Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Un débat complexe, loin des caricatures
Pourquoi le ministre de la Ville débarquet-il chez nous ? Tout simplement parce que le terrain est « favorable ». Trente-six communes azuréennes sont, en effet, en retard sur l’application de la loi SRU. Elles s’étaient vues assigner des objectifs pour la période 2011-2013. Seules neuf d’entre elles les ont atteints. Sur les 27 « vilains petits canards » restants, le préfet a prononcé la carence contre 22. La carence, c’est la possibilité pour le préfet, notamment, de préempter, saisir en quelque sorte des terrains en lieu et place de la ville, afin de réaliser des logements sociaux. Mais le débat sur le logement, trop souvent caricatural, est aussi complexe que l’enjeu est majeur. Notamment pour permettre aux jeunes actifs de se loger et travailler dans la région. Les difficultés sont multiples pour répondre à cette loi SRU qui impose désormais 25 % de logements sociaux. Nombre d’élus regrettent en effet, à l’image du maire de Tourrettes-sur-Loup, qu’elle s’applique de la même façon dans la Creuse que dans les Alpes-Maritimes. Au Cannet, ville carencée, le taux d’urbanisation est ainsi de 95%. Difficile de trouver des terrains disponibles dans ces circonstances.
« Il faut des maires bâtisseurs »
L’autre facteur qui retarde la construction est largement partagé à l’échelle nationale : les logements sociaux, tout le monde est pour, mais personne n’en veut près de chez lui. Les recours de riverains se multiplient donc. Certains programmes mettent parfois dix ans à sortir de terre pour cette raison. Les contraintes liées à la topographie du département sont également nombreuses. Risque incendie, risque éboulements, risque inondations ... Par ailleurs, pour bâtir il faut des ressources. Or le désengagement de l’État avec la baisse de la Dotation globale de fonctionnement (DGF), entre autres, tend les finances communales. Philippe Castanet, sous-préfet de Grasse, arpente l’ouest du département. Il admet que le débat est complexe. « On regrette de ne pas disposer de quelques milliers de logements en plus. Mais c’est compliqué. Il faut, pour améliorer la situation, des maires bâtisseurs. Prenez Grasse par exemple. Je n’y ai pas posé beaucoup de première pierre. Et pourtant alors que rien ne s’était passé pendant plusieurs années, je vois bien qu’il y a une vraie volonté. À Mouans-Sartoux, il n’y a que 4% de logements sociaux et pourtant j’en ai inauguré beaucoup ces derniers temps. » Le sous-préfet explique ne pas tenir compte des discours, mais de la réalité des faits. « Ce que je vois est encourageant malgré les contraintes. Je ne connais pas vraiment de maires dits récalcitrants. » Manque de terrain, opposition des riverains, manque d’argent, contraintes de terrain : il faut beaucoup de ténacité pour « sorti r» du logement social. Mais l’objectif de 25 % reste une douce utopie dans bien des endroits.