Le théâtre d’impro sur le devant de la scène Ce qu’ils en pensent Carmina Burana : grandiose!
Bien souvent quand on dit « théâtre d’improvisation», on a tendance à sourire en pensant que ces «jeux de rôle» ne servent qu’à s’amuser et n’ont rien de sérieux ! Et pourtant, s’il est vrai que le but est de s’amuser, ces exercices ont aussi d’autres finalités. Ce théâtre permet d’appréhender le partage, l’écoute, l’observation, de développer la créativité, l’imagination et de gagner en confiance en soi !
membres, plusieurs niveaux
À Cannes, la LICA (ligue d’improvisation de la Côte d’Azur) fondée depuis un an et demi par Stéphane Brun n’en finit pas de séduire les amateurs du genre. Chaque semaine, plus de 45 membres, scindés selon leurs niveaux d’expérience, se retrouvent dans les locaux de Cannes Bel âge. Après un échauffement où chacun s’extériorise à sa façon, les comédiens se lancent dans l’interprétation de personnages autour de thèmes fournis par le prof. Car, si dans le théâtre traditionnel, le principe est d’entrer dans un costume taillé par un auteur, ici c’est l’inverse ! Pas de texte, pas de répétition, juste 30 secondes de réflexion appelé « caucus » et place à l’imagination. C’est faire du théâtre sans apprendre un texte par coeur. Mais attention, tout doit être maîtrisé. Pas question de faire ou dire n’importe quoi, il faut que son jeu soit cohérent avec celui de ses partenaires.
Spontanéité et répartie
C’est là qu’interviennent observation et écoute afin d’anticiper les réactions des autres comédiens tout en gardant une certaine spontanéité. Important aussi le langage corporel qui n’a pas La compagnie de ballets du Grand Théâtre de Genève et l’Orchestre de Cannes ont été les grands “triomphateurs” de la soirée proposée par le Festival de danse autour des Carmina Burana dans le grand auditorium du Palais des Festivals et des Congrès. Le public a vécu un véritable événement de par la dimension de l’effectif engagé (plus de 250 artistes) et la qualité d’ensemble de l’interprétation. Un spectacle grandiose, d’une belle esthétique, une chorégraphie signée Claude Brumachon assisté de Benjamin Lamarche, d’une rare densité avec des danseurs à la technique maîtrisée mise au service d’une expression dramatique de tous les instants.
Richesse et diversité
Sur le plan des individualités mais aussi des ensembles, cette exécution fut de toute beauté, avec une occupation intelligente de l’espace scénique, un engagement physique besoin de mots pour laisser parler ses émotions. Et si l’humour fait partie intégrante de l’impro, il n’est qu’une composante du geste théâtral et non la clé de la créativité. D’où l’importance de développer une bonne répartie. Quoi qu’il en soit, les amateurs d’impro se lâchent réellement. Ils développent un bon esprit d’équipe, partent en week-end d’initiation, se retrouvent autour de matches ou de catchs d’impro et se font de belles tranches de rigolade. Une activité saine qui fait intervenir et interprétatif passionné mettant en valeur l’épure stylistique aussi bien que la virtuosité d’une danse profondément engagée et pourtant si humaine, symbolique l’ensemble des émotions, et qui ne peut être que bénéfique pour ses relations aux autres tant dans sa vie personnelle que professionnelle ! de la force et de la fragilité de l’être. La beauté des costumes et des éclairages au service de la gestuelle et de la puissance des mouvements ont aussi apporté Je me suis inscrit dès que j’ai vu naître cette association. Et bien m’en a pris ! Ici, pas de « star », on fait réellement partie d’un groupe et on doit construire avec le jeu des autres, ce qui oblige à oublier son ego. Cette activité m’a permis de m’extérioriser et même de me révéler à moi-même. En fait, ça me rend heureux et j’attends nos cours avec impatience. Depuis que je suis entrée dans l’équipe, j’ai réellement évolué. Je fais des choses que je n’aurais jamais imaginé pouvoir faire en public. On apprend énormément sur soi. On se sent tellement portée par les autres que ça donne confiance en soi. On a plaisir à se retrouver et on s’amuse beaucoup, sans crainte d’être jugé. Nous avons des membres de tous les âges et chacun y trouve son plaisir. On évolue dans un excellent état d’esprit, de partage et de bienveillance. Et si on prend tout ce qui arrive, on ne s’oblige à rien. Bien qu’il y ait des codes, l’important est de laisser parler ses émotions et de construire une histoire ensemble. beaucoup à ce spectacle total qui parlait autant aux sens qu’à l’esprit. À la tête d’un orchestre de Cannes fortement renforcé pour la circonstance, Benjamin Levy a tenu musicalement la soirée d’une baguette précise et énergique, parvenant à gérer les difficultés du regroupement des choeurs à droite de l’orchestre et non pas au centre de la scène derrière l’orchestre. Il a souligné la richesse et la diversité descriptive de la partition, sollicité les différents pupitres, entraîné les solistes (Céline Mellon, Christophe Berry et Jean-Christophe Lanièce) dans sa vision maîtrisée et structurée de la partition, parvenant aussi à dynamiser au final une masse chorale qui est parfois apparue vocalement et stylistiquement comme le maillon faible de cet ensemble, pour offrir aux ballets l’écrin musical nécessaire pour exprimer toute la sensibilité de l’expression chorégraphique. Une magnifique soirée vécue intensément par le public qui n’avait pas laissé une place de libre dans l’auditorium.