Nice-Matin (Cannes)

À l’accueil de jour et de nuit: « C’est complet tous les soirs »

-

Au bout de l’impasse Licklama, quartier République, une entrée discrète. C’est l’accueil de jour et de nuit de Cannes pour les sansabri. Le seul refuge de tout le territoire de la CACPL. Le comptoir d’accueil dispose d’une vitre depuis peu. «L’an dernier, deux gardiens ont été agressés. L’affaire est en cours », explique la directrice du CCAS Elisa Letellier. Nouveauté depuis septembre : il faut une carte d’identité pour entrer. Chaque jour, 30 à 40 personnes viennent trouver chaleur et nourriture en journée. Elles sont encore plus nombreuses depuis septembre. C’est une grande salle aux murs blancs. Propre mais sans chaleur. Quelques tables. Une bibliothèq­ue de livres. Un écran qui diffuse une série TV. Et des âmes à la dérive, sagement assises. Profitant d’un peu de répit et de chaleur. « Je suis ici depuis dix jours », confie Jacques (1), 53 ans, ex ouvrier du bâtiment, sans logement depuis deux mois, sans famille ni ressources. « Je suis malade. J’attends mon opération. J’espère pouvoir retravaill­er après. Cela peut arriver à tout le monde. Ici ça va, il faut respecter les règles. Je ne parle pas à grand monde...». Difficile de partager sa galère. Les mots se heurtent aux maux...

« Plus de femmes »

Une femme, casquette sur le chef, abîmée par la rudesse de la rue, réchauffe ses mains d’un gobelet de café brûlant. Depuis un mois, elle vit ici. À l’accueil de nuit ouvert dix mois sur douze. « On compte plus de femmes que d’habitude. Les profils sont divers : intérimair­es, jeunes majeures, personnes très âgées...» souffle Elisa Letellier. Ce sont des chambres à deux, trois ou cinq pour 17 hommes et 7 femmes. C’est complet tous les soirs ». L’autre fois, coup de froid, 28 hommes et 8 femmes étaient hébergés. Moyennant depuis 18 mois, 1€ la nuit « pour éviter 100 % d’assistanat». Une douche. Une machine à laver à dispositio­n. Un repas. En 2016, plus de 12 000 ont été servis ici par la Sodexo. Difficile à vivre. À assumer. « Mon fils de 26 ans ne sait pas que je suis ici », nous confie Pierre (2), 54 ans, lunettes carrées, bouc bien taillé, un Cannettan sans logement depuis quatre ans, qui erre de squat en squat. « Je suis démoralisé. Quand on n’a pas de logement et pas le moral, on ne peut pas travailler. L’essentiel de mon temps,

je le passe à la plage », glisse cet ancien maçon en attente du RSA depuis 18 mois. Amer et résigné.

« J’ai cotisé 24 ans, vous

savez... » L’accueil cannois (jour et nuit) bénéficie d’une subvention de plus de 91 000 € de la Direction départemen­tale de la cohésion sociale et d’un coût de fonctionne­ment de 22 000 € pour la ville. Avec un travail d’accompagne­ment psychologi­que et social. Mais les chiffres parlent tristement d’eux-mêmes. Sur 500 personnes hébergées chaque année, seulement une soixantain­e parviennen­t à sortir de la rue. 1/2 : Les prénoms ont été changés.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France