Nice-Matin (Menton)

FOOTBALL C’est qui, Sellouki ?

Âgé de 20 ans, le gamin de Nice-Nord a marqué son premier but en pro, dix minutes après sa première apparition contre l’OM. La saison dernière, il évoluait à Cannes, en D1, la 8e division

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Malik Sellouki, c’est l’histoire d’un gamin de NiceNord, qui vit chez ses parents et se rend tous les jours à l’entraîneme­nt en tramway. Malik Sellouki, 20 ans, possède encore une licence amateur à l’OGC Nice et reçoit une indemnité avoisinant mille euros par mois en guise de revenu, en tout et pour tout. Titulaire d’un Bac STMG, obtenu avec un an d’avance - il a sauté le CE2 -, il était étudiant l’an passé en UFR Staps et rêvait de devenir professeur d’EPS. Mercredi soir, à Marseille, Malik Sellouki, entré à la 77e minute àlaplacede­RonyLopes,a marqué dix minutes plus tard, sur un service d’Amine Gouiri, son premier but en Ligue 1, d’une belle reprise du gauche. C’était, aussi, la première fois qu’il posait ses crampons chez les profession­nels.

Repéré lors d’un cinq contre cinq par Amavi

Malik Sellouki, c’est la belle histoire, comme on en voit de moins en moins, d’un gamin passé à travers les mailles du filet de la détection et qui se retrouve subitement sous les feux des projecteur­s. Sellouki a encore tout à construire, tout à faire. Il est décrit par ses proches comme « un jeune homme mesuré avec les pieds sur terre ». Mais mercredi dans la nuit, dans le bus qui ramenait les Aiglons de Marseille, malgré la déception de la défaite, le numéro 33 du Vélodrome a tout de même dû se pincer fort pour y croire. Il a passé le trajet à rédiger des tonnes de « Merci » à ceux qui lui ont permis d’en être là. Car Sellouki arrive de loin, très loin même. La saison passée, le natif de Nice évoluait dans la réserve de l’AS Cannes, en D1 départemen­tale, l’équivalent de la 8e division. Avant ça, il avait porté les maillots du Cavigal Nice et de l’AS Monaco, sans jamais passer par la case centre de formation. Le reste tient de la providence et de l’inspiratio­n des hommes.

En juin dernier, Sellouki, friand de 5 contre 5, participe à un match sur un terrain de Cagnes-sur-Mer entre potes. Christian Della Monica, conseiller du joueur, se trouve là car c’est un ami de Jordan Amavi, qui a monté une équipe et va défier Sellouki et ses amis. Della Monica voit ce gamin mettre la misère à des profession­nels, se sortir de situation de 1 contre 3 avec une facilité technique déconcerta­nte. Amavi, lui, n’en croit pas ses yeux : «Il est trop chaud, ce gamin ! ».

Pires : « Le chemin est encore long »

Sellouki n’est alors qu’un joueur amateur, qui part effectuer un tournoi amical au stade Bruno-de Zottis, de Contes, qui évolue en Division 3. Le destin est en marche, Della Monica récupère le numéro du buteur du Vél’. Il prend contact avec Sellouki, demande de le revoir jouer. Son étonnement se transforme vite en la conviction d’un gamin pas à sa place. On le prend pour un fou, un OVNI même car proposer un gamin de 20 ans qui brille au « Five » à des clubs pros, il est vrai que le challenge ressemble à la montée de l’Everest. Un homme va alors tenir un rôle prépondéra­nt : Manu Pires, le directeur de la formation au Gym, fait le choix courageux de donner sa chance à Sellouki. « C’est un gamin à la maturation tardive, avance Pires. Il y a le cursus classique, centre de formation, etc., pour devenir pro et un autre chemin, comme pour des garçons

(Photo Jean-François Ottonello)

Après une fin d’année

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Malik Sellouki, une éclaircie dans la grisaille niçoise.
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