Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
ILS NE VEULENT PAS D’UNE PRISON À DRAP
Rassemblement citoyen de la vallée du Paillon, hier, à Drap. Mobilisation générale et ferme contre le projet d’implanter une maison d’arrêt sur un site naturel au riche patrimoine
Hier, de nombreux habitants de la vallée du Paillon, ainsi que des élus, se sont rassemblés à Drap pour protester contre le projet de maison d’arrêt sur le plateau Tercier, zone naturelle vierge qui est aussi un site archéologique et une réserve d’eau potable pour les environs.
Une prison sur le plateau Tercier? Au cachot! Mieux: aux oubliettes… On n’en est pas encore là. Cependant, la détermination des élus et des habitants de la vallée du Paillon contre le projet d’une maison d’arrêt sur ce site au riche patrimoine naturel et historique, est telle, que la ministre de la Justice pourrait revoir sa copie. Le rassemblement citoyen organisé hier esplanade Jean-Ferrat, à Drap, territoire sur lequel se trouve le plateau Tercier, même s’il est voisin d’autres communes comme La Trinité, a été synonyme d’une mobilisation générale et unitaire. Le message est clair: «Non à la prison au plateau Tercier!» Plus qu’une banderole, plus que des paroles en l’air, ce mot d’ordre, en forme de pétition, a été signé par plus de 600 personnes. Toutes domiciliées dans la vallée du Paillon. Toutes derrière les 13 maires des communes de ce secteur, présents, excepté le maire de La Trinité. Une manifestation de solidarité. C’est tous ensemble qu’élus et administrés veulent arrêter, menotter, l’idée exprimée par la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, lors de sa visite des maisons d’arrêt du département, sur une proposition «du préfet des AlpesMaritimes, Georges-François Leclerc», avait-elle assuré. «Avons-nous besoin d’une prison pour accueillir de façon humaine les prisonniers? Oui», affirme Francis Tujague, conseiller départemental et maire de Contes. Mais pas sur le plateau Tercier, surplombant la vallée du Paillon. «C’est bien simple, s’ils font la prison là, j’arrête de construire ma villa», menace à voix basse une dame. D’autres envisagent aussi de décamper de la vallée. Agacés, angoissés de voir rappliquer à nouveau cette perspective. Car le Tercier a déjà été évoqué en 2014. Déjà pour une prison. Déjà impensable. Pour plusieurs raisons. «Le Tercier n’est accessible que par quelques routes des collines de Drap et quelques pistes, poursuit Francis Tujague. Il y a 20 ans, le projet d’une technopole à cet endroit avait été avancé. Il aurait coûté plusieurs dizaines de millions d’euros, seulement pour l’accessibilité…»
Réserve d’eau vitale
Autre argument: il s’agit d’un plateau classé en zone nationale du point de vue écologique. «Un plateau vierge, portant un site archéologique, un patrimoine de plantes, d’animaux, qui vaut d’être préservé, protégé.» Troisième point: c’est une réserve d’eau. Et non des moindres, puisque le plateau joue un rôle majeur de réceptacle de toutes les eaux alimentant les nappes phréatiques dans lesquelles est puisée l’eau destinée à alimenter toutes les communes du secteur. Alors, porter atteinte à ce réservoir liquide vital serait, pour Maurice Lavagna, président de la Communauté de communes des pays des Paillons, «une catastrophe écologique, car cette réserve pourvoit aux besoins de 20000 habitants». Et le maire de Berre-lesAlpes d’appeler à l’union: «Nous devons nous serrer les coudes et tous ensemble nous ferons reculer le projet.» En écho à toutes ces paroles militantes et déterminées, les propos du maire de Drap, Robert Nardelli. Lui aussi évoque les risques «d’un aménagement sur un site exceptionnel draînant les eaux de pluie et nourrissant toutes les sources». Lui aussi plaide en faveur de la faune, de la flore, des vestiges, de la zone touristique. Le Paillon fait jaillir la baïonnette. «Nous résisterons tous ensemble à un projet qui va à l’encontre des propos du premier ministre annonçant des crédits pour créer des espaces naturels et sauver la biodiversité. Ce projet? Il a tout faux!»