Cerise en mer au salon de l’Agriculture à Paris
Eleveur d’huîtres à La Seyne, M. Boutemer est venu promouvoir sa production. Il a rencontré le propriétaire de la mascotte de cette 53e édition, avec qui il a échangé sur les difficultés du métier
Quels points communs entre les huîtres de Tamaris, à La Seyne, et Cerise, la vache égérie de ce 53e rendez-vous des agriculteurs? Il leur faut trois ans pour grandir avant d’être commercialisées et elles causent les mêmes soucis à leurs éleveurs. Michel Boutemer est à Paris pour faire connaître ses huîtres. Chaque jour il en ouvre des milliers pour la dégustation ou la vente. Elles sont claires, déclinent des couleurs de fonds paradisiaques. Elles sont charnues, sentent le large. Le premier jour de salon, il a fallu mettre du rubalise tout autour du stand de la Chambre régionale d’agriculture pour empêcher la foule de prendre d’assaut les tables. Mais là, c’est décidé, Michel Boutemer, qui n’a encore rien vu du salon, fait une visite dominicale à Cerise et son éleveur. Il quitte le pavillon 3 pour le 1. Après avoir dépassé les moutons, quelques porcs et des enfants qui hurlent parce qu’on leur interdit de caresser les bêtes, voilà Cerise. Mannequin de la race bazadaise, elle est nonchalamment couchée sur un canapé d’or, épaisse couche de paille brillante comme un lingot. Elle est géante dans sa robe aux cinquante nuances de gris, qui enrobe ses 750 kg, moule ses fesses arrondies et ses cuisses musclées. Ce jour-là, elle refuse de se lever. Elle fait la moue en remuant son mufle blanc humide, souffle par les naseaux, secoue les cornes, ne regarde même pas les visiteurs. Un peu mélancolique la Cerise. Les verts pâturages de Perquie dans les Landes, lui manquent. Le calme et
la liberté aussi.
Vache ou huître: même tracas
Joël Sillac, son heureux propriétaire, n’est pas inquiet. Il accueille avec le sourire Michel Boutemer dans l’enclos. Quand un éleveur rencontre un autre éleveur. Qu’est-ce qu’ils se racontent? Leurs problèmes d’éleveurs. Échanges… « J. S.: le plus gros problème, ce sont les contrôles. On n’arrive plus à les comprendre. On accepte les règles si elles ont du bon sens, mais il y en a trop: bonnes pratiques d’élevage, bien-être animal, plan fumure… Même ceux qui viennent nous contrôler ne savent pas comment faire. On ne sait même pas combien on va toucher d’aides 2015, parce que le registre cadastral sur les déclarations de culture n’a pas été mis à jour. M. B.: Moi, je travaille en mer. Mais je fais de la vente directe, sur les marchés par exemple. En mer, je dépends des affaires maritimes et sur terre de l’agriculture. On me demande de cotiser auprès des deux organismes. Je refuse. Parce qu’à la retraite je ne toucherai qu’une pension. J.S. Et la fiscalité alors! Elle ne nous permet pas de mettre de l’argent de côté. M.B.: Moi j’ai la TVA à 5,5. Et vous? J.S.: Moi à 10. M.B.: Je suis imposé sur la valeur du stock, pas encore vendu, et plus il augmente, plus je paye. J.S.: Pareil. Il faut que la fiscalité change et qu’on arrive à une simplification administrative. Après les résultats du Concours général agricole qui ont attribué plusieurs médailles aux produits oléicoles du Var et des AlpesMaritimes, les olives de Nice étaient en dégustation hier sur le stand de la chambre régionale d’agriculture. Depuis le matin, André Giauffret de Colomars tartine la tapenade. La verte a obtenu la médaille de bronze. Idem pour la pâte d’olive aromatisée. Les deux produits ne font pas un pli. Même le président du syndicat interprofessionnel de l’olive de Nice, Olivier Giodarno, n’y résiste pas. Après une récolte catastrophique l’an dernier, celle de cette année « est une réussite. On n’a pas encore fini. J’ai encore quinze jours de cueillette à faire. » Sa propriété est située à Cantaron, dans la vallée du Paillon. Là-bas, comme sur l’ensemble des Alpes-Maritimes, les olives prennent plus de temps que dans le Var pour arriver à maturité.