Comment Internet a pénétré l’intimité Sexo
De la rencontre aux relations intimes, le Web a changé les rapports entre les individus. Il a facilité leur rapprochement et met à leur portée une foule d’informations plus ou moins fiables
Petit test : tapez le mot « sex » dans un célèbre moteur de recherche. Vous obtenez... 3 220 milliards de résultats. La version française avec le « e », « sexe », affiche elle 575 milliards de résultats. Autant dire que la littérature érotique au sens très (très) large a inondé Internet. Du coup, elle influence forcément les comportements de la vie amoureuse. Sandra Guiadeur, conseillère conjugale et sexologue toulonnaise, a évoqué cette thématique au cours de son dernier « café sexo ». Un sujet qui ne laisse pas indifférent. « Tout le monde est concerné. Les jeunes, c’est une évidence, mais aussi les personnes âgées. Elles aussi sont sur les réseaux sociaux, utilisent les sites de rencontres, prennent des risques ! »
Toujours inscrit sur un site de rencontre ?
L’accès est facile, même plus besoin d’avoir un ordinateur, un smartphone suffit. Internet a changé la donne. Désormais, la rencontre n’a plus rien de fortuite, elle est provoquée. Ceux qui cherchent un partenaire d’une nuit ou d’une vie s’inscrivent sur des sites ou applications selon ce qu’ils recherchent. Ils dressent le portrait-robot de l’être convoité qui leur apparaît ainsi sur un plateau. De l’algorithme va découler une rencontre. « Les premiers contacts se font par écrit. Certains sont un peu perturbés par le fait que leur interlocuteur n’y va pas par quatre chemins. Il explique que ce qu’il recherche c’est du sexe. Dans ce cas, il n’y a plus d’ambiguïté... mais plus non plus le plaisir de la découverte, de la séduction », explique Sandra Guiadeur. Et lorsque se forme le couple, Internet peut devenir un problème si c’est par ce moyen que les compagnons se sont connus. « Des questions peuvent parasiter la vie à deux notamment : “Est-ce qu’il est toujours inscrit sur le site de rencontre ?” Parfois, le Web va être un moyen de réaliser des fantasmes. L’échangisme par exemple devient plus facile. Certains vont le tenter alors qu’ils n’auraient pas osé sans le biais d’Internet. »
« Il n’y a plus d’excitation»
Les comportements ont considérablement changé avec l’avènement du numérique. La pornographie est à portée de clic. Là où il fallait pousser la porte d’un vidéoclub il y a quelques décennies, plus besoin de sortir de chez soi ou de payer un abonnement à une chaîne de télévision. «On voit tout, on trouve tout sur le Net. Certains enchaînent les plans d’un soir mais n’y prennent plus de plaisir. Leur désir s’est évaporé. Il n’y a plus de transgression, plus d’excitation», commente la sexologue. Elle reçoit régulièrement des gens qui ne savent plus ce qu’ils veulent, ce dont ils ont besoin. Trop d’images, trop d’informations ont provoqué une overdose de sexe. Certains sont d’autant plus perdus qu’ils n’ont pas été éduqués à la sexualité, ils ne savent pas ce qu’il se passe « en vrai ». « Il m’arrive d’entendre des jeunes qui confondent la réalité avec un film porno. Ils veulent être performants, que ça dure longtemps, jouir... mais ils ne savent pas s’y prendre, ils ne font que reproduire ce qu’ils ont vu ». Sandra Guiadeur est pour autant optimiste. « Car Internet c’est aussi une mine d’informations : sur les MST [maladies sexuelles transmissibles], les moyens de contraceptions, les médicaments d’aide à l’érection, etc. » Finalement, le Web est comme le sexe : pour pouvoir en profiter pleinement, il faut apprendre à bien s’en servir.