Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Quelles solutions après la crise du CHU ?
Au lendemain de la crise qui a secoué l’hôpital niçois et de la « grève » des opérations lancée par des chirurgiens de Pasteur 2, le directeur-général, Charles Guepratte, fait le point
Charles Guepratte sort d’une grosse tempête. Une crise inédite au CHU de Nice: la bronca de chirurgiens de Pasteur 2 qui ont déposé le scalpel pour protester contre le manque d’anesthésistes notamment (1). Deux cents opérations ont été annulées. La grogne a gagné les internes et l’ensemble d’un personnel à bout de souffle. Le directeur-général a réussi à débloquer les blocs, à ramener le calme. Il a entendu, dit-il, les revendications.
Le CHU est sorti de la crise ?
Des choses n’allaient pas, il faut les corriger. On a pris la mesure des revendications. Mis en place un plan d’action. Je suis très confiant dans notre capacité à mettre en oeuvre, dans des délais relativement courts, les solutions que nous avons évoquées avec les chirurgiens [le recrutement de anesthésistes et de infirmières de bloc, notamment] pour que, très rapidement, les choses reviennent à une situation optimale.
Pourtant, la semaine dernière, les anesthésistes ont tiré la sonnette d’alarme : ils n’arrivent pas à boucler leur planning de novembre…
On n’a jamais dit que tous les anesthésistes seraient recrutés en une semaine. Donc, les anesthésistes sont dans leur rôle quand ils préparent l’organisation des plannings et qu’ils nous font des propositions. Ils le font avec les informations dont ils disposent. Moi, je sais aussi qu’on est en train de recruter des médecins et que les prochains vont arriver dans les jours qui viennent.
Pourriez-vous avoir recours à la réserve sanitaire ?
Elle n’est pas faite pour combler des difficultés passagères. Mais pour gérer des situations de crise grave et d’activité exceptionnelle.
Quelles mesures pour attirer des anesthésistes à Nice ?
Mieux organiser les choses. C’est très important de donner des conditions de travail conformes aux attentes. Pour les plus jeunes, ça veut dire être encadrés. Pour les autres, ça veut dire disposer de plannings sans changements permanents. C’est entendable : les gens demandent que le professionnel ne soit pas constamment en train d’impacter leur vie personnelle. Ce qui a pu être le cas du fait du manque de personnel.
Et les salaires ?
On va rémunérer mieux grâce à des dispositifs qui permettent notamment de payer les gens en fonction de l’activité qu’ils réalisent et non plus à la journée. Pour certaines catégories d’anesthésistes, il y a aussi la possibilité de recourir au contrat de clinicien.
Les postes de « praticiens cliniciens », ces médecins qui sont rémunérés beaucoup plus que les autres, ne sont-ils pas réservés aux déserts médicaux ?
Non, c’est réservé aux professions en situation de tension. Quand on a dix ou quinze postes d’anesthésistes vacants dans un CHU qui compte postes nécessaires, on peut considérer qu’on est en tension. Mais ça, c’est l’ARS [Agence régionale de santé] qui le confirmera. On va sans doute demander cinq à six postes pour attirer notamment des praticiens seniors.
Ne risque-t-il pas d’y avoir une sélection par l’argent au détriment de la qualité ?
Je ne vais pas recruter tout ce qui passe. J’ai refusé des candidatures qui n’étaient pas au niveau. Seul critère : la qualité professionnelle.
D’autres éléments pour rendre le CHU attractif ?
Il y a un engagement très fort du CHU de stagiariser [titulariser] pour réduire le volume de personnel contractuel qui est très important. En , on a titularisé personnes. L’année d’avant, . À côté de ça, on est en train de mettre en place un pool de infirmiers qui vont venir remplacer les absences de leurs collègues.
Et sur le logement ?
Je tiens à saluer l’action énergique du préfet : il a décidé d’augmenter, sur son contingent, le nombre de logements affectés à des personnels du CHU. Il y a un vrai accompagnement de l’État pour aider nos salariés à se loger. Je vais aussi augmenter de % le nombre de places en crèche pour les enfants du personnel.
Vous avez fait des travaux dans le service de réanimation qui dénonçait des conditions de travail indignes. Est-ce suffisant ?
On a mené des travaux transitoires très importants : € ce n’est pas juste mettre des stickers sur les portes ! Et, dès , j’entame une réorganisation complète pour plusieurs millions. On aura un grand plateau technique de «réa» à l’Archet dès .
Que prévoyez-vous pour l’Archet , plus que vétuste ?
On va le désaffecter une fois qu’on aura terminé la modernisation de l’Archet . Il sera vide en mais, avant, on va déménager au fur et à mesure un certain nombre de services dès la mise en oeuvre de Pasteur phase .
Le chantier de la phase de Pasteur est-il lancé ?
Des travaux de consolidation du terrain sont en cours. Le chantier du bâtiment commencera vraiment en pour une durée d’un an.
Avez-vous vendu Saint-Roch ?
Des études sont en cours du côté de l’acheteur pour voir ce dont il a besoin en terme de superficie pour l’hôtel des polices. J’ai bon espoir que cela puisse donner lieu à un accord de cession entre la Ville, l’État et le CHU. Cet argent, on en a besoin pour financer la phase de Pasteur .
Le CHU accusait un déficit record il y a trois ans…
On a divisé par quatre nos déficits entre et . On était à , millions en . On est aujourd’hui à ,. On est en train de revenir à l’équilibre et, surtout, on se recrée, peu à peu, des marges de manoeuvre pour notre investissement. Je ne sais pas si on arrivera à être à l’équilibre en mais on n’en est plus si loin. À moins de millions de déficit sur un budget de , on est à % de déficit donc à % à l’équilibre. On commence à sortir de l’ornière.
Quel avenir pour le CHU ?
On aura un CHU modernisé à plus de % d’ici à et plus à l’écoute des patients. Il n’y a pas que les bâtiments à moderniser, il y a aussi des petits choses qui améliorent l’accueil, la fluidité et l’expérience patient. Depuis hier, par exemple, on peut prendre rendez-vous sur Internet en gynéco et en maternité. On va généraliser ce système : d’ici à mois, l’ensemble du CHU disposera d’une consultation en ligne pour l’ensemble des services. Et on va mettre en place un dispositif de rendez-vous privilégiés pour les médecins de ville qui auront des créneaux réservés pour nous adresser les malades. On va aussi travailler sur l’admission en ligne via des bornes et des applications smartphone pour limiter le temps de passage au bureau des entrées. On va lancer, fin , la dématérialisation du dossier patient qui sera bientôt complètement portable.
D’autres améliorations ?
On a déployé un salon de sortie aux urgences : l’idée, c’est d’installer les patients traités dans les meilleures conditions. On ne les laisse plus attendre un véhicule ou une ambulance dans la salle d’attente avec les autres : on les accompagne dans une zone réservée. On a créé postes aux urgences.
Pendant la crise, on a entendu des chirurgiens dire que la sécurité des patients n’était pas assurée au CHU de Nice…
Il n’y a aucun danger à se faire traiter au CHU de Nice. On a des soins d’excellente qualité. Il suffit de regarder les classements : on est positionnés entre la e et la e place dans tous les palmarès sur des milliers d’hôpitaux. On est dans le top . (1) Lire nos éditions du vendredi 21 et samedi 29 septembre.
‘‘ On a divisé nos déficits par ”
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