À Bordeaux, le maire ne veut plus de sapin de Noël «mort»
La volonté du nouveau maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, d’en finir avec le traditionnel sapin de Noël sur la place de la mairie lui a valu hier une volée de critiques. Lors de sa rentrée politique, le premier magistrat a annoncé jeudi une série de mesures sur la sécurité, l’urbanisme, la végétalisation de Bordeaux. Et notamment un inventaire de « tous les endroits de la ville où nous pouvons planter » des arbres, dans « des îlots, des places, des placettes, des arbres isolés, même ».
Et d’évoquer le cas de « l’arbre mort de Noël », le grand sapin illuminé, d’environ 15-20 mètres de haut, qui chaque décembre éclaire la place Pey-Berland, sur le flanc de la cathédrale, face à la mairie. « Nous ne mettrons pas des arbres morts sur les places de la ville [...]. C’est pas du tout notre conception de la végétalisation. »
« Le coût qui était affecté à cette opération, particulièrement onéreuse, nous ferons à la place du spectacle vivant, et le budget économisé financera aussi une aide aux commerçants et aux associations caritatives, pour que ce budget soit fléché et pas perdu », a-t-il poursuivi. « Mais quelle bêtise ! », a réagi sur Twitter l’élu d’opposition et ex-premier adjoint Fabien Robert (MoDem) : « C’est l’arbre qui cache la forêt des vrais sujets bordelais… mais mobilisons-nous pour loreal.com/planete garder notre beau sapin ! », a-t-il ajouté, appelant à signer une pétition sur Change.org.
« Le ciment d’une société »
Au niveau national aussi, des voix se sont émues. « Appelez-moi vieux monde si vous voulez, mais le sapin de Noël, le Tour de France et toutes ces traditions qui nous unissent seront toujours le ciment d’une société », a tweeté Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. Le député LR de Nice Éric Ciotti a dénoncé «les pseudo-écolos », « vrais extrémistes de gauche ». « En fait, les maires EE-LV, c’est tout ce qui amène un peu de joie ou de fête qu’ils interdisent ! Ils sont pires qu’idéologues : ils sont rabat-joie », a aussi tweeté la ministre (LREM) déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa. Tandis que la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a estimé que les Verts «ontun rejet viscéral de tout ce qui fait notre pays, nos traditions, notre culture et chercheront à tout démonter pièce par pièce ».
La Ville s’est défendue hier en énumérant les coûts associés au traditionnel grand sapin. À savoir « près de 60 000 euros auxquels s’ajoutent d’importants coûts induits » : « traversée de la France en camion et convoi exceptionnel pour un arbre de 17 mètres », « mise en lumière de 10 kilomètres de guirlande électrique », « 4 nuits de montage avec 12 agents mobilisés en horaires de nuit », « vandalisme fréquent induisant des coûts de gardiennage de nuit ».
« Les arbres vivants de la place PeyBerland et de la place Jean-Moulin (adjacente) seront illuminés », rassure la mairie, et les économies consacrées à des associations qui « assureront la féerie de la place ». Didier Jeanjean, adjoint chargé de la nature en ville, a dénoncé une « polémique inutile [...] initiée par un courant d’extrême droite » et assuré que la décision de la mairie « n’a rien à voir avec la laïcité ».