Nice-Matin (Cannes)

Le village aux sept lavoirs

De nombreux lavoirs sont disséminés un peu partout à Saint-cézaire-sur-siagne. Les plus anciens ont été érigés entre 1868 et 1900, après la mise en service du canal de la Siagne.

- CORINNE BOTTONI

Jusqu’au début du siècle dernier, les lavoirs étaient très utilisés par les ménagères pour leur lessive quotidienn­e. Alors pourquoi ne pas, ici, revenir sur leur histoire...

Les deux monuments érigés entre 1868 et 1900 au coeur du village, sont les plus récents. Ils furent construits après la mise en service du canal de la Siagne. Une machine à remonter l’eau, appelée Bélier, acheminait alors l’eau de l’adduction depuis les gorges jusqu’au plateau, avec un dénivelé de 300 mètres environ.

De grande dimension, ces lavoirs pouvaient accueillir de nombreuses lavandière­s.

Desservir les extrémités du village

Leur emplacemen­t fut choisi pour desservir au mieux les deux extrémités du village : la place Maure et celle du Pradon. Sur la route de Grasse, au quartier des Bernards, un lavoir jouxte deux puits. Alimenté par une source, il était destiné au hameau tout proche. Au fond des gorges de la Siagne se trouve le plus ancien lavoir de la commune, dit de la

Font d’amic. Alimenté par une source, il porte de nombreuses inscriptio­ns réalisées au milieu du XIXE siècle. Au hameau des Veyans, on compte trois lavoirs. Le plus ancien s’élève à proximité de la chapelle Saint-saturnin, sur l’ancien chemin, qui du hameau conduit à Saintcézai­re.

Édifiés pour la salubrité publique

En contrebas de la départemen­tale, un lavoir porte la date de 1869. Le dernier se trouve sur la place du hameau, à côté de la fontaine.

Il est clair que le lavoir est le plus souvent public mais parfois, il se trouve qu’il est attaché à une seule maison. En France, les épidémies de choléra, de variole et de typhoïde incitèrent l’état à voter la loi du 3 février 1851. Un édit qui accorda un crédit spécial pour subvention­ner à hauteur de 30 % la constructi­on de lavoirs couverts. Restés en usage jusqu’au milieu du XXE siècle, ils furent peu à peu abandonnés. Chaque monument comporte en général un banc de pierre de taille adossé aux murs intérieurs qui sert d’étagère. Ses abords sont souvent pavés et munis d’une rigole pour que les lieux soient aisés à nettoyer. Des barres en bois ou en métal sont suspendues audessus du bassin de lavage pour égoutter le linge. Certains édifices possèdent même des latrines, comme ceux du Pradon et de la place Maure. Le bord du lavoir présente une pierre inclinée.

Les femmes jetaient le linge dans l’eau, le tordaient en le pliant plusieurs fois, et le battaient avec un battoir en bois sur la pierre afin de l’essorer le plus possible.

Lieu de sociabilit­é féminine

Ces édifices revêtaient une importante fonction sociale et constituai­ent un des rares lieux où les femmes pouvaient se réunir et discuter. Interdits aux hommes, il paraît que ces derniers s’inquiétaie­nt des confidence­s et des commérages qui pouvaient s’y échanger.

Des conflits surgissaie­nt parfois, d’où l’expression

« laver son linge sale en famille » !

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Le lavoir de Saint Saturnin est alimenté par une source. Le lavoir des Veyans en contrebas de la Départemen­tale et aujourd’hui tari.
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(Photos C. B.)

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