Le patrimoine après la tempête
Les plus anciennes richesses architecturales du département ont plutôt bien résisté à la tempête et aux crues. Des ponts se sont effondrés mais bien moins que les routes contemporaines
Les ouvrages d’art, récents ou anciens, ont tous été touchés par la tempête. Les plus vieux ont souvent bien tenu le choc, parfois mieux que des constructions contemporaines. Idem pour les édifices souvent religieux, restés en place.
Tour d’horizon, forcément non exhaustif, du patrimoine.
Roquebillière : le miracle de St-Michel-du-Gast
Dans la Vésubie, à Roquebillière, un petit miracle est relevé par Éric Gili, de l’association Amont (association montagne et traditions). Si le pont du XIXe a été emporté à moitié, l’église de Saint-Michel-du-Gast, plus ancienne, a été épargnée par la furie des eaux. Ancienne église paroissiale, elle avait été bâtie avant le vieux village et sur la rive opposée, dans le lit de la Vésubie dont elle protégeait le gué, avant le pont.
Le premier édifice de culte y remonte au XIIIe siècle. Elle a pris son aspect définitif au XVIe, son clocher date de la fin XVIIe : le tout n’a pas bougé. Pour la protéger, le service archéologique de la Métropole Nice Côte d’Azur a fait dresser un enrochement.
Saint-Martin-Vésubie : la Madone de Fenestre intacte
À Saint-Martin-Vésubie, le sanctuaire de la Madone de Fenestre, bâti sur la roche, est intact mais privé d’accès depuis l’effondrement de la route. Édifié sur un temple païen, le lieu de culte est mentionné dès 1287. Il abrite la statue de la Madone en bois polychrome du XIVe siècle, jugée miraculeuse. On la dit ramenée des Croisades par les Templiers, ordre de bâtisseurs.
Le pont du cimetière détruit avec le musée
À Saint-Martin-Vésubie, le pont du XVIe siècle, qui débouchait sous le cimetière, a été totalement emporté. Il était réputé, selon Éric Gili, pour avoir été « restauré dix fois et sujet à procès multiples avec Venanson ». Avec lui, et c’est une catastrophe pour l’ethnologie de la vallée, a été engloutie la quasi-totalité des collections du musée de l’Amont, au Pra d’Agout. Il était installé depuis 1981 dans un ancien moulin à farine de seigle communal de 1490. La construction éventrée est restée debout mais pas l’ajout, récemment accolé à la caserne des pompiers, qui abritait le fonds muséal et la salle d’exposition. «Ona perdu 2 800 de nos 3000 objets, répartis entre ethnologie paysanne et de montagne, petits éléments de patrimoine, comme les drapeaux des classes de conscrits, ou des outils de menuiserie qu’on nous avait offerts cet été. Nous avions aussi stocké vingt ans de fouilles archéologiques dans la vallée qui remontaient à l’âge du fer, avec des tessons médiévaux exceptionnels », déplore Éric Gili. « Notre seule chance est de tout avoir numérisé, nous en gardons la mémoire virtuelle en attendant de lancer un appel pour reconstituer une collection », avance le professeur d’histoire du collège de Roquebillière, dont l’équipe pense déjà au musée de demain. Autre perte considérable, la première usine hydroélectrique de 1893, fierté du village, devenue musée, elle aussi dévastée. Parmi tant d’autres constructions.