Grand Débat : l’exécutif pressé de lever les doutes
Macron, en préparant sa lettre aux Français, et Philippe, en recevant hier les syndicats, tentent de gommer les incertitudes
Emmanuel Macron et Édouard Philippe s’activent pour lever d’ici à lundi les incertitudes entourant encore le Grand Débat national. Les deux têtes de l’exécutif se partagent la tâche. A l’Élysée, le Président finalise en toute discrétion la « Lettre aux Français » qu’il doit rendre publique «en tout début de semaine » pour « définir les termes » de cette consultation. A Matignon, le Premier ministre a réuni, hier matin, pour en discuter une grande partie des responsables syndicaux, à l’exception du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez et des représentants de Solidaires qui ont refusé de venir. Mais ils n’ont reçu « aucune précision » sur l’organisation du débat, a indiqué à la sortie François Hommeril (CFE-CGC).
Complexité
Édouard Philippe s’est engagé lundi à présenter les modalités de l’organisation de cette initiative inédite en France, dont il a reconnu la complexité, encore accrue par le retrait de son organisatrice initiale Chantal Jouanno et de la Commission nationale du débat public (CNDP). L’une des urgences désormais est de trouver des « garants incontestables » ,qui devront assurer « l’indépendance » et « la neutralité » de la consultation, selon le Premier ministre. Ces conditions sont indispensables pour convaincre des Français très sceptiques : 81% d’entre eux ont entendu parler du débat, mais ils sont 77 % à penser qu’il ne sera pas mené « de façon indépendante du pouvoir », selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info. Et 70 % s’attendent à ce qu’il ne soit pas utile pour le pays. Or l’exécutif a fait de cette consultation sa priorité des premiers mois de l’année, y voyant la porte de sortie de la crise sociale mais aussi la possibilité de reprendre politiquement la main. Car pour le gouvernement, il n’est pas question que « ce débat tourne au grand déballage » . Il a donc fixé quatre thèmes de discussion autour du pouvoir d’achat, de la fiscalité, de la démocratie et de l’environnement. Est ainsi exclue toute remise en cause de l’IVG, la peine de mort et le mariage pour tous.
« Nous répondrons à tout »
Ces limites sont dénoncées par l’opposition. « Débattre oui ! Bien sûr ! Mais ce grand débat, on ne sait toujours pas qui l’organise, les sujets sont contraints et le gouvernement annonce avant même qu’il commence qu’il “radicalisera” sa politique ! Il y a mieux en terme de crédibilité...» ,a tweeté vendredi Marine Le Pen (RN).
Le président de LR Laurent Wauquiez a pour sa part demandé un débat « ouvert », dont le gouvernement ne doit pas en « verrouill(er) les thèmes ». «Tout ce que les Français diront sera entendu. Nous répondrons à tout. Et cela aura des conséquences concrètes sur des projets de loi majeurs », a assuré le délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini, hier, sur Radio Classique.