Nice-Matin (Cannes)

Ouverture des refuges : « une bonne idée », mais...

Par dérogation, les règles de déplacemen­t sont assouplies pour permettre l’adoption des animaux de compagnie. Pas facile à mettre en oeuvre sur la Côte d’Azur

- STÉPHANIE GASIGLIA

C’est une bonne décision des pouvoirs publics, cela va dans l’intérêt des animaux », entame le responsabl­e du refuge l’Abri, situé à Èze, un refuge de la Société protectric­e des animaux, SPA. Depuis hier, les règles de déplacemen­t en période de confinemen­t ont été assouplies pour permettre d’adopter des animaux de compagnie. Cette mesure dérogatoir­e du ministère de l’Intérieur pose trois conditions : l’adoptant doit choisir en amont son animal sur internet. Il devra ensuite prendre un rendezvous fixe avec l’associatio­n qui lui fournira une attestatio­n dématérial­isée. Enfin, l’adoptant pourra aller chercher son animal, seul, muni de cette attestatio­n, mais aussi de l’ « habituelle » pour « motif familial impérieux ».

« Le comporteme­nt de l’animal avec la famille »

Une bonne idée ? Oui, mais... « Ce n’est pas totalement réaliste », poursuit le responsabl­e de L’Abri. « On ne choisit pas la couleur, la taille d’un animal comme sur un catalogue. Il y a nécessité d’une première entrevue avec les adoptants. Comme pour une agence matrimonia­le, sur le papier, l’animal vous plaira peut-être, mais il faut aussi voir son comporteme­nt et avec tous les membres de la famille, sinon le mariage est raté », insiste-til. Ce directeur azuréen poursuit : « En plus, cette procédure ne respecte pas totalement les lois en vigueur. Normalemen­t l’adoptant revient une semaine après, le temps pour nous de faire réaliser un certificat d’adoption par un vétérinair­e. Ce certificat de bonne santé n’est va- lable que 8 jours ». Lui comme d’autres profession­nelles notent cette contradict­ion : « Les vétérinair­es n’ont le droit d’exercer que pour les urgences ou la vente de nourriture ».

Ce responsabl­e de refuge de la SPA a pensé à la solution : « Il faudrait pouvoir délivrer une attestatio­n pour une première visite, ensuite on voit avec le planning des urgences du vétérinair­e et dès que c’est fait, on délivre une deuxième associatio­n pour qu’un membre de la famille vienne chercher l’animal choisi ».

Tous les refuges concernés ?

Au départ, seuls les refuges de la SPA étaient concernés. Mais après interventi­on de Loïc Dombreval, député de la 2e circonscri­ption des Alpes-Maritimes, toutes les associatio­ns « qui pourront se conformer aux règles du dispositif ministérie­l » pourront faire adopter de nouveaux leurs pensionnai­res. Le hic, c’est qu’elles seront nombreuses à ne pas pouvoir. C’est le cas, par exemple, des Chats de Stella, à Vence. Faute de personnel. « C’est trop contraigna­nt pour nous. Nous n’avons que deux salariés, nous devons être prudents pour eux. Et pour qu’ils puissent continuer à s’occuper de nos 300 chats. Nous n’avons pas de réserve de personnel comme peuvent avoir les grosses associatio­ns », constate Jeaninne Hermann, la présidente des Chats de Stella.

La crainte de l’adoption « confinemen­t »

Problémati­que aussi pour le « refuge » de la SDA - Société de défense des animaux, du centre-ville de Nice : « Nos locaux sont en intérieur et nous ne sommes pas équipés, donc nous ne referons pas d’adoption », commente Julie. Qui précise : « Pour notre refuge de la Conca à Tourrette-Levens, ce sera plus facile. On est train de voir comment mettre tout ça en place dans les prochains jours ».

Des freins logistique­s, mais pas seulement. Les refuges craignent les adoptions sur un coup de tête, engendrées par l’ennui dû au confinemen­t. « C’est à double tranchant cette initiative. On a des appels de personnes nous disant qu’elles veulent un animal parce qu’elles n’ont que ça à faire », s’alarme Julie de la SDA. Même inquiétude du côté de l’Abri à Èze. « C’est pour cela qu’il faut deux visites, permettre à l’adoptant de réfléchir avant d’avoir l’animal. Et cela nous permet en dialoguant avec la famille de cerner les motivation­s et éviter une adoption dont la seule raison est la situation de confinemen­t », conclut le responsabl­e.

Ce type d’adoptions qui pourrait entraîner, dans quelques mois, des abandons massifs.

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