Nice-Matin (Menton)

Collision de Millas : 5 ans de prison requis

Cinq ans de prison dont quatre avec sursis ont été requis contre la conductric­e du car scolaire entré en collision avec un TER sur un passage à niveau en 2017, causant la mort de six enfants.

-

Face à la « perpétuité » infligée aux enfants victimes de la collision mortelle entre leur car scolaire et un TER à Millas (Pyrénées-Orientales) en 2017, cinq ans d’emprisonne­ment, dont quatre avec sursis probatoire, ont été requis hier à Marseille contre la conductric­e du car.

La défense de Nadine Oliveira, 53 ans, poursuivie pour homicides et blessures involontai­res, a plaidé la relaxe. Invoquant une « faute simple », résultat de l’inattentio­n et l’imprudence de la conductric­e, le procureur Michel Sastre a écarté toute « fatalité » dans cette « tragédie » jugée par le tribunal judiciaire de Marseille, seule ville avec Paris à accueillir un pôle spécialisé dans les accidents collectifs.

« Des familles anéanties »

Des « vies d’enfants ont été ôtées, (...) des familles anéanties », a insisté le représenta­nt du ministère public dans un réquisitoi­re mesuré, en rappelant que la « perpétuité » avait déjà été infligée aux victimes. Cette collision, le 14 décembre 2017, au passage à niveau de Millas, avait provoqué la mort de six enfants et en avait blessé 17, dont huit grièvement.

Depuis trois semaines, les témoignage­s des adolescent­s rescapés et de leurs familles n’avaient eu de cesse d’évoquer des « vies brisées », qui ont basculé en un instant dans l’horreur.

« J’avais 13 ans et je suis devenue adulte en deux minutes. En deux minutes, j’ai perdu mon enfance, mon adolescenc­e, mes amis », avait témoigné au début du procès une adolescent­e de 17 ans amputée d’une jambe après l’accident. Beaucoup, à l’instar d’Elona, 18 ans, ont aussi fait part de leur « énorme sentiment d’impuissanc­e et de culpabilit­é » d’être encore vivants.

Une culpabilit­é dont l’expression « n’est pas nécessaire­ment venue de là où on l’attendait », a regretté le procureur hier : Nadine Oliveira « n’a pas exprimé (ce sentiment) de manière explicite, visible », « ni même de doutes ».

« Le résultat de la routine »

Hospitalis­ée à plusieurs reprises après l’accident, en psychiatri­e, la prévenue avait ensuite été placée sous contrôle judiciaire, sans aller en détention. À nouveau hospitalis­ée en psychiatri­e, après s’être effondrée à la barre le 22 septembre, au quatrième jour de son procès, elle n’est plus réapparue depuis.

Elle était donc encore absente lors du réquisitoi­re du ministère public qui a assorti sa propositio­n de sursis d’une obligation de soins et d’indemnisat­ion des victimes. Le procureur a aussi demandé l’annulation de ses permis de conduire (de tourisme et de transport de passagers) ainsi que son interdicti­on de repasser ces derniers pendant cinq ans.

Constatant le « manque d’empathie » de Nadine Oliveira, le procureur a concédé combien cela a pu être dur à vivre pour les victimes : mais « je n’ai pas vu dans l’attitude de Mme Oliveira un déni absolu de ce qui a été commis ». Le jugement a été mis en délibéré au 18 novembre.

« Pour moi, le 49.3, c’est une preuve de faiblesse »

« J’ai été président de la république cinq ans, je n’ai jamais utilisé le 49.3 » de la Constituti­on, qui permet l’adoption d’un texte sans vote sauf motion de censure. « Pourquoi ? Parce que pour moi, le 49.3 c’est une preuve de faiblesse », a affirmé l’ancien chef de l’État (2007-2012) lors d’un colloque à l’Institut de France. « Je l’ai refusé pas au nom de considérat­ions institutio­nnelles, mais politiques » car « la démocratie sans politique, c’est la démocratie des technos », a-t-il relevé. Une allusion directe à la future réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui envisage d’utiliser cet article. « La possibilit­é constituti­onnelle est là, a-t-il ajouté. Mais le chef de l’État peut aussi se dire qu’il n’y a pas que lui qui est dans une situation compliquée ».

 ?? ?? Nadine Oliveira, qui n’avait jamais connu ce passage à niveau fermé après l’avoir emprunté presque 400 fois avec son car depuis septembre 2017, a toujours soutenu que les barrières étaient ouvertes le jour du drame.
Nadine Oliveira, qui n’avait jamais connu ce passage à niveau fermé après l’avoir emprunté presque 400 fois avec son car depuis septembre 2017, a toujours soutenu que les barrières étaient ouvertes le jour du drame.

Newspapers in French

Newspapers from France