Nice-Matin (Cannes)

L’enseigneme­nt artistique en danger

PEYMEINADE

- CORINNE BOTTONI

Pour alerter le public sur une situation plus que difficile, Stéphanie Manzone voulait organiser un rassemblem­ent dansé en extérieur avec les élèves de son école. Mais il n’aura pas lieu

La salle de l’école de danse de Stéphanie Manzone semble bien triste. Depuis le début du second confinemen­t, plus aucun élève n’évolue sur la piste et les grands miroirs ne reflètent que la silhouette de la jeune femme qui a commencé son activité en ces lieux au mois de février dernier.

« Je suis professeur de danse depuis de nombreuses années et quand ce local s’est libéré, j’ai aussitôt signé le bail et initié des travaux pour le transforme­r », déclare Stéphanie, en nous précédant à l’intérieur de ce vaste et lumineux endroit, aujourd’hui désert. Le réaménagem­ent a été long et coûteux, car il s’est agi de transforme­r l’ancien

Stéphanie Manzone dans sa salle de danse bien déserte.

bazar qui y était installé depuis des décennies, en salle de danse ! Et Stéphanie

Manzone de préciser qu’elle n’a pu exercer vraiment son activité artistique que sur une période restreinte en raison de la crise sanitaire.

Une activité suspendue sine die

Aujourd’hui, l’enseignant­e, qui est aussi la présidente de l’associatio­n Jazz Attitude Danse, se montre pessimiste concernant le devenir des métiers artistique­s. Tout a été fait au sein de son établissem­ent pour que les directives sanitaires soient respectées avec la rigueur qui s’impose, mais en vain. Elle a dû, à l’image de ses pairs, suspendre ses cours, alors que soixantedi­x élèves fréquentai­ent son école.

« Pour soutenir la profession, j’ai voulu organiser un rassemblem­ent dansé ce samedi, à 15 heures, sur le parking de la place du Centenaire, durant une dizaine de minutes, avec cinquante personnes placées par six rangées de huit personnes, chacune espacée d’au moins trois mètres. »

La préfecture lui a conseillé de se rapprocher de la mairie pour la demande d’autorisati­on. Jointe par téléphone, Aleth Corsa, adjointe ayant en charge la vie associativ­e, nous a indiqué qu’elle était tenue d’appliquer les décrets gouverneme­ntaux.

« Je comprends tout à fait la décision de la municipali­té. En revanche je ne comprends pas pourquoi, dans les écoles, mes élèves me disent qu’ils dansent aussi, parfois. »

Les spectacles que devait présenter sa compagnie sont aussi annulés, notamment ceux prévus pour le réveillon de fin d’année. Stéphanie Manzone a évidemment sollicité l’aide de l’état, mais en attendant, elle doit s’acquitter d’un loyer mensuel de 2 000 euros, alors que son activité est suspendue sine die.

En soutien au collectif « Dansez sinon nous sommes perdus », lancé au niveau national ne pourra donc se dérouler ce samedi. Sur le plan mental et émotif, la danse renforce l’affirmatio­n de soi, ravive les capacités intellectu­elles et la créativité. Une activité dont on a bien besoin aujourd’hui !

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(Photo C. B.)

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