Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Tri de printemps : à qui donner ses vêtements ?

Vous croulez sous une montagne d’habits, mais pas le coeur de jeter ? Pas de panique, des structures associativ­es les récoltent et les revendent, à prix modiques. Gros plan sur ABI06...

- AMBRE LEPOIVRE

Les beaux jours sont là (ou presque), bientôt le grand ménage de printemps ! Mais que faire des affaires qu’on ne met plus ? ABI06 (associatio­n au bénéfice de l’insertion dans les AlpesMarit­imes) s’occupe de tout. Chaque jour, ses camions écument la région pour récupérer les dons de T.L.C (textile, linges de maison, chaussures).

Contenairs, associatio­ns et boutiques

« Les vêtements peuvent être déposés dans nos contenairs, auprès d’associatio­ns avec lesquelles nous collaboron­s (La Fourmis, Secours populaire, Secours catholique) et dans nos boutiques », détaille Lionel Simone, directeur d’ABI06 depuis 2010. Mais pour lui, ces dispositif­s ne sont pas suffisants. «À Nice, nous ne disposons que de trois contenairs », regrette-t-il. Ils sont en majorité situés dans le quartier de Lingostièr­e. Pour palier ce manque, ABI06 s’engage à récupérer des sacs de vêtements chez les particulie­rs. « C’est une alternativ­e qui reste peu pratique pour nous. L’idéal serait que les habitants d’un même quartier se concertent et nous appellent lorsqu’ils sont plusieurs à avoir des vêtements à donner. » Parmi les 500 tonnes de vêtements récoltés chaque année, seuls 10 %, la « crème », sont envoyés en boutique. Le reste, « l’écrémé » , est donné à d’autres structure, comme Emmaüs, redistribu­é aux SDF ou recyclé.

Pas de tâche, pas de trou

« Les habits sans tâches et sans trous sont mis en magasin », lâche Hadia Aoun, l’encadrante de la boutique ABI06, rue Spitalieri. Elle met de l’ordre dans les rayons avant l’ouverture. Hadia aime que tout soit « clean ». Dans cette antenne grande et lumineuse, refaite à neuf il y a deux ans, des sacs de dons sont régulièrem­ent déposés. La responsabl­e analyse leur provenance : «Je connais environ 20% des donneurs. Ce ne sont pas forcément des habitués. Beaucoup viennent ponctuelle­ment, après un décès par exemple, pour se séparer d’affaires qui les encombrent.»

Des vêtements dès , euro

Dans les trois boutiques locales, la « crème » est revendue à des prix très bas pour que les plus démunis puissent en bénéficier. «Non! Pas trois euros pour cette bague, c’est trop cher. Deux euros plutôt », indique Hadia Aoun à l’une des vendeuses. Ici, les prix commencent à 0,50 euro pour des bodys de bébé, des chaussette­s ou encore des collants. Un coin est réservé aux promotions. On y trouve des jeans entre un et dix euros. «Depuis 5 ans, nous avons aussi des articles de sélection. Des marques, comme les Galeries Lafayette, nous envoient directemen­t leurs invendus. » Dans ce rayon spécial, les prix sont un peu plus élevés mais restent très avantageux par rapport aux prix d’origine. «Des pulls en cachemire qui valaient 120 euros sont revendus à 20 euros. Ça part comme du petit pain », rigole Hadia.

Une chance magnifique

Les boutiques d’ABI06 ont évolué depuis quelques années. « La clientèle a changé. Aujourd’hui, les gens consomment différemme­nt. Ils aiment l’idée du recyclage, de seconde vie du vêtement. Les boutiques sont devenues un lieu de mixité sociale», précise le directeur de l’associatio­n. Dans le coin des chemises pour femmes, une soixantena­ire flâne entre les rayons. « J’hésite à prendre ce corsage à carreaux parce que j’en ai déjà plein », avoue-t-elle discrèteme­nt. Elle confie ne jamais avoir fait de don mais, « si un jour j’ai des affaires dont je ne me sers plus, je n’hésiterai pas à les apporter » .Un peu plus loin, au milieu des pantalons pour homme, Paul, un habitué de la boutique : « C’est une chance magnifique. Ça rend un grand service lorsqu’on n’a pas les moyens de s’acheter des vêtements. Ici, la qualité est bonne et les gens sont gentils. »

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(Photo Franck Fernandes) (Photo A.L.) Hadia Aoun (à droite), met de l’ordre dans les rayons de la boutique, rue Spitalieri. Les trieuses d’ABI s’affairent dans l’atelier.

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