Gantzer : « Le souffle du vent est dans les voiles du NFP »
« Je viens de passer la meilleure soirée électorale depuis très longtemps ! » Voix tonitruante, Gaspard Gantzer éclate de rire. Pour l’ancien conseiller du Président Hollande, séduit en 2017 par les sirènes macronistes avant de revendiquer de nouveau son ancrage à gauche (1), les résultats du second tour ne « laissent qu’un seul choix » au chef de l’état.
La gauche est en tête. Comment expliquer ce retournement de tendance ?
Je distingue trois raisons. La première, c’est que le RN a montré son vrai visage dans l’entre-deux-tours. Je pense notamment à tous les candidats frontistes, interrogés par des médias
nd régionaux, qui ont tenu des propos incohérents. La deuxième, c’est que le front républicain a fonctionné. Le souffle du vent est dans La troisième, c’est que la les voiles de la gauche. gauche a donné très vite Ce qui vient de se passer, une consigne de vote très c’est un véritable exploit, claire, alors que les autres un tremblement de terre ! ont tergiversé. Ça va provoquer des changements dans le pays. Certes, on n’est pas en 1981, ni en 2012. Mais les Français vont être excités par cette élection surprise. Le futur gouvernement va mettre un point d’honneur à appliquer une politique de justice sociale. Bien sûr, la gauche devra bâtir des majorités de projets avec les autres groupes politiques. Elle n’aura pas les mains libres !
L’erreur de Macron, c’est de ne pas avoir anticipé le Nouveau Front populaire ?
Oui. Il a sous-estimé le rejet de son gouvernement. Si le chef de l’état avait mieux étudié l’histoire politique, il aurait su que la gauche parvient toujours à s’unir lorsque le pire – ici le Rassemblement national au pouvoir – peut advenir.
Si la gauche prend le pouvoir avec seulement un tiers des députés, quelle marge
de manoeuvre peut-elle espérer ?
Selon vous, la gauche est assurée de gouverner ? Une coalition Lr-ensemble
vous paraît impossible ?
Tout est possible, mais c’est hautement improbable. Macron commettrait une erreur funeste en tentant de manoeuvrer ainsi. Ce serait perçu comme une sorte de tripatouillage par les Français.
Quel peut être le rôle de Jean-luc Mélenchon ?
Il s’est marginalisé de luimême. Sa personnalité est contestée au sein même de LFI ; il ne sera ni Premier ministre, ni même ministre. Même si LFI est le groupe majoritaire, le centre de gravité du Nouveau Front populaire est plutôt du côté des modérés.
Les macronistes résistent mieux que prévu, même s'ils perdent plusieurs
dizaines de sièges…
Ils sont en position centrale, mais très affaiblis. Ils ne peuvent pas se permettre de bloquer le pays. Je pense qu’ils seront obligés de s’aligner sur les décisions de la gauche.
Le RN gagne plusieurs dizaines de députés. Les frontistes sont-ils vraiment les dindons de la farce ?
Ils restent une puissance politique considérable. Mais les Français leur ont envoyé un message clair : ils peuvent voter pour eux, mais ne veulent pas qu’ils gouvernent le pays.
Éric Ciotti, qui a rallié le Rassemblement national au lendemain des Européennes, a-t-il perdu son pari ?
Son seul but, c’était de sauver son siège de député. Faute d’alliance avec le RN, il risquait de le perdre. Il a vendu son âme pour cela. Ce n’est pas glorieux. Maintenant, il est du mauvais côté de l’histoire. Celui qui doit se frotter les mains, c’est Christian Estrosi !
À l’inverse, Les Républicains résistent mieux que prévu…
Ça signe l’échec de Ciotti ! Cela dit, les LR peuvent dire merci à la gauche… PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr 1. Êtes-vous encore de gauche ? Dans les coulisses de la chute du PS, par Gaspard Gantzer. Flammarion. 253 pages. 18 euros. Publié en 2022.