La « mort solitaire », un fléau sous-répertorié
Chaque année en France, une quinzaine de « morts solitaires » font la une des journaux. Des personnes isolées et sans famille, que ni voisins ni connaissances n’ont daigné contacter… durant des mois, voire des années, après leur silencieuse disparition. La découverte effectuée dimanche à Cannes vient gonfler une longue liste de seniors dont personne n’avait remarqué l’absence. Le bilan dressé par les « Petits Frères des pauvres » est inquiétant. En 2022, on a compté « 14 personnes âgées de 62 à 93 ans, dont huit hommes, qui ont été retrouvées entre quinze jours et trois ans après leur décès. Onze vivaient en appartement », expliquait début janvier un article de l’association, dont le slogan est « Non à l’isolement de nos aînés » (1). « Ce nouveau cas prouve que notre estimation est obsolète », réagit l’association, jointe par Nice-matin. Ironie du sort, elle avoue se baser « sur les articles de presse, à défaut de statistiques officielles ». C’est d’ailleurs l’un de ses combats : les morts solitaires sont, par définition, sous-rapportées. « Depuis le début du mois, il y a déjà eu 3ou4cas» , assure cette responsable. « Au Japon, les autorités mesurent officiellement cette problématique, et ont même un nom : le kodokushi. » Quelque 30 000 morts solitaires par an sont répertoriées au pays du soleil levant.
Selon le baromètre effectué tous les 4 à 5 ans par les « Petits Frères des pauvres », « depuis la Covid, on a répertorié 530 000 personnes en situation de “mort sociale” en France, alors qu’elles étaient 300 000 en 2017 ». Par « mort sociale », on entend une personne isolée des quatre cercles de sociabilité : famille, amis, voisinage et réseau associatif.
En France, la Région Sud est loin d’être la plus mal lotie : elle est, avec l’île-de-france, celle où les personnes âgées sont les moins isolées. Âge moyen élevé oblige, les seniors s’entraident et souffrent moins du potentiel gouffre générationnel qui les isole ailleurs des autres citoyens. 1. L’asso, qui oeuvre à aider à rompre l’isolement et la solitude des personnes âgées, dispose de 15 000 bénévoles, qui vont de domicile en domicile pour « casser les solitudes, créer du lien et redonner le