Au procès Dicranian, stups bagarres et discrétion
Téléphones cryptés, va-et-vient autour de box, bagarres à l’origine douteuse... Le tribunal correctionnel de tente d’éclaircir le rôle des protagonistes de l’affaire Dicranian.
son tour d’être entendu par le tribunal. Depuis trois jours, son nom rythme chaque audition, dans l’affaire qui porte son patronyme. Christophe Dicranian est le dernier prévenu interrogé sur l’énorme trafic de stupéfiants démantelé par la PJ de Nice en septembre 2016 (1). Il est attendu à la barre ce jeudi matin. Ce Niçois de 41 ans a toujours nié sa participation à ce trafic. Pour les enquêteurs, il est pourtant bien le chef d’un réseau piloté depuis Nice-Nord. Une « organisation », comme l’a qualifié un prévenu, dont le tribunal correctionnel de Nice veut saisir les rouages, lors d’une audience spéciale prévue sur deux semaines. Filatures, écoutes téléphoniques, auditions en garde à vue... La présidente Marion (Photo police judiciaire) loyauté ? »
Le tribunal est intrigué par les relations de Foued C. avec des figures du grand banditisme, et par le résultat des perquisitions chez ce bénéficiaire du RSA. Ces 45 000 euros répartis dans des enveloppes kraft ? Destinés par pure
à des parties de poker, selon lui. Ce gilet pare-balles ? « J’ai été menacé », justifie-t-il, en évoquant un ancien règlement de comptes à Nice-Est.
« Le mec, j’arrive pas à le taper »
Jour après jour, le tribunal explore les conversations captées sur des PGP, ces téléphones cryptés omniprésents dans le dossier. Où l’on entend Foued C. dire à Christophe Dicranian : «Lemec,il fait que pleurer. Je veux pas le défoncer. J’arrive pas à le taper, c’est pas possible. » Un homme de main en mission musclée ? « En aucun cas, je ne devais taper quelqu’un pour M. Dicranian », martèle Foued C. De bagarres, il en est souvent question. Comme cette rixe avec gaz lacrymogène, quartier Pasteur à Nice-Est, le 12 mai 2016. Elle oppose deux groupes, dont un semble mené par Christophe Dicranian. « Pour une place de parking », assure Yassine G., alors que planent des soupçons de guerre de territoire. Autre montée de tension, sur une plage de Juan-lesPins, le 6 août 2016. Pour Kamel T., il s’agissait d’une négociation houleuse après des dégradations sur une plage privée.
Pour le reste, c’est la discrétion qui prévaut, à l’image de ces PGP avec lesquels on parle à mots couverts, avec des surnoms. Pour la défense, l’enjeu sera de battre en brèche l’idée d’une entente structurée, centralisée, coordonnée. C’est le défi de Christophe Dicranian aujourd’hui.
CHRISTOPHE CIRONE
ccirone@nicematin.fr 1. Lire nos éditions de lundi et mardi.