Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Allianz en première ligne
RUGBY AU STADE NIÇOIS Nouveau président, nouveau trésorier et des axes de travail qui rappellent le managérat d’entreprise. Le partenaire principal est entré en action cette semaine aux Arboras
Le discours est déroutant. Quand Jean-Marc Pailhol, directeur général d’Allianz France, principal partenaire du Stade Niçois, évoque l’avenir à court terme du club niché aux Arboras, on craint le décalage, le grand écart entre la vision d’un homme issu de l’entreprise et la réalité d’un club de fédérale 2. On redoute - à nouveau - un futur dessiné sur de grandes idées. Mais quand l’homme, dans sa fonction, met la main à la poche et un expert sur le terrain, on ose imaginer alors que la troisième résurrection du rugby niçois est peut-être la bonne. Elle s’appuiera notamment sur un président choisi par le comité directeur la semaine dernière, Patrice Prévot – « un président de
(1) plein exercice qui a toute la confiance du partenaire et de la mairie. La manière dont il a accepté ce poste et dont il l’assume est tout à fait en phase avec ce que l’on souhaite. C’est quelqu’un qui est humble. Etre président ne veut pas dire ne pas être humble, ça veut dire mettre son ambition personnelle au service de l’ambition collective de l’équipe et du club. Patrice présente toutes les caractéristiques et les talents qui permettent de mettre ça en place » – et un nouveau trésorier, Richard Bonfils, ancien directeur comptable d’Allianz, aujourd’hui à la retraite. Et Jean-Marc Pailhol de renouveler les voeux tenus en mairie il y a 14 mois. « L’objectif n’a pas changé, c’est l’accession à la Pro D2. Il nous reste quatre ans devant nous avec deux montées à faire. » Dans la corbeille de la mariée, Allianz et le Comité directeur du club ont validé la création d’une SASP « avec comme objectif de faire rentrer des partenaires pour améliorer le budget global du club et faire en Raphaël Poulain, Gilbert Doucet, Jean-Marc Pailhol et Ludovic Chambriard pour faire passer un nouveau cap au Stade Niçois. (Photo P. P.)
sorte qu’on ait les moyens dès cette année de faire le recrutement pour l’année prochaine ».
L’éclairage de l’expert
Le partenaire a également souhaité réaliser un état des lieux sportif, dont Raphaël Poulain aura la charge. De l’aile du Stade Français au coeur du projet niçois, l’ancien pro apportera son expertise humaine, celle qui lui a fait défaut un jour, celle qu’il a découverte sur les chemins de la gloire et de
l’errance. Il s’attellera à remplir les objectifs fixés par Allianz (voir ci-contre). « Il y a un vrai projet. Il faut savoir si les joueurs se sentent bien dans ce projet. L’idée est de co-responsabiliser chacun des acteurs. Je ne suis pas là pour piquer le boulot des entraîneurs. Je n’ai pas les compétences techniques. J’apporte un éclairage par rapport à ce qu’ils ont entre les mains. J’ai vu un match hier (dimanche) où il y a le potentiel pour monter. Maintenant il faut que chacun
se sente bien dans ce qu’il est. Chaque joueur a besoin d’une bonne reconnaissance. Savoir où il met les pieds, ce qu’on lui a promis. On va leur dire : “On est prêt à se bouger pour vous, est-ce que vous êtes prêt à vous bouger pour le club ?” L’idée est de fédérer autour d’un projet sportif et de faire un état des lieux. Un feed back aux entraîneurs pour savoir ce qu’ils ont véritablement entre les mains» explique Raphaël Poulain.
Impliquer tous les acteurs dans le projet
Un projet ambitieux tant sur le plan sportif, humain que financier qui n’est pas, selon les maîtres d’oeuvre, en inadéquation avec le niveau actuel de l’équipe une. A savoir une fédérale 2 et des joueurs amateurs. « Le talent n’est pas un CV. Dans les clubs de Top 14 il y a énormément de joueurs qui n’ont jamais été identifiés, qui ne sont jamais passés par les centres de formation, qui ont joué en fédérale et qui arrivent à un très très bon niveau. À l’instar de Lopez ou Thales. Bègles-Bordeaux et La Rochelle ont l’habitude de recruter ces joueurs-là » précise Jean-Marc « Nous allons axer le recrutement sur les licences blanches pour permettre au club d’avoir une assise solide au sein de l’équipe avec des joueurs issus du club. On va construire autour de ces licences blanches. Ça veut dire qu’on va être amené à regarder tous les joueurs potentiellement licence blanche qui jouent en France avec pour objectif de les faire revenir au club l’année prochaine. Il y en a beaucoup. Nice est un club formateur qui a formé beaucoup de joueurs dont certains à un très bon niveau. Une fois qu’on les aura identifiés, il faudra savoir quels sont leurs objectifs, leurs attentes, quel est leur coût. La priorité n’est pas d’aller chercher des joueurs représentatifs et coûteux parce qu’ils sont compétents et de se retrouver après avec l’obligation de faire jouer des licences blanches qui ne correspondent pas au poste sur lequel on en a besoin. On inverse la problématique : trouver une ossature en licences blanches pour ensuite construire l’équipe autour ».
Pailhol. « L’idée est d’impliquer les jeunes dans le projet plutôt que de les voir partir dans des centres de formation, où pour la plupart, ils seront de la chair à canon. Beaucoup ne joueront pas et retourneront chez papa maman à 22/23 ans. On ne promet pas monts et merveilles mais on veut donner la possibilité aux jeunes de se sentir bien dans leur club. Il y a cet amour du maillot, il y a une vraie identité à Nice. Il y a la possibilité de jouer à haut niveau. Ça prend du temps. Et le temps on l’a » conclut Poulain qui aura également noté dimanche qu’il y avait des anciens dans les tribunes « et ils font partie du club »... (1) Il était jusqu’à présent secrétaire général. Il a également été responsable de l’école de rugby de Nice.