. Le pauvre homme commençait à dérailler et la chute du wagon-lit avait entraîné sa dégringolade politique.

Quelques mois plus tard, il démissionnait pour essayer de se refaire une santé.

Maintenant que la clim’ équipe la plupart des trains, plus de risque de passer par la fenêtre. Signe des temps, c’est en faisant des selfies que la bascule menace désormais. Cette fonction des appareils photos de nos smartphones permet de s’auto-photographier, seul ou accompagné, avec généralement un arrière-plan avantageux. Qui ne s’y est pas essayé avec plus ou moins de bonheur ? Il faut avoir une certaine habileté pour tenir le téléphone à bout de bras et réussir le cadrage. Les plus

fervents ont fait l’acquisition d’une perche sur laquelle ils ont fixé leur téléphone portable.

Entre  et ,  personnes ont perdu la vie dans le monde en prenant un selfie selon une étude de la fondation espagnole io(). Les principales causes :  sont mortes dans une chute d’une falaise ou du toit d’un immeuble,  dans un accident de la route,  par noyade et  dans des incidents liés à une arme à feu. A croire qu’elles ont confondu le bouton de leur smartphone avec la gâchette de leur arme.

Cela prêterait presque à sourire s’il n’y avait des vies irrémédiablement emportées dans ce terrible choc des photos.

Le phénomène va en s’amplifiant avec  morts sur les sept premiers mois de , ce qui représente en