Valérie Tomasini : « Il faut désormais aller de l’avant »
Habitante de Saint-Dalmas-de-Tende, la conseillère départementale entend rester au plus près du terrain pour permettre à la vallée de la Roya sinistrée de renaître de ses cendres
Conseillère départementale d’opposition, la Tendasque Valérie Tomasini a vécu la tempête et ses conséquences de plein fouet. En tant qu’habitante de Saint-Dalmas, soumise aux mêmes difficultés que tout autre citoyen du haut de la Roya. Avec sa casquette d’élue, elle entend faire de son maximum pour que la vallée retrouve au plus vite des perspectives.
Comment avez-vous vécu l’après tempête ?
Dès le début, nous avons été très présents avec mon collègue Francis Tujague. C’était important, les gens ont besoin de parler. Je vais à leur rencontre autant que je peux, même si pendant un mois ma route d’accès a été coupée.
Il fallait aussi voir sur le terrain les aides apportées par le Département. Inciter les gens à se rapprocher de l’assistante sociale ou du soutien psychologique, aussi. Tous n’osaient pas aller vers ces aides. Mais je suis à SaintDalmas depuis cinquante ans, ils me font confiance. J’ai également été en contact avec les élus pour les distributions alimentaires. Et présente au Prieuré, où une grosse mobilisation s’est faite au bout de trois à quatre jours. Maintenant il faut aller de l’avant, se battre pour que la reconstruction aille vite.
Quels enseignements tirez-vous de ce terrible épisode ? La catastrophe a été telle que si on ne continue pas à se montrer solidaires on n’arrivera à rien. Il est par ailleurs indispensable de rester en permanence sur le terrain, et d’être vigilants à ce que les choses avancent, à ce qu’on ne soit pas oubliés. Cela étant, au lendemain de la tempête, je n’aurais jamais imaginé que le Département arriverait à rallier Breil à Tende en deux mois. Encore aujourd’hui, les services continuent à remettre en état quand les gués en ont besoin.
Le Département a-t-il été à la hauteur des enjeux ?
Il est très à l’écoute, oui. De gros moyens ont été déployés, d’énormes investissements ont été faits. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous avons voté le budget cette année. Aides aux particuliers, aux entreprises, aux agriculteurs, aux collectivités, aux associations…, tout le monde a été accompagné dans un délai rapide. Chaque année, une enveloppe est consacrée à la dotation communale de voirie. Nous avons demandé qu’elle soit augmentée. Il y aura bien une hausse de %. Elle sera réservée aux communes sinistrées de la Roya et à Sospel. Quant au montant total des subventions votées par le Département pour les communes de la Roya – sur la période du er janvier au février – il est de
€.
La situation reste pourtant difficile…
Il y a encore un sentiment d’être coincés, de ne pas bouger comme on veut. C’est pesant pour la population. Nous avons demandé la possibilité de mettre des convois supplémentaires entre le haut et le bas de la vallée – en assurant une correspondance avec les trains. Il manque un créneau pour remonter. Le dernier est à h au départ de Fontan, ça fait court pour certains. Le recrutement de vacataires est en cours, et les postes seront réservés aux sinistrés de la Roya. Reste qu’à ce jour, tout est provisoire. Si cela tient, tant mieux. Mais sinon, ce sera démoralisant. Les habitants ont besoin d’être rassurés, de voir les choses avancer.
Quel est leur ressenti, d’après ce que vous entendez ?
Pour ceux qui le vivent, ça ne va jamais assez vite. Et il reste encore beaucoup à faire. À Vievola, notamment, il y a encore beaucoup de bois et de ferrailles dans la rivière. Cela donne encore une image de zone sinistrée.
Les autorités ont prédit une reconstruction en ou ans – c’est long. Le désenclavement de Castérino sera déjà une bonne chose.
Le préfet Pelletier, délégué à la reconstruction, est lui aussi très à l’écoute, notamment pour éviter une désertification. Il est attentif au secteur social. Si ce dernier quitte la vallée, ce sera une seconde catastrophe.
Comment voyezvous la reconstruction ?
La route sera longue à refaire. Il faudra des aménagements différents, ne pas la refaire telle qu’elle était. Un tunnel dans les gorges de Paganin enlèverait les virages dangereux. Cette solution était à l’étude il y a une trentaine d’années, on pourrait la reprendre. Deux points provisoires à Fontan et Saorge seront ouverts à la circulation à la (Photo D.M.)
fin du mois, c’est une bonne avancée. Reste une nécessité absolue que le train refonctionne.
Qu’en est-il ?
On connaît le problème sur le mur à arcatures, des inquiétudes demeurent mais cela s’estompe. Il est en train de se stabiliser. Je regrette malgré tout que la ligne n’ait pas été entretenue pendant des années, et qu’on n’ait pas profité de l’arrêt de la circulation pour réparer – en parallèle des travaux dur mur – les zones qui le nécessitent. Les financements ne suivent pas, il faut que l’État et la Région tiennent leurs promesses. Nous avons besoin de moyens de circulation fiables. La ligne de chemin de fer a déjà sauvé les gens quand il y avait des éboulements. J’en ai connu au moins trois, et sans le train on aurait été isolés.
Des garanties ontelles été obtenues ?
Quand le président Macron est venu, je ne lui ai demandé qu’une chose : que la ligne soit pérennisée. Il l’a promis. Maintenant, nous attendons les moyens. D’autant qu’avec la route d’accès au tunnel de Tende qui est tombée, le train joue un rôle important pour le lien avec l’Italie. Tant pour la population que pour le fret. Grâce à lui, la vie pourrait repartir. Sans quoi ceux qui ont la bonne volonté de redémarrer leur entreprise, de faire vivre la vallée risquent de se décourager.
Plusieurs habitants ont baissé les bras face aux épreuves…
À Tende, environ personnes sont déjà parties, j’en connais qui en ont eu envie. Je crains qu’à la fin de l’année scolaire, il y en ait encore d’autres qui quittent la vallée. Beaucoup de sinistrés sont encore en attente des expertises, c’est trop long. Il faut attendre la mi-mars pour savoir si les maisons moyennement détruites pourront être consolidées. Il faudrait accélérer cette procédure pour le moral des habitants.
Quelles perspectives de développement voyez-vous ?
La priorité, c’est que les commerces puissent rouvrir. À Tende, les ambulants italiens viennent au marché le mercredi, aux côtés d’agriculteurs locaux. Mais si on est en panne de frais, cela reste compliqué. Pour ce qui est de l’avenir, des agriculteurs envisagent de s’installer.
Les structures communales (tennis, stade de foot, piscine) devront être reconstruites, avec des aides du Département.
Des volontés, il y en a. Beaucoup de jeunes sont très attachés à la vallée et ne veulent pas partir. Ils sont source de projets nouveaux. De notre côté, nous défendons depuis un bon moment la création d’un syndicat mixte, cela représenterait une aide non négligeable pour les communes. À elles de soumettre des projets au Département. À l’origine, cela avait été envisagé pour la piscine de Breil, puis pour la station de Castérino. Mais rien n’empêche les autres communes de se raccrocher.
Nous avons voté le budget cette année ”
Votre page Facebook a fait un bond depuis Alex…
Jusqu’à maintenant, je communiquais surtout sur nos interventions en assemblée départementale. Mais beaucoup de questions m’étaient posées après la tempête. Sur les convois, sur les transports scolaires. Alors j’ai changé ma communication pour y répondre. Les gens ont besoin de savoir, d’avoir des informations. Je ne manquerai pas de transmettre toutes celles que j’ai. Le rôle d’un élu, c’est d’être au service des citoyens. Et d’essayer de résoudre les problèmes – dans la mesure du possible.
PROPOS RECUEILLIS PAR
ALICE ROUSSELOT
Besoin de moyens de circulation fiables ”
(Photo Cyril Dodergny)
Le drone est aussi redoutable. L’efficacité du traitement est en effet renforcée grâce à la précision du largage du produit à l’aide d’un laser de visée dans le coeur du palmier. Utile dans des endroits peu accessibles.