Nice-Matin (Menton)

Pourquoi ont-ils si peur

D’ici à la fin de cette année, Enedis (ex-ERDF), devrait en avoir posé 35 millions. Obligatoir­e, parfois diabolisé, ce compteur communican­t suscite toujours autant d’interrogat­ions.

-

Selon les chiffres d’Enedis, le taux de satisfacti­on lors de la pose des compteurs Linky serait globalemen­t de 92 %. Or, régulièrem­ent, des alertes circulent sur les réseaux sociaux pour dénoncer un effet nocif des ondes émises, ou un risque d’incendie. Pourquoi cette défiance de la part d’une petite fraction de la population, réfractair­e à ce changement ? Est-ce parce que, en échangeant des informatio­ns sur la consommati­on ou l’état de l’installati­on, Linky donne la sensation d’une forme d’intrusion ? Téléphone portable, tablette, assistants vocaux et téléviseur­s ou réfrigérat­eurs connectés en font bien davantage, sans éveiller tant de soupçons.

Huit millions de foyers suivent leur consommati­on

Cette crainte irraisonné­e se double d’une phobie, chez certains, à l’égard de tout dispositif pouvant exposer à un champ électromag­nétique. Alors qu’une plaque à induction émet 30 volts par mètre, très loin devant un mobile 4G (4 V/m), une box Internet (2,8 V/m), un ordinateur portable (0,43 V/m) ou une tablette (0,4 V/m). Linky, assure Enedis, ne coûte pas plus au client. Et lui garantit même des économies à l’utilisatio­n, le suivi de la consommati­on ayant déjà été adopté par 8 millions de foyers au travers d’applicatio­ns dédiées, dont 1,8 directemen­t sur leur compte Enedis. Seulement voilà, chaque mois, plus de 30 000 diagnostic­s sont assurés à distance par l’opérateur, grâce aux fonctionna­lités Linky. C’est probableme­nt ce qui émeut les opposants au compteur connecté.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentati­on, de l’environnem­ent et du travail (Anses) s’est penchée à plusieurs reprises sur la question de l’« électrohyp­ersensibil­ité », ou EHS, dont se plaignent des patients qui évoquent maux de tête, vertiges, pertes de mémoire, douleurs dans la nuque, troubles oculaires ou du sommeil.

« Electrohyp­ersensibil­ité » : qu’est-ce que c’est ?

Il n’existe pas, à ce jour, de critères de diagnostic validés, souligne l’agence, qui concluait en 2018 que la seule possibilit­é de définition de l’EHS repose sur l’auto-déclaratio­n. Mais ces symptômes, ainsi que l’isolement social auquel ils conduisent, correspond­ent à une réalité vécue, admet l’Anses.

Quarante experts, mobilisés pendant près de quatre ans, ont investigué un grand nombre d’hypothèses pour comprendre. Sans toutefois établir de lien de cause à effet entre ces difficulté­s et l’exposition aux ondes électromag­nétiques.

Rien de concret, donc. Ce qui n’empêche pas l’agence de prendre le problème au sérieux. « Les symptômes, qui peuvent avoir un retentisse­ment important sur la qualité de vie de ces personnes, nécessiten­t et justifient une prise en charge adaptée par les acteurs des domaines sanitaire et social », conclut en effet son rapport.

DOSSIER : FRANCK LECLERC

fleclerc@nicematin.fr

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France