Ouverture des refuges : « une bonne idée », mais...
Par dérogation, les règles de déplacement sont assouplies pour permettre l’adoption des animaux de compagnie. Pas facile à mettre en oeuvre sur la Côte d’Azur
C’est une bonne décision des pouvoirs publics, cela va dans l’intérêt des animaux », entame le responsable du refuge l’Abri, situé à Èze, un refuge de la Société protectrice des animaux, SPA. Depuis hier, les règles de déplacement en période de confinement ont été assouplies pour permettre d’adopter des animaux de compagnie. Cette mesure dérogatoire du ministère de l’Intérieur pose trois conditions : l’adoptant doit choisir en amont son animal sur internet. Il devra ensuite prendre un rendezvous fixe avec l’association qui lui fournira une attestation dématérialisée. Enfin, l’adoptant pourra aller chercher son animal, seul, muni de cette attestation, mais aussi de l’ « habituelle » pour « motif familial impérieux ».
« Le comportement de l’animal avec la famille »
Une bonne idée ? Oui, mais... « Ce n’est pas totalement réaliste », poursuit le responsable de L’Abri. « On ne choisit pas la couleur, la taille d’un animal comme sur un catalogue. Il y a nécessité d’une première entrevue avec les adoptants. Comme pour une agence matrimoniale, sur le papier, l’animal vous plaira peut-être, mais il faut aussi voir son comportement et avec tous les membres de la famille, sinon le mariage est raté », insiste-til. Ce directeur azuréen poursuit : « En plus, cette procédure ne respecte pas totalement les lois en vigueur. Normalement l’adoptant revient une semaine après, le temps pour nous de faire réaliser un certificat d’adoption par un vétérinaire. Ce certificat de bonne santé n’est va- lable que 8 jours ». Lui comme d’autres professionnelles notent cette contradiction : « Les vétérinaires n’ont le droit d’exercer que pour les urgences ou la vente de nourriture ».
Ce responsable de refuge de la SPA a pensé à la solution : « Il faudrait pouvoir délivrer une attestation pour une première visite, ensuite on voit avec le planning des urgences du vétérinaire et dès que c’est fait, on délivre une deuxième association pour qu’un membre de la famille vienne chercher l’animal choisi ».
Tous les refuges concernés ?
Au départ, seuls les refuges de la SPA étaient concernés. Mais après intervention de Loïc Dombreval, député de la 2e circonscription des Alpes-Maritimes, toutes les associations « qui pourront se conformer aux règles du dispositif ministériel » pourront faire adopter de nouveaux leurs pensionnaires. Le hic, c’est qu’elles seront nombreuses à ne pas pouvoir. C’est le cas, par exemple, des Chats de Stella, à Vence. Faute de personnel. « C’est trop contraignant pour nous. Nous n’avons que deux salariés, nous devons être prudents pour eux. Et pour qu’ils puissent continuer à s’occuper de nos 300 chats. Nous n’avons pas de réserve de personnel comme peuvent avoir les grosses associations », constate Jeaninne Hermann, la présidente des Chats de Stella.
La crainte de l’adoption « confinement »
Problématique aussi pour le « refuge » de la SDA - Société de défense des animaux, du centre-ville de Nice : « Nos locaux sont en intérieur et nous ne sommes pas équipés, donc nous ne referons pas d’adoption », commente Julie. Qui précise : « Pour notre refuge de la Conca à Tourrette-Levens, ce sera plus facile. On est train de voir comment mettre tout ça en place dans les prochains jours ».
Des freins logistiques, mais pas seulement. Les refuges craignent les adoptions sur un coup de tête, engendrées par l’ennui dû au confinement. « C’est à double tranchant cette initiative. On a des appels de personnes nous disant qu’elles veulent un animal parce qu’elles n’ont que ça à faire », s’alarme Julie de la SDA. Même inquiétude du côté de l’Abri à Èze. « C’est pour cela qu’il faut deux visites, permettre à l’adoptant de réfléchir avant d’avoir l’animal. Et cela nous permet en dialoguant avec la famille de cerner les motivations et éviter une adoption dont la seule raison est la situation de confinement », conclut le responsable.
Ce type d’adoptions qui pourrait entraîner, dans quelques mois, des abandons massifs.