Le tunnel de Tende rouvrira-t-il dans deux ans ?
Fin 2023. C’est le nouvel objectif fixé pour revoir des véhicules circuler entre France et Italie, au col de Tende, via le tunnel historique. Le chantier du second tube, lui, ne serait livré qu’à la mi-2025.
Huit ans de retard. La justice italienne, puis la tempête Alex sont passées par là...
Nouveau rendez-vous majeur pour les liaisons franco-italiennes, aujourd’hui. La conférence intergouvernementale (CIG) réunit les décideurs des deux Etats. La dernière en date remonte au 5 mai. Au menu : la ligne ferroviaire Nice-cuneo le matin, le tunnel de Tende l’après-midi. Ce chantier attend un feu vert décisif pour son avenir.
Projet repensé
Rappel des faits. En 2014, l’entreprise italienne Fincosit amorce le percement d’une seconde galerie au col de Tende. Le tube historique, inauguré en 1882, ne répond plus aux normes de sécurité. Le nouveau tunnel permettra d’en finir avec la circulation alternée. Mais en mai 2017, coup d’arrêt. 200 tonnes de matériaux ont disparu. 17 personnes interpellées. Le chantier reste à l’arrêt trois ans.
Avril 2020. Edilmaco, finaliste malheureux de l’appel d’offres, reprend le chantier. Pas pour longtemps. Le 2 octobre 2020, Alex emporte un pan entier de montagne. Tout accès routier est coupé. Plusieurs projets émergent. L’un d’eux va cristalliser le consensus.
Surcoût : millions d’euros
Le nouveau défi : ériger un pont en arche de 65 mètres, façon « bow string », sans culée au milieu, pour enjamber le vallon de la Ca. Il reliera la RD 6204 à l’entrée des deux tubes, terminés et raccordés côté français. Techniquement jouable. Restait à obtenir l’accord d’edilmaco. C’est désormais chose faite.
Le maître d’oeuvre et l’anas (A gence nationale des autoroutes italiennes) ont trouvé un accord en août pour reprendre les travaux. Soulagement général : si Edilmaco venait à jeter l’éponge, il faudrait tout reprendre à zéro ! Surcoût estimé ? 76 millions d’euros. à ajouter aux 135 millions du contrat initial. Sans parler des 35 millions déjà versés à la Fincosit.
La CIG devra valider ce nouveau budget. Mais aussi débattre de la stratégie et du calendrier, notamment en vue de la réouverture d’un premier tunnel fin 2023. Cet horizon fait tousser les autorités françaises, qui cofinancent le chantier à 41,65 % et plaident pour une réouverture dès 2022.
Les Français mettent la pression
« Ce n’est pas acceptable », martèle le sénateur Philippe Tabarot, ex- « M. Transports » de la Région
Sud et fin connaisseur du dossier. « L’urgence étant de rétablir cette liaison, la France considère – et j’ai poussé en ce sens – que tous les moyens doivent être mis sur le tube neuf, en creusant côtés italien et français. Cela permettrait de gagner près de 200 jours et de reprendre la circulation avec alternat. »
Marco Gabusi, l’adjoint aux transports de la région Piémont, table sur une livraison en octobre 2023. « En optimisant les travaux, il est même envisageable d’avancer l’ouverture de quelques mois, en juin 2023. Nous allons demander la rapidité maximale. Mais nous devons nous fier aux agents techniques… »
Pour l’heure, la seule option routière au col de Tende reste la « route des 50 lacets ». Une piste ardue, réservée aux habitants de Tende, La Brigue et Limone, et aux visiteurs ayant réservé à Castérino. Elle sera inaccessible dès les premières neiges.