Mollema, comme à la maison
Le grimpeur néerlandais et résident monégasque a surpris les puncheurs, hier à Gourdon, dans une ascension qu’il connaît par coeur. Parti à 300-350 mètres de la ligne, personne ne l’a revu
Van Avermaet (AG2R-Citroën), Storer (DSM), Cort Nielsen, El Fares (Education First), Hivert (B & B) : les prétendants à la victoire ne manquaient pas, hier, sur les hauteurs de Gourdon. C’est finalement Bauke Mollema qui a levé les bras avant que le village azuréen ne soit plongé dans le brouillard. Le Néerlandais de 34 ans n’est pas le perdreau de l’année, c’est un grimpeur redouté et redoutable (3e de la Vuelta en 2011, 6e du Tour de France 2013). Son succès n’est pas une surprise, mais il est sorti du bois plus vite que prévu. On l’attendait davantage à Fayence aujourd’hui ou à Blausasc dimanche. Là où le terrain de jeu se voudra davantage taillé pour les grimpeurs de son rang.
En métronome
Mais le coureur de Trek a des fourmis dans les pattes. Sa saison 2020 a pris fin prématurément, avec un abandon sur la Grande Boucle, et il démarre 2021 avec appétit. Hier, sa faim de loup a éteint les puncheurs, à commencer par Van Avermaet, favori à Biot mais 2e à Gourdon. Le résident monégasque s’est imposé sur un bitume qui ne lui était pas étranger. « Je connaissais très bien l’arrivée parce que je vis à cinquante-soixante kilomètres de là, lançait-il. Je l’avais reconnue. »
Hier, il a pédalé en métronome, avec sa riche expérience et sa science de la course. « J’ai fait un sprint long parce que je savais que Van Avermaet et Madouas (FDJ, 3e, Ndlr) sont plus explosifs que moi. J’ai donc fait confiance à ma puissance pour creuser l’écart. Dans les 100 derniers mètres, je perdais de la vitesse, mais j’ai pu tenir et contenir leur retour. » Le natif de Groningue a été emmené dans un fauteuil par ses équipiers (Brambilla, Ciccone et Elissonde). (Photos Patrice Lapoirie, E. O., G. B.) « Dans la dernière montée, on a tous fait notre boulot et quand ça paye, c’est génial, a souligné le Français. Ona emmené le sprint à partir du dernier kilomètre et il a fini le boulot. »
Mollema n’a pas seulement écoeuré la concurrence, il a aussi tenu à distance Giulio Ciccone, son coéquipier et l’autre homme fort des Trek.
La semaine passée, l’Italien a pris la 2e place d’une étape dessinée pour les puncheurs sur le Tour de la Provence. « Il n’y avait pas de leader désigné aujourd’hui (hier),a dévoilé le Néerlandais. Nous avions de bonnes jambes et nous avons essayé de gagner tous les deux. » Il espère désormais garder sa tunique. « L’arrivée à Fayence demain (lire aujourd’hui) est similaire à celle d’aujourd’hui (hier) mais plus raide. Nous avons les moyens de défendre le maillot. »
Thomas et Ineos en demi-teinte
Si Trek est rentré à l’hôtel avec la timbale, Ineos a connu une journée plus contrastée. L’armada britannique a contrôlé l’échappée matinale, mais n’a pas bagarré pour la victoire. Geraint Thomas et Tao Geoghegan Hart ne sont que 22e et 38e et le prodige Thomas Pidcock, fatigué par sa saison en cross-country, 86e à 5’47’’ de Mollema.
« Le final n’était pas assez dur pour de purs grimpeurs, a justifié le directeur sportif Ole Gabriel Rasch. Geraint a roulé sur la fin pour rattraper les échappés et on va prendre notre temps avec Thomas. La victoire sera pour la prochaine fois. Demain (aujourd’hui), la course devrait être un peu plus ouverte, Trek sera obligé de prendre plus de responsabilités. Si nous avons l’opportunité d’accélérer, on le fera. »
Comme l’a fait Nairo Quintana (Arkea) à 500-600 mètres de la ligne. Le Colombien est le tenant du titre, mais opéré des deux genoux en octobre, il cherche encore ses sensations.
CHRISTOPHER ROUX
Général
J’ai fait un sprint long parce que je savais que Van Avermaet et Madouas sont plus explosifs”
(Photos Patrice Lapoirie)
Thibaut Pinot j’ai pu faire. Je n’ai pas envie de faire n’importe quoi. C’est nécessaire de prendre son mal en patience pour arriver en forme en mai. »
Pinot va-t-il patiemment attendre le printemps ou se mêler à la bagarre aujourd’hui dans le mur de Fayence ? On pencherait pour la deuxième option... ROMAIN LARONCHE
(AVEC P.-M. A.)
S’il y avait un coureur qui attendait particulièrement cette reprise, c’est bien Clément Champoussin. Pour la première fois de sa jeune carrière, le Niçois de ans accrochait un dossard sur ses terres. «Il est surmotivé, corrobore Nicolas Guille, son directeur sportif chez AGR-Citroën. Il est à domicile, sur ses routes d’entraînement. Il a envie de bien faire. »
Le jeune grimpeur a confirmé sur la route ses bonnes intentions. Quarante-deuxième de l’étape à secondes de Mollema, il a simplement coincé dans l’ultime mur.
« Ça a roulé vite. Les trois montées de Gourdon, c’était costaud ! Il m’en a manqué un peu dans les derniers mètres, exposait le coureur en enfilant sa veste. Mais pour une reprise, je finis avec le premier groupe, c’est pas mal, et j’ai pu replacer Greg
(Van Avermaet, e de l’étape) un peu avant la bosse. »
Au-delà du sportif, le jeune homme de Cimiez a apprécié de voir « pas mal d’amis sur le parcours », même s’il a manqué son père, posté dans l’ascension de Gourdon. Après cette première étape encourageante, l’ancien vététiste peut-il viser encore plus haut aujourd’hui dans le haut Var ou demain sur les cols azuréens ? « J’espère que je serai mieux de jour en jour », répond-il juste.
« Avec lui, on va voir au jour le jour, sans lui mettre de pression, reprend Nicolas Guille. O’Connor est notre leader, mais s’il progresse et se retrouve devant, on le laissera devant... »
Je n’ai pas envie de faire n’importe quoi. C’est nécessaire de prendre son mal en patience ”
R. L.