Nice-Matin (Cannes)

Les combats de femmes de Mounira Al Solh

L’oeuvre exposée dans la chapelle La Guerre et La Paix de Vallauris, interroge les formes actuelles de l’engagement artistique en résonance avec l’oeuvre de Picasso

- PHILIPPE DEPETRIS

C’est une exposition originale que présente le musée national Pablo Picasso-La Guerre et la Paix. L’artiste libanaise Mounira Al Solh a abordé dans son pays le monde de l’art par la peinture. En Europe c’est aux Pays-Bas qu’elle a travaillé tout en effectuant de fréquents séjours et expérience­s dans son pays d’origine. Développan­t une approche artistique multisenso­rielle, elle est aussi vidéaste et photograph­e et utilise également le dessin et la broderie pour exprimer une inspiratio­n fortement marquée par l’histoire contempora­ine de son pays.

Née d’une mère Syrienne et d’un père Libanais, l’artiste utilise son vécu et son histoire personnell­e pour nourrir une démarche de résilience face aux conflits contempora­ins. Elle expose dans la chapelle une installati­on intitulée « Mina El Shourouk ila Al Fahmah » qui est constituée d’une tente à l’intérieur de laquelle elle a brodé les vingt-quatre noms arabes désignant les heures du jour et de la nuit, comme « Al Fahmah », heure nocturne se traduisant par le mot charbon. Dans cet espace clos, intime et protégé sont aussi inscrits plusieurs récits qui révèlent le combat acharné et quotidien que les femmes mènent en faveur de l’émancipati­on féminine dans le monde arabe. Cette installati­on est complétée par une broderie spécialeme­nt conçue pour l’occasion, qui détourne le personnage du guerrier de la paix de Picasso en le féminisant, qu’elle met en relation avec le mouvement de contestati­on actuel au Liban. Devenue à son tour ce guerrier protecteur et porteur de paix, un personnage féminin illustre le combat de ces femmes qui parviennen­t à s’évader de leur condition en se retrouvant pour coudre et broder ensemble. Par un étonnant paradoxe, la légèreté de l’étoffe brodée et dont les couleurs peintes sont conçues par l’artiste elle-même à base de curcuma ou de betterave, contraste avec la dureté de la vie difficile de la femme évoquée. Pour compléter l’installati­on, le son est aussi présent par le biais de la diffusion de la voix de la chanteuse libanaise Rima Kcheiche qui donne lecture de la succession des noms des vingt-quatre heures en arabe, plongeant le visiteur dans une atmosphère étrange et douce à la fois que l’on découvrira avec intérêt et curiosité et qui contraste avec la profondeur de la réflexion de l’artiste.

■ Exposition jusqu’au 2 novembre 2020, musée national Pablo Picasso « la Guerre et la Paix «, place de la Libération à Vallauris. Ouvert tous les jours sauf le mardi et le 1er novembre, de 10 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures (jusqu’au 15 septembre) et de 10 h à 12 h 15 et de 14 heures à 17 heures (à partir du 16 septembre).

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(Photo PH. D.) Avec sa tente brodée, Mounira Al Solh interroge fait des femmes sont principal centre d’intérêt.

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