Dérapage budgétaire: le Portugal juge la sanction injuste
La menace de sanctions contre l’Espagne et le Portugal, en dérapage budgétaire, s’est concrétisée, hier, avec le déclenchement d’une procédure inédite dans l’histoire de la zone euro, dans une Europe encore sous le choc du Brexit. Les ministres des Finances de la zone euro, réunis dans le cadre d’un conseil des grands argentiers de l’UE à Bruxelles, ont constaté que ces deux pays « n’ont pas pris les mesures nécessaires » pour corriger leurs déficits, déclenchant un processus sans précédent pouvant conduire à des pénalités financières. La Commission européenne, chargée du respect des règles, a désormais vingt jours pour proposer des amendes, dont le montant maximum est de 0,2 % du Produit Intérieur Brut. Ces dernières pourraient donc s’élever jusqu’à 2,2 milliards d’euros pour l’Espagne et 360 millions d’euros pour le Portugal, selon des calculs basés sur les chiffres de PIB de 2015 fournis par l’Office des statistiques européens. L’exécutif européen est également dans l’obligation de proposer une suspension totale ou partielle des fonds structurels destinés à des projets en 2017. Les fonds concernés pour l’an prochain s’élèvent pour l’Espagne à 1,3 milliard d’euros et pour le Portugal à 500 millions d’euros, selon une source européenne. De leur côté, Madrid et Lisbonne ont dix jours à compter de ce mardi pour faire valoir leurs arguments auprès de la Commission européenne et l’inciter à la clémence. Le Premier ministre portugais Antonio Costa a fustigé le processus de sanctions, « un contresens », selon lui. « Il est injustifié et contreproductif d’appliquer la moindre sanction au Portugal », a-t-il lancé. L’exécutif européen est dans une situation délicate: il doit satisfaire d’un côté les tenants de l’orthodoxie budgétaire, Allemagne et PaysBas en tête, et de l’autre, ne pas se mettre à dos les pays plaidant la flexibilité, représentés par l’Europe latine, le tout dans un contexte particulièrement difficile après la décision par référendum des Britanniques de sortir de l’UE il y a moins de trois semaines.