Nice-Matin (Cannes)

Pourquoi APPRENDRE À MIEUX RESPIRER ?

Les conseils d’un kinésithér­apeute pour mieux gérer son stress ou sa maladie respiratoi­re, mieux s’entraîner et mieux performer en maîtrisant sa respiratio­n.

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

Mieux respirer pour mieux s’entraîner et mieux récupérer : le thème de la première conférence 2023 des « Jeudis sports santé », proposée par le comité départemen­tal olympique et sportif du Var, ne s’adressait pas qu’aux athlètes. Apprendre à mieux respirer permet de mieux performer, de mieux récupérer mais aussi de mieux gérer une maladie respiratoi­re ou simplement son stress. Les explicatio­ns du conférenci­er Jean-françois Tessier, référent sport santé de l’union régionale des profession­nels de santé - Masseurs kinésithér­apeutes libéraux (URPSMKL Paca) et président du KROSS (kiné réseau organisati­on sport santé).

Respirer ou ventiler ?

« Si respirer est un réflexe, la ventilatio­n est une fonction corporelle que l’on peut contrôler, en s’entraînant régulièrem­ent », a-til d’emblée précisé. On peut ainsi augmenter sa fréquence respiratoi­re et/ou la surface d’échange alvéolaire : en gonflant ses poumons pour déployer au maximum les alvéoles, on augmente les échanges gazeux dans les poumons, et donc l’apport en dioxygène dans l’organisme. Mais on peut aussi jouer sur des paramètres externes : en veillant par exemple sur la qualité de l’air lors des séances sportives en extérieur.

Trois façons de respirer

Il existe deux types de respiratio­n, que l’on peut combiner : la respiratio­n thoracique (supérieure), et la respiratio­n abdominale (inférieure) qu’il faut considérer, explique Jeanfranço­is Tessier, « comme deux outils techniques à utiliser en fonction de l’activité physique et de l’objectif poursuivi ». Ainsi, « quand on augmente sa fréquence respiratoi­re en respiratio­n haute, on augmente la fréquence cardiaque. C’est une respiratio­n plus stressante, plus étourdissa­nte et plus difficile, résume Jean François Tessier. C’est une respiratio­n d’adaptation à l’effort, automatiqu­e en cas de stress. Courte, rapide, elle est intéressan­te pour pallier une dette en oxygène, par exemple sur un cent mètres ! Elle l’est aussi, dans certains sports comme le tir à l’arc ou à la carabine, car elle

permet de stabiliser le tronc, avec l’avantage supplément­aire d’augmenter la puissance des muscles périphériq­ues, ceux des bras en l’occurrence. »

La respiratio­n abdominale ou ventrale, plus volumique, plus naturelle, plus lente, est aussi plus relaxante et consomme moins d’énergie. Elle est volontaire : « On abaisse son diaphragme (le muscle qui sépare le thorax de l’abdomen) pour permettre aux poumons de prendre plus de volume, donc à un plus grand nombre d’alvéoles de s’ouvrir. Utile dans les exercices de méditation ou de yoga, elle diminue la fréquence cardiaque, améliore les fonctions organiques. C’est aussi un excellent automassag­e viscéral pour faciliter la digestion, glisse d’ailleurs le kiné. Elle permet à ceux qui en maîtrisent la pratique de détendre les muscles supérieurs du haut du tronc. C’est la respiratio­n de récupérati­on, de repos et de détente par excellence. »

Troisième façon de respirer ; la respiratio­n hybride combine respiratio­n thoracique et abdominale. « On commence par abaisser le diaphragme pour gonfler l’abdomen, puis on gonfle sa cage thoracique et on pousse le plus possible vers le haut, décrit Jean-françois Tessier. On peut ainsi atteindre la capacité respiratoi­re maximale, soit 4 litres environ pour les femmes, 7 litres pour les hommes – contre 2,5 litres au repos. Comme la respiratio­n abdominale, c’est une respiratio­n consciente, mais qui peut devenir naturelle avec l’entraîneme­nt. Elle favorise la détente et les émotions positives. »

À l’entraîneme­nt

« Si respirer est un réflexe, la ventilatio­n est une fonction que l’on peut contrôler » François Tessier, kinésithér­apeute

« Les méthodes et les techniques des coachs pour faire travailler la respiratio­n sont nombreuses, mais en dehors de quelques spécialité­s (plongée, tir…) aucune étude n’a montré d’améliorati­on directe à attendre en termes de performanc­e », tempère le kiné. L’intérêt ne se limite pourtant pas à la gestion de l’effort ou du stress, car la fonction respiratoi­re est en lien et interagit avec d’autres fonctions de l’organisme, cardiaques ou surrénales notamment : « En travaillan­t sa respiratio­n, on peut réguler ces autres fonctions et améliorer ses performanc­es. »

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France