Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ariane Ascaride, femme de valeurs et de combats!

Rencontre Elle est à l’affiche du Théâtre Liberté de Toulon jusqu’au vendredi 25 mars dans la pièce Le dernier jour du jeûne. Parcours d’une artiste qui ne connaît pas la langue de bois

- FRANÇOIS BAILLE

Quand elle ouvre la porte de sa chambre d’hôtel à Toulon, on est accueilli avec un large sourire. Ariane Ascaride est venue sur les bords de la rade pour présenter dans le cadre du Théma sur les femmes au Théâtre Liberté, un film qui lui tient très à coeur, Brodeuses, et une pièce écrite et mise en scène par Simon Abkarian, Le dernier jour du jeûne . Rencontre avec une actrice engagée, droite dans son vinyle rouge qui parle sans retenue avec ses mots à elle et qui lui vont si bien…

Vous êtes au Liberté pour les mois de la femme. C’est un plaisir, une fierté? C’est avant tout un plaisir! De la fierté, non. J’aime beaucoup venir dans ce théâtre où j’ai fait une création l’année dernière. En revanche, je vais faire un peu de provocatio­n. Une Théma sur les femmes ne devrait plus exister mais hélas, on est toujours obligé de la faire. Cela permet de montrer des films, des créations artistique­s produites et réalisées par des femmes et surtout celles de l’étranger.

Le film Brodeuses et la pièce Le dernier jour du jeûne sont-ils plutôt des portraits sensibles ou engagés? Les deux mon capitaine! Ce qui m’intéresse dans les choses que l’on me propose, c’est avant tout le côté humain. Je ne choisis pas mes rôles à partir des personnage­s mais à partir des scénarios, des pièces. Je suis très sensible à l’humanité qui se dégage des choses que l’on me propose. Je m’engage, je raconte le monde qui n’est pas toujours celui du glamour.

Quels sont les rôles qui vous ont le plus fasciné? Comment voulez-vous que je vous réponde, c’est comme si vous me demandiez quel est celui de mes enfants que je préfère! Mais, j’ai eu des coups de coeur comme Brodeuses qui est un personnage que j’ai adoré parce que très antipathiq­ue et sombre au départ et qui va évoluer grâce à ces deux orphelines qui vont s’épauler. Et puis, un film de Robert Guédiguian, La ville est tranquille qui a été un très beau rôle et Marie-Jo et ses deux amours.

Et Marius et Jeannette en  qui vous a valu un César de la meilleure actrice? C’est le film qui me fonde en tant que reconnaiss­ance au public. Je passerai toute ma vie avec des gens qui m’appellent Jeannette! Je garde néanmoins des

« Je raconte le monde qui n’est pas toujours celui du glamour! »

souvenirs magnifique­s du tournage car fait avec des bouts de ficelles, dans une cour, peu d’espace, rien de naturel et beaucoup de travail.

Comment peut-on être à la fois l’épouse et l’actrice du réalisateu­r Robert Guédiguian? J’ai d’abord été actrice avant lui. C’est grâce à moi qu’il fait du cinéma, ce n’est pas le contraire! Je lui ai fait rencontrer un réalisateu­r, René Féret, avec qui j’avais fait mon premier film (La communion solennelle) en compétitio­n au Festival de Cannes et qui a produit son premier long-métrage. Ça, c’est passé dans ce sens-là et pas dans l’autre! J’aurai jamais pensé que Robert ferait du cinéma. On a grandi ensemble, on finira de mourir ensemble. On se connaît depuis si longtemps… On est comme une associatio­n de malfaiteur­s, chacun sa tâche. Je suis actrice, il est réalisateu­r, on ne mélange pas tout!

Etes -vous une actrice engagée? Oui, toujours pour « Le mouvement de la paix » et surtout plus que jamais en ce moment dans le monde que nous vivons. Je suis marraine du Secours Populaire, je soutiens beaucoup d’associatio­ns comme Rire Médecin qui donne du bonheur dans les hôpitaux.

D’abord Paris, aujourd’hui Bruxelles, quel est votre ressenti par rapport à ses attentats si meurtriers? Tout ce que je sais, c’est que je connais l’ambiance qu’il y a actuelleme­nt à Bruxelles comme je l’ai vécue à Paris. Hélas, ça va rester, mais [ces terroriste­s] sont des connards et des fascistes et moi j’ai toujours combattu le fascisme. Simplement, c’est nous qui avons créé nos monstres, donc cela va prendre beaucoup de temps pour arrêter le mal. Les adolescent­s vont vivre avec le terrorisme et on peut se poser la question sur le monde que nous leur transmetto­ns. Il faut que tout le monde balaye devant sa porte. Au bout d’un moment quand vous n’avez pas d’identité sociale, il faut bien faire du bruit pour être entendu. Les attentats vont continuer… Il faudrait juste que les gens aujourd’hui ne fonctionne­nt pas sur une attitude individual­iste. Qu’ils se préoccupen­t des uns et des autres, en étant attentifs et à l’écoute!

 ??  ?? Ariane Ascaride garde un regard parfois critique sur le monde surtout durant cette période.
(Photo F. Baille)
Ariane Ascaride garde un regard parfois critique sur le monde surtout durant cette période. (Photo F. Baille)

Newspapers in French

Newspapers from France