Nice-Matin (Cannes)

Nathan Ambrosioni, le jeune Peymeinado­is, tourne dans le Var

À tout juste 18 ans, le réalisateu­r a du talent. Passionné par le 7e art, il est aux manettes d’une première réalisatio­n au budget d’1 million d’euros. Tournage à Draguignan !

- M. B. mbescond@nicematin.fr

On libère le champ svp. Silence ! Moteur demandé ! Ça tourne... Action!» Cet après-midi-là, ils sont une vingtaine à avoir investi une partie de l’avenue de la Cerisaie à Draguignan. Ça fourmille. Ça s’active. Ça court dans tous les sens. Face à l’agitation, quelques badauds viennent jeter un oeil: « Qu’est-ce qu’il se passe ? » lance cette habitante. « Nous tournons un film, Madame », lui répond un technicien. Et pas n’importe lequel. Ce film, c’est celui de Nathan Ambrosioni. À tout juste 18 ans, ce jeune Peymeinado­is réalise son premier long-métrage : Les drapeaux de papier (voir la fiche). Avant de poursuivre le tournage du côté d’Antibes et de la région grassoise, l’équipe filmait il y a peu sa dernière scène dans la cité du Dragon. « C’est notre 10e jour ici. Ce soir, on part dans les Alpes-Maritimes », confirmait Camille Pawlotsky, assistante à la réalisatio­n.

Gérer les contrainte­s

« On se met en place ! Il nous reste 2 h 30 ! Catherine, tu as bien ton talkie-walkie ? Il faut qu’on se dépêche, le soleil est en train de tomber. » Les consignes fusent. Car le tournage en extérieur n’est pas simple. Outre la gestion de la lumière, avec quelques nuages qui prennent un malin plaisir à venir masquer le soleil, il faut aussi bloquer la route à la circulatio­n. Deux personnes sont positionné­es de part en part du lieu de tournage. Mais il y a des couacs. « Mais d’où sortent ces véhicules ? » – « Ils ont dû prendre une contreallé­e… », râle l’équipe. Sans parler des habitants qui sortent de leur domicile. Des passants à qui il faut demander de patienter… Pas facile.Il faudra s’y reprendre à plusieurs fois pour que tout soit parfait. D’autant que « c’est une scène importante où l’on croise plusieurs personnage­s, dont les deux principaux », précise Camille, sans en dire plus pour ne rien révéler de la trame.

« Une bonne énergie »

Sur le tournage, Nathan est concentré. «C’est un bon chef d’équipe. Mais aussi un grand directeur d’acteurs. Je suis très heureuse de participer à ce projet, poursuit l’assistante de réalisatio­n. Sur les premiers films, il y a toujours une bonne énergie. Tout le monde a envie de bien faire. À 18 ans, Nathan est jeune. Mais il y a une bienveilla­nce naturelle qui émane de lui. Et puis il a les épaules taillées pour ce rôle. Il réalise des films en autodidact­e depuis ses 14 ans. Il a ça dans le sang. » Et ça se ressent. Il suffit de le voir cadrer ses acteurs, peaufiner le moindre détail. Dans sa bulle. Avec sa vision des choses. Heureux de son sort. Entre deux scènes, il lance, le regard pétillant : « L’équipe est formidable ! » Et quand on lui demande pourquoi il est venu filmer à Draguignan, il précise : « Je connais bien la ville. J’y viens souvent, mes grands-parents y habitent. Mais on tourne aussi ici parce qu’on a trouvé une maison dont la configurat­ion correspond­ait parfaiteme­nt à ce que je voulais. Avec une atmosphère particuliè­re. Quelque chose d’intemporel qui ne permette pas d’identifier une époque particuliè­re. »

« J’ai appris, j’ai compris »

Pour expliquer sa passion, le jeune homme trouve difficilem­ent les mots. « Je ne me suis pas posé plus de questions que ça. J’adore le cinéma. Je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse. Je savais que c’était ce que je voulais faire. Même si j’étais conscient que ce ne serait pas simple. J’ai appris. J’ai compris. C’est aussi simple que ça.» Et quand on lui demande comment il gère son équipe malgré son jeune âge, il ne se démonte pas. « Sur le tournage, je voulais qu’il se dégage de la bonne humeur. Qu’il y ait une vraie synergie entre nous. Que l’on se dise tous : “Il faut que l’on fasse ensemble le même film, celui qu’on a envie de faire. ” » Cette fiction dramatique aborde deux thématique­s centrales. « Le film tourne autour de la réinsertio­n d’un ancien détenu dans une société qu’il ne connaît plus. Un monde qui ne lui appartient plus. » Pourquoi ce sujet ? « Parce que j’ai lu un article sur la sortie sèche d’un prisonnier. Livré à luimême. Cela m’avait beaucoup touché.

» Mais le scénario aborde surtout les liens entre frères et soeurs. « Une relation où les rapports sont inversés. Avec une petite soeur qui a plus d’armes pour affronter la société que son grand frère, perdu. » Et d’ajouter : « J’entretiens une relation forte avec ma soeur, elle m’inspire beaucoup. » Avec un budget approximat­if d’un million d’euros, le tournage du film se terminera à la fin du mois. Il faudra encore patienter un peu pour le voir derrière les écrans. « Nous espérons qu’il soit prêt pour pouvoir le présenter en mai, lors du prochain festival de Cannes », précisait-on du côté de la production.

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(Photos Philippe Arnassan) Toute l’équipe du film Les drapeaux de papier a tourné pendant une dizaine de jours à Draguignan, au niveau de l’avenue de la Cerisaie.
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Le réalisateu­r et scénariste, Nathan Ambrosioni.
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