Le bavard de l’Elysée
« Il tire la sonnette d’alarme sur le risque de voir le FN triompher, mais oublie de s’interroger sur sa responsabilité dans cette menace qui s’avance. »
Le compte à rebours a commencé. Inexorable. Dans deux mois, François Hollande quittera l’Elysée. Quel que soit l’élu, espérons qu’il fera preuve de plus d’élégance que le vainqueur de , qui abandonnait Nicolas et Carla Sarkozy sur le perron de l’Elysée et les laissait regagner leur voiture en leur tournant le dos. Tout était dit dans ce geste. François Hollande, à cet instant, n’était déjà pas à la hauteur de sa mission. Ce n’est pas un adversaire dont il devait respecter le départ, mais la fonction présidentielle. On ne lui souhaite pas le même sort alors que son bilan et son comportement actuel l’accablent. De quoi se mêle-t-il, cet homme qui s’est dérobé par peur de perdre dans les urnes ? Il a abandonné le champ électoral mais s’autorise des commentaires sur la bataille en cours. Il tire la sonnette d’alarme sur le risque de voir le Front national triompher, mais oublie de s’interroger sur sa responsabilité dans cette menace qui s’avance. Il se drape dans son devoir, faire rempart à l’extrême droite, son dernier combat de Président. Très bien. Que n’y a-t-il pensé plus tôt dans la conduite des affaires du pays ! Son échec fait le lit de la candidate du FN. Certes, la progression de l’extrême droite est une histoire vieille de ans, mais la gauche durant ces trois décennies a joué avec le parti lepéniste. Cette épine dans le flanc de la droite républicaine arrangeait bien ses affaires électorales. L’effet boomerang est donc terrible pour le Président sortant. A jouer avec les allumettes, on finit par foutre le feu. La parole présidentielle sur ce sujet est donc dévaluée. On ne soupçonnera pas évidemment François Hollande de la moindre sympathie frontiste, mais nul ne peut l’exonérer de calculs dans lesquels il s’est perdu. Au nom de quoi peut-il aussi adresser des leçons aux candidats en campagne ? Ce n’est pas Cincinnatus qui se retire après la victoire ! Il sort de scène sans gloire, après avoir ruiné son parti, victime de ses vaines combines pour pouvoir être candidat sans risque, comptable d’un bilan médiocre que viennent rappeler les milliards d’euros de déficit de notre commerce extérieur en janvier, preuve qu’il n’a pas redressé, malgré ses bulletins de victoire, la compétitivité de notre pays. Il le laisse lourd de plus de milliards d’euros de dettes, de déficits trop importants et d’un chômage de masse aggravé pendant son quinquennat. Il donne des leçons sur l’Europe de demain, mais qu’a-t-il fait de décisif en la matière ? Peu de choses, sinon gérer les crises au fil de l’eau. Pas de vision. Pas de cap. Les Français ne s’y trompent pas. Son impopularité demeure massive, s’aggrave même ces derniers jours. Ils ne l’écoutent plus. Il est le seul à croire que sa parole est encore audible. Il se grandirait de se taire. Mais il ne saura pas.