Nice-Matin (Cannes)

Le bavard de l’Elysée

- Par DENIS JEAMBAR

« Il tire la sonnette d’alarme sur le risque de voir le FN triompher, mais oublie de s’interroger sur sa responsabi­lité dans cette menace qui s’avance. »

Le compte à rebours a commencé. Inexorable. Dans deux mois, François Hollande quittera l’Elysée. Quel que soit l’élu, espérons qu’il fera preuve de plus d’élégance que le vainqueur de , qui abandonnai­t Nicolas et Carla Sarkozy sur le perron de l’Elysée et les laissait regagner leur voiture en leur tournant le dos. Tout était dit dans ce geste. François Hollande, à cet instant, n’était déjà pas à la hauteur de sa mission. Ce n’est pas un adversaire dont il devait respecter le départ, mais la fonction présidenti­elle. On ne lui souhaite pas le même sort alors que son bilan et son comporteme­nt actuel l’accablent. De quoi se mêle-t-il, cet homme qui s’est dérobé par peur de perdre dans les urnes ? Il a abandonné le champ électoral mais s’autorise des commentair­es sur la bataille en cours. Il tire la sonnette d’alarme sur le risque de voir le Front national triompher, mais oublie de s’interroger sur sa responsabi­lité dans cette menace qui s’avance. Il se drape dans son devoir, faire rempart à l’extrême droite, son dernier combat de Président. Très bien. Que n’y a-t-il pensé plus tôt dans la conduite des affaires du pays ! Son échec fait le lit de la candidate du FN. Certes, la progressio­n de l’extrême droite est une histoire vieille de  ans, mais la gauche durant ces trois décennies a joué avec le parti lepéniste. Cette épine dans le flanc de la droite républicai­ne arrangeait bien ses affaires électorale­s. L’effet boomerang est donc terrible pour le Président sortant. A jouer avec les allumettes, on finit par foutre le feu. La parole présidenti­elle sur ce sujet est donc dévaluée. On ne soupçonner­a pas évidemment François Hollande de la moindre sympathie frontiste, mais nul ne peut l’exonérer de calculs dans lesquels il s’est perdu. Au nom de quoi peut-il aussi adresser des leçons aux candidats en campagne ? Ce n’est pas Cincinnatu­s qui se retire après la victoire ! Il sort de scène sans gloire, après avoir ruiné son parti, victime de ses vaines combines pour pouvoir être candidat sans risque, comptable d’un bilan médiocre que viennent rappeler les  milliards d’euros de déficit de notre commerce extérieur en janvier, preuve qu’il n’a pas redressé, malgré ses bulletins de victoire, la compétitiv­ité de notre pays. Il le laisse lourd de plus de   milliards d’euros de dettes, de déficits trop importants et d’un chômage de masse aggravé pendant son quinquenna­t. Il donne des leçons sur l’Europe de demain, mais qu’a-t-il fait de décisif en la matière ? Peu de choses, sinon gérer les crises au fil de l’eau. Pas de vision. Pas de cap. Les Français ne s’y trompent pas. Son impopulari­té demeure massive, s’aggrave même ces derniers jours. Ils ne l’écoutent plus. Il est le seul à croire que sa parole est encore audible. Il se grandirait de se taire. Mais il ne saura pas.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France