Tout-Petits : Emotions et art vont si bien ensemble...
La médiation du musée Bonnard vient de réaliser un pas de plus, et non des moindres, vers l’élargissement de son public, cette fois, en s’adressant aux tout-petits : dix enfants âgés de 18 mois à 2 ans et demi. Pourtant, la sensibilisation à l’art, et plus spécialement à la peinture de Pierre Bonnard, semblait à tout le moins un challenge périlleux que Fanny Lejay a relevé de belle manière : « Mon intuition me poussait à toucher ce public. Après tout, les jeunes enfants sont très émotionnels, et la peinture de Bonnard se prête idéalement à cette approche sensible de l’art. » Avec, en plus, l’objectif issu du partenariat avec l’association Unis-Vers-Elles, qui consiste à favoriser l’épanouissement de l’enfant par la conscience des émotions. Partenariat avec la crèche Villa Gentil Mais le déclencheur du succès de ce nouvel atelier, intitulé « Les émotions des tout-petits à travers l’art », et réalisé à la crèche Villa Gentil, a été l’excellente coopération engagée avec sa directrice, Agnès Denis. «J’ai dû laisser tomber, en entrant ici, mes attentes de performances et de résultats», analyse la médiatrice. Comme m’a dit Agnès, ici, on suit le rythme et les envies des enfants et on prend ce qui vient... » Pas question en effet de donner des instructions. « On a approfondi le concept des émotions, et de leur prise de conscience, par le jeu. » Six séances de 2 h 30 environ ont ensuite pris place de janvier à juin. Une durée indispensable à la progression spectaculaire du « travail », qui est aussi et surtout un jeu. Figures, ballons, personnages ont été les supports des expressions émotionnelles vite identifiées par les petits. Ils ont ensuite été invités à traduire chacune d’elles par le biais de leur propre créativité, en jouant à peindre au glaçon et au doigt. Quant au repérage des émotions qui se dégagent des oeuvres de Bonnard sélectionnées par Fanny, il impressionne par sa justesse. Mais le plus passionnant est peut-être de s’apercevoir que les couleurs choisies par Bonnard et celles choisies par les enfants pour traduire une même émotion sont très similaires. L’émotion aurait-elle une couleur universelle ? Peut-être !