Le variant Delta plonge la France dans l’expectative
Alors que la dernière étape du calendrier du déconfinement a démarré hier dans le reste de l’hexagone, le département des Landes s’inquiète d’une circulation active de la nouvelle souche.
Fin des jauges dans les cinémas, restaurants ou magasins : les dernières restrictions ont sauté hier, en dépit d’une montée des inquiétudes sur une quatrième vague de Covid-19 après l’été, sous l’effet du variant Delta, beaucoup plus contagieux.
La prudence reste, en effet, de mise et le département des Landes, où le Delta est apparu en premier en France, va maintenir les limitations une semaine de plus, jusqu’au 6 juillet. Ailleurs en France, les jauges dans les lieux clos sont levées, à la grande joie des commerçants, qui ont entamé quatre semaines de soldes d’été (sauf dans les Alpes-maritimes, où la date a été fixée au 7 juillet). Les restrictions sont aussi levées dans les cantines d’entreprise et les lieux de culte.
Les salles obscures, qui ont attiré 8,5 millions de spectateurs en un mois de reprise, pourront faire le plein pendant la Fête du cinéma (30 juin au 4 juillet). Les concerts debout sont de nouveau possibles, avec une jauge de 75 % pour ceux à l’intérieur.
Pour tous les événements rassemblant plus de 1 000 personnes, y compris les salons ou congrès désormais sans jauge, le pass sanitaire (vaccination ou test négatif) sera exigé. Et à partir d’aujourd’hui, on ne pourra plus voyager en Europe sans le pass européen.
« Protection contre la e vague »
La levée des dernières restrictions a été rendue possible par la poursuite de la décrue de l’épidémie : le nombre de malades du Covid hospitalisés a de nouveau baissé mardi, à 8 627 patients, dont seulement 1 250 en soins critiques et 2 314 nouvelles contaminations. A comparer aux pics de 6 000 patients en soins critiques (qui incluent la réanimation) fin avril et autour de 35 000 nouveaux cas quotidiens début avril. Toutefois, le taux d’incidence du virus (nombre de cas en une semaine pour 100 000 habitants) « semble ne plus baisser » ces derniers jours, a averti, hier, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, tout en soulignant son « niveau très bas de 18,5 en moyenne » comme en « août 2020 ». Cela peut être dû au faible nombre de cas, mais «ilya une part qui nous inquiète, c’est dans la perspective du variant Delta » ,at-il ajouté. Apparu en Inde début avril, il « est 60 % plus contagieux que le variant britannique, lui-même deux fois plus contagieux que la souche initiale », s’est inquiété Gabriel Attal. En France, il représente déjà 20 % des nouveaux cas contre 9 à 10 % une semaine plus tôt.
Pour le gouvernement, l’arme fatale reste le vaccin anti-covid. Quelque 33,7 millions de Français ont reçu au moins une première dose (soit 50 % de la population), et l’objectif est de monter à 40 millions d’ici à la fin août et à 35 millions de personnes complètement protégées, soit 66 % des adultes. Bonne nouvelle, selon le porte-parole du gouvernement, « après avoir marqué le pas », le nombre de prises de rendez-vous pour une première injection « est reparti à la hausse entre plus 10 % et plus 20 % ». « Chaque vaccination est une protection contre la quatrième vague », a-t-il ajouté.
« Socialement injuste »
Le président du conseil scientifique, le Pr Jean-françois Delfraissy, s’attend à une quatrième vague à l’automne, mais elle sera « beaucoup plus nuancée que les trois premières », grâce au niveau de vaccination atteint. Il s’est dit surtout préoccupé pour les plus de 60 ans (environ 20 % de non vaccinés) et les personnes à comorbidités (un tiers de non vaccinés), en particulier celles souffrant d’obésité, qui sont « peu vaccinées ». Soulignant que le Covid-19 est «socialement injuste », le Pr Delfraissy a appelé à disposer des « camions de vaccination dans les cités » et tous les endroits « peu médicalisés ».
L’institut Pasteur a publié, mardi, de nouvelles études qui prévoient, dans le pire des scénarios, «unpic d’hospitalisation important » similaire à l’automne 2020, en l’absence de mesures de contrôle comme le dépistage intensif et un renforcement des mesures barrière, qui pourraient être ciblées sur certaines populations.