Aimar : « Simpson est mort dans ma roue »

 juillet  : une date tragique qui a fait entrer le Ventoux dans la légende. Ce jour-là, le ‘‘Géant de Provence’’ est devenu un monstre. Cette montagne indomptable capable de tuer les plus braves.

Tom Simpson, champion du monde  et vainqueur de Paris-nice quelques mois plus tôt, y laissera sa vie à  km du sommet, terrassé par l’effort, une chaleur étouffante, la déshydratation et la prise de médicaments (amphétamines).

 ans plus tard, Lucien Aimar se rappelle parfaitement de ce jour funeste. « C’est gravé dans ma tête », explique le vainqueur du Tour . Et pour cause, le Britannique était « dans la roue » du Varois. « J’avais crevé au pied du col. Comme Marcel Bidot (le directeur de l’équipe de France) était loin, j’ai attendu avant d’être dépanné. Je suis reparti m derrière le dernier. J’ai fait le col à fond pour essayer de revenir sur la tête. Au Chalet Reynard, je récupère Simpson, qui avait été décroché du groupe Gimondipoulidor-janssen. Après cet effort, comme je n’étais pas Gaul ou Bahamontes, je plafonnais. Je pensais qu’on monterait ensemble, mais Tom attaquait et me prenait - mètres avant de se rasseoir. Je lui ai dit ‘‘fais pas le con, reste dans ma roue’’ ». Mais Simpson avait déjà perdu sa lucidité. « Des supporters m’avaient donné une bouteille de coca. Je l’ai tendue vers Tom, il ne m’a pas répondu ». Alors Aimar se concentre sur son effort. « Je chassais pour essayer de revenir sur la tête de course. Tout à coup, j’ai entendu du bruit, les gens criaient. Je n’ai pas compris, mais Tom est mort dans ma roue ». L’émotion reste palpable malgré le temps passé. « Je n’ai appris son décès qu’à h. J’étais couché dans mon hôtel à Cavaillon et on m’a réveillé pour m’annoncer cette nouvelle. J’étais sous le choc, car nous étions proches ».

Une amitié forte

Aimar et Simpson avaient appris à se connaître sur les routes de France et même de Grande-bretagne. « Avant le départ de ce Tour , j’avais disputé un Critérium sur l’île de Man. Il m’avait invité à prendre un repas chez l’habitant. L’organisateur m’avait fait un chèque de   anciens francs, mais je ne pouvais pas l’encaisser en France.

e

Tom m’a dit : ‘‘Donne le moi et je te donne l’argent en liquide’’ ».

Une anecdote qui illustre l’amitié qui unissait les deux hommes. Un an plus tôt, Simpson était monté au créneau pour défendre le Hyérois de quatre ans son cadet. «Surun Critérium d’après Tour, Tom demande à Altig et Anquetil, avec qui il doit faire équipe ? Il s’étonne que je ne sois pas avec eux. Altig lui répond : ‘‘Aimar est là pour apprendre le métier’’. Tom réplique : ‘‘On n’apprend jamais le métier à un vainqueur du Tour’’. Il a décidé de se mettre avec moi. Cela démontrait qu’il avait du caractère et que notre amitié était forte ».

 juillet  : le Britannique Tom Simpson reçoit les premiers soins d’une infirmière après s’être évanoui dans la montée du Ventoux. Sans succès, le cycliste de  ans décédera. Lucien Aimar sur le Tour , qu’il terminera à la place.