Marine : une crise
Dans l’attente des résultats de plus de 500 tests, et alors que 668 marins du déjà été déclarés positifs, l’inquiétude grandit sur les bords de la rade de Charles-de-Gaulle ont et délie les langues
Combien de marins du Charles-de-Gaulle et des navires qui l’accompagnaient pendant les trois mois de la mission Foch seront au final atteints par le coronavirus ? Pour l’heure, les chiffres révélés, mercredi, par le ministère des Armées n’ont pas bougé : 668 marins ont été testés positifs au Covid-19. Les résultats des derniers tests (30 % tout de même, sur un volume de 1 767) seront « connus dans les heures qui viennent », a déclaré Laurent Melchior Martinez, médecin en chef du service de santé de la Force d’action navale, lors d’une conférence de presse organisée hier matin à la Préfecture maritime de la Méditerranée.
Un soutien psychologique mis en place
Seule évolution positive : ce ne sont plus 31 marins qui sont hospitalisés à l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne, mais vingt, dont un en réanimation depuis trois ou quatre jours. « Il est intubé, sous respirateur, mais son état est stationnaire », confie le médecin chef Martinez. Bien entendu, que ce soit à Toulon ou à Brest, les quelque 1 800 marins du groupe aéronaval font l’objet d’un suivi médical très approfondi. « Ainsi que d’un soutien psychologique, car la situation est difficile pour eux, comme pour leurs familles. » Ainsi, des dizaines de médecins et d’infirmières du service de santé des armées sont au chevet des marins mis en confinement pour quatorze jours depuis leur retour au port. « Plusieurs fois par jour, on prend leur température, bien sûr, mais on les questionne aussi pour savoir s’ils n’ont pas perdu le goût ou l’odorat, deux symptômes développés par les personnes atteintes du Covid19. Chaque fois qu’un marin est déclaré positif, on l’isole des autres et on lui administre un traitement médical assez classique à base de paracétamol, mais pas d’antiviraux », explique encore le médecin chef Martinez. « Ce dispositif exceptionnel évolue sans cesse », ajoute le capitaine de frégate Christine Ribbe, porte-parole de la Préfecture maritime de la Méditerranée. « Parmi les dernières améliorations pour rendre la vie des marins confinés plus agréable, des bornes Wi-Fi ont été installées dans les locaux où les marins sont en quatorzaine. Pour ceux qui sont confinés sur la base aéronavale d’Hyères, la médiathèque de la Ville leur est désormais accessible numériquement. Et on a mis en place une collecte de colis pour garder un lien entre les marins et leurs familles devant la base navale de Toulon », ajoute le commandant Ribbe.
La ministre des Armées auditionnée
Mais pour ce qui est de l’origine de la contamination à bord du porte-avions, ou de la gestion de cette crise sanitaire sans précédent, aucune réponse n’a été apportée lors de cette conférence de presse. Si elle comprend certaines critiques, ou l’inquiétude des marins et de leurs familles (lire en page suivante), la porte-parole de la préfecture maritime a systématiquement renvoyé aux deux enquêtes en cours : une épidémiologique et une de commandement. « Attendons le résultat de ces enquêtes pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. »
La ministre des Armées, Florence Parly, qui sera auditionnée aujourd’hui à 15 heures à l’Assemblée nationale, lèvera peut-être le voile sur une situation qui immobilise à quai l’unique porte-avions français.