Nice-Matin (Menton)

Un camping  étoiles au féminin dans l’Estérel

Estérel Caravaning, situé à Agay, sur la commune de Saint-Raphaël, fête ses 40 ans Jean Laroche l’a créé dans les années 70. C’est sa fille Aurore qui le gère aujourd’hui

-

Rien n’effraie Aurore Laroche. Ce petit bout de femme, au look mi-chef d’entreprise, miactrice de cinéma, bichonne depuis vingt ans le camping 5 étoiles créé par ses parents Jacqueline et Jean. On est en 1974, lorsque Jean, jusquelà avocat au barreau de Paris, cherche une idée pour regagner Agay où sa femme et sa fille ont vu le jour. Jacqueline et Aurore – la petite fille a alors 8 ans – se rêvent «agatonnien­nes» Il n’en faut pas plus pour décider Jean à se porter acquéreur d’une colline entière dans l’Estérel. Il achète douze hectares pour y créer une hôtellerie de plein air.

«Mon père voulait préserver l’espace» Artiste dans l’âme, le couple s’invente un paysage où il ferait bon prendre ses vacances en pleine nature. Il dessine les plans des bâtiments, des routes, des sanitaires et des emplacemen­ts selon un concept qui fait la spécificit­é du camping: les terrasses. «Si vous regardez bien, d’où que vous soyez dans le camping, souligne Aurore, grâce à ce concept des terrasses, vous avez la vue sur la nature préservée. » Il y a quelques années, Aurore Laroche a acheté la ZAC des Veyssières, voisine du camping, « pour être sûre qu’on n’y construira rien. Dans le Var, on a la chance de ne pas être bétonné. Restons préservés. C’était le souhait de mon père. Il voulait que les gens aient de l’espace. À l’époque on a eu l’autorisati­on pour 700 places. On en a aujourd’hui 495. Pour être hôtellerie 5 étoiles, il faut 70 emplacemen­ts à l’hectare. Nous en avons 30.» Il y a 40 ans, naissait ainsi le village central du camping, un cocon provençal recouvert de 25000 vieilles tuiles découpées une à une par Jacqueline Aurore Laroche (au centre) avec sa mère Jacqueline, et ses deux fils Jean,  ans, et Mathis,  ans. (D.R.)

et Jean. Un travail de trois mois. «Il y avait déjà le bar et le restaurant, les toilettes privées, les deux piscines rondes chauffées», se souvient Aurore. Estérel Caravaning était né. Lorsque Jean décède en 1991, Jacqueline se retrouve seule à la tête de l’entreprise. Aurore est alors étudiante en école de commerce à Paris.

« Je vends sauf si tu reprends » «Cinq ans plus tard, ma mère m’appelle et me dit: “Je vends. Sauf si tu reprends.” J’avais six mois pour décider. Ma vie était à Paris, avec mon mari, mon fils. Mais l’établissem­ent était en perte de vitesse. Quand je suis arrivée, j’ai tout de suite fait réaliser un audit. On faisait moins d’un

million d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, c’est quatre fois plus. J’ai fait un plan sur cinq ans pour rénover, moderniser. Il fallait faire rentrer de l’argent. La première année, j’ai couru tous les salons pour conquérir la clientèle. Quand je n’avais pas les moyens de m’offrir un stand, j’allais sur les parkings et je criais depuis ma voiture. C’était les balbutieme­nts d’Internet. J’avais mis le camping en .nl, en Hollande. Le .fr n’existait pas encore.» À force d’amour et d’envie, Aurore a traversé les années – les meilleures comme les pires – avec toujours ce même objectif: «Pérenniser l’entreprise pour que mes fils puissent me succéder. J’ai une responsabi­lité visà-vis des salariés, 14 emplois permanents. 14 familles vivent grâce à Estérel Caravaning. Pour ça, il faut essayer d’atteindre l’excellence, penser beau.» Tous les jours, Aurore arpente son camping à la recherche d’une idée nouvelle. Pour savoir ce qu’il manque

à Estérel Caravaning, rien de tel que de discuter avec les clients. La plupart connaissen­t les lieux depuis des années. Certains depuis le premier jour. Des amitiés sont nées au camping. Des mariages aussi. Et beaucoup d’enfants. Après les Jacuzzi, le minimarket, la boutique de vêtements, la salle de sport, la crèche (qui a servi de crèche d’entreprise), la piscine pour tout-petits, l’aire de jeux, les mobil-homes écorespond­ables, l’électricit­é solaire, Aurore a de nouveau répondu aux attentes de sa clientèle. «Les clients voulaient des toboggans. J’ai créé cette année une aire de jeux aqualudiqu­e. J’ai refait le minigolf. Les réservatio­ns sont parties sur les chapeaux de roue. Je crois pouvoir réussir le pari d’une croissance à deux chiffres. Je table sur 18 %. En janvier, j’avais déjà 500000 € d’avance. C’est déjà complet en août.» CATHERINE HÉNAFF chenaff@nicematin.fr

 : Aurore Laroche prend la gérance Près de 5 ans après le décès de son père, Aurore quitte Paris pour prendre les rênes du camping.

 : Estérel Caravaning obtient sa e étoile Il a été le premier camping du Var à obtenir sa 5e étoile en 2011.

Les chiffres clés : 164 emplacemen­ts, 331 mobilhomes. 33 personnels lissés annuels. Près de 4 M€ de CA. Investisse­ment 2016 : 1,4 M€.

Le secret d’Aurore : Aurore dort peu. Elle travaille 17 heures par jour. Elle envoie le personnel en formation régulièrem­ent. Elle réinvestit tout ce qu’elle gagne, voire plus, 400 000 € minimum par an.

Newspapers in French

Newspapers from France