Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ils avaient percuté à Beaulieu un scooter et pris la fuite : trente mois de prison ferme
C’est l’histoire lamentable de la lâcheté ordinaire. Deux hommes, venus s’encanailler sur la Côte d’Azur, avaient sans doute trop bu la nuit de l’accident, le 18 juin de l’année dernière. Le conducteur a doublé sur une ligne continue en pleine nuit et en plein virage au volant d’une Mini Cooper qu’un ami venait de lui prêter. Anthony, 22 ans, chef de rang d’un établissement monégasque, rentrait du travail au guidon de son scooter 50 cm³. Le choc a été effroyable à hauteur du 5 de l’avenue Alsace-Lorraine à Beaulieu-surMer. Le jeune homme, percuté de plein fouet, a été laissé pour mort au milieu de la chaussée. Le conducteur et son passager ont abandonné le véhicule et pris la fuite à pied. Des images de vidéosurveillance en attestent. Ils pensaient peut-être s’en tirer à bon compte. C’était sans compter sur la pugnacité des gendarmes de Beaulieu-sur-Mer. Après neuf mois d’enquête, ils ont fini par identifier le mois dernier les occupants du véhicule.
Les deux hommes incarcérés
Pendant que leur victime subissait des opérations en cascade et une longue et incertaine rééducation, eux avaient repris leur travail comme si de rien n’était. Mason Prestot, 27 ans, manutentionnaire en Normandie, François Taïcon, 47 ans, commerçant ambulant en région parisienne, ont payé cher hier leur absence de scrupule. Le tribunal correctionnel présidé par
David Hill les a tous deux condamnés à trois ans de prison dont 30 mois ferme et deux ans de mise à l’épreuve. Peine à exécuter immédiatement. Le permis de conduire de Mason Prestot a été annulé. Anthony, cloué pour l’instant dans une chaise roulante, n’a aucun souvenir de l’accident. Il est venu au procès des deux prévenus jugés pour blessures involontaires, délit de fuite et non assistance à personne en danger. «Je ne pense pas pouvoir reprendre mon travail qui est physiquement exigeant», confie-t-il en aparté, entouré de sa famille. Son conseil, Me Perret, a stigmatisé « l’attitude indigne » des prévenus : « On lui a réservé un traitement que l’on ne réserve même pas à un animal. » Le procureur Sylvie Canovas a rappelé que certes, «les blessures sont non intentionnelles », mais deux circonstances aggravantes ont été commises, elles, volontairement : «La fuite alors que le code de la route impose de porter secours et le franchissement délibéré d’une ligne continue. » Le ministère public avait demandé 3 ans dont six mois avec sursis à l’encontre du conducteur, 18 mois dont six mois avec sursis contre le passager. Les plaidoiries de Me JeanYves Lienard, pour le passager et de Jean-Denis Flori pour le conducteur, n’ont pas infléchi le tribunal. D’autant que les deux fuyards avaient déjà été, par le passé, condamnés pour conduite en état d’ivresse.