Pas à rougir devant les Américains »
Peut-on encore parler d’exploration ou d’exploitation spatiale ? L’esprit est-il toujours celui des pionniers de l‘espace ?
Si vous faites référence au space mining, à savoir le fait d’aller chercher des minerais dans l’espace et les ramener sur la Terre, sa rentabilité économique n’est pas évidente. En revanche, ces ressources pourraient trouver un débouché dans le ravitaillement des missions d’exploration du système solaire. Aujourd’hui, le spatial se divise donc entre le business des satellites d’application (observation, positionnement GPS, télécommunication) et l’exploration avec l’envoi de sondes, de télescopes… Quant aux vols habités, s’ils restent pour l’heure une activité institutionnelle, l’arrivée d’acteurs privés tels que Axiom Space ou Virgin Galactic, va changer la donne.
Comment se situe l’Europe dans cette exploration de l’espace ? L’Europe, et notamment la France, dont les industriels Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space sont des maîtres d’oeuvre de tout premier ordre dans la fabrication de satellites, n’ont pas à rougir face aux États-Unis. Malgré un budget consacré à l’espace bien inférieur, l’Europe et la France ont réalisé de grandes premières. La mission Rosetta qui en a permis de poser une sonde sur le noyau de la comète Tchouri était entièrement européenne. L’atterrissage en de la sonde Huygens à la surface de Titan, l’un des satellites de Saturne, était également une réussite européenne de top niveau. Plus récemment, c’est une caméra % française qui équipe le rover Perseverance qui explore actuellement la planète Mars.
Un mot sur Youri Gagarine, dont on célébrera demain le anniversaire du premier vol habité dans l’espace.
La date du avril est forte pour tous les cosmonautes et astronautes. Elle est emblématique. Il y a un avant et un après avril . Comme il y a eu un avant et un après Galilée. Avant cette date, tous les humains étaient sur Terre. Après, ils ont démontré leurs facultés à gagner l’espace et à y travailler. Et puis les premiers mots de Youri Gagarine, un homme simple à la tête bien faite, depuis le vaisseau Vostok – « Je me sens bien. C’est magnifique ! » (Jean-François Clervoy les prononce en russe) – ont donné l’espoir et l’envie d’y aller. À ce titre, il y a un peu de
Youri Gagarine dans chacun d’entre nous.
PROPOS RECUEILLIS PAR P.-L. P.