Nice: soudain, un trou apparut sur la plage Un lien avec le tram ?
Une crevasse s’est formée avant-hier sur la plage au niveau du palais de la Méditerranée. Impressionnant mais pas inquiétant, assurent un géologue et les services techniques de la Ville
Un trou de plus de 2 mètres de diamètre et d’au moins 1 mètre de profondeur s’est formé au beau milieu des galets, entre les plages du Lido et du Sporting, face au palais de la Méditerranée. Comment est-il apparu ? Qu’en disent les géologues ? Est-il inquiétant ? On fait le point.
Quand s’est-il formé ?
D’après plusieurs témoins, le trou est apparu avant-hier matin. «Des clients nous ont alertés mercredi midi », raconte le personnel du Sporting. Croisé sur place, Ahmed, « pêcheur et chercheur d’or » , affirme avoir vu «le sol s’affaisser d’un coup, vers 9 heures. » Mais les services de la Ville n’en ont été avisés qu’hier matin. Ils ont immédiatement sécurisé la zone, entamé des travaux de comblement et lancé une analyse géotechnique.
Le phénomène est-il fréquent ?
« C’est surprenant », s’exclame, en « Non, le tramway n’a pas fait un détour. » Dans un tweet hier, Christian Estrosi lui-même a fait le lien avec le chantier de la ligne . À quelques dizaines de mètres de là, rue de France, un trou assez ressemblant s’était découvrant les images, le géologue Dimitri Schreiber, docteur en sciences de la Terre et gérant du bureau d’études de sol OGéo, à Nice-Méridia. Son confrère Thomas Lebourg, enseignant et chercheur à l’université de Nice-Sophia Antipolis, n’est pas moins étonné : « Je n’ai jamais vu ça à cet endroit-là. » Côté municipalité, on ne dit pas la même chose: «Ce phénomène a déjà été constaté à Nice en 2007, 2010 et 2012, dans des ampleurs variables. »
Comment s’est-il formé ?
Les géologues appellent ça un fontis. « Au départ, une cavité se forme dans le sous-sol. Et quand elle devient trop importante, le sol en surface s’effondre », décrypte Dimitri Schreiber. Thomas Lebourg avance deux hypothèses : « L’origine peut être anthropique [issue de l’action de l’homme] ou naturelle. En clair: soit un réseau d’eaux usées ou d’eaux pluviales présente une fuite serait surprenante. Et, de toute façon, impossible à prouver. » non loin de là, soit il s’agit d’une poche de gypse (une roche tendre très présente dans le sous-sol niçois) qui s’est dissoute, créant la cavité. Le premier cas serait moins problématique: arrêter un phénomène naturel s’avère bien plus compliqué… » D’après les services municipaux, l’origine anthropique est exclue : «Les fontis se produisent lorsque des sols meubles, comme du sable, sont surmontés par des terrains plus denses, comme des galets. L’action de la gravité ou une dissolution due à des remontées de nappes phréatiques ou de circulations d’eaux souterraines crée une cavité, provoquant un effondrement vertical en surface. »
Faut-il s’inquiéter ?
Non, assurent les services techniques de la Ville : « Les lentilles de sables à l’origine de ce phénomène sont souvent déposées au gré des coups de mer. Et la période de pluie qui génère l’érosion à l’origine des fontis est plutôt hivernale. La probabilité que cela arrive l’été n’est pas nulle, mais beaucoup plus faible. » Le géologue Thomas Lebourg n’est pas inquiet non plus: «D’abord parce que les services municipaux sont très compétents et savent ce qu’ils font. Ensuite parce que les mouvements de terrain, dans notre région, se produisent plutôt entre novembre et mai. L’été, ils sont beaucoup plus rares. » Et quand bien même cela se produirait à l’heure du bain de soleil estival, « il y a peu de chances que les gens soient ensevelis. À moins que l’on découvre une gigantesque cavité en sous-sol. Mais si c’était le cas, on s’en apercevrait rapidement car un tel phénomène se creuse en plusieurs années.» Vous pourrez donc, cet été, bronzer sur vos deux oreilles.