Six Gendarme et un... facteur à Saint-Tropez
À chaque rencontre, Michel Galabru revenait bien volontiers sur les sempiternelles questions autour du Gendarme. Le dernier entretien, cet été, pour évoquer l’ouverture du musée de la Gendarmerie de Saint-Tropez en juin 2016 où il figurera en bonne place, n’a pas fait pas exception à la règle. « Oh vous savez, on peut pas dire que Le Gendarme, c’est du Balzac (rire). C’est du vide tout ça, rugissait-il avec sa faconde provençale avant de glisser malicieux, mais faut pas l’écrire… À l’époque Jean Rochefort m’avait dit : “Tu ne vas pas tourner dans cette connerie quand même”. Je l’ai fait. Je n’avais rien d’autre ! Mais bon, pour le village ce musée sera une attraction. C’est comme Bardot. De Funès ça attire le chaland ! Et puis c’était un brave homme », observait-il.
Dix films avec De Funès
Un brave homme qu’il a côtoyé dans l’uniforme de l’adjudant Gerber de 1964 à 1982 pour les six opus tropéziens. La légende veut d’ailleurs que ce soit De Funès luimême qui ait imposé Galabru à la production. Leur toute première collaboration sur un plateau remonte à 1962 dans Nous irons à Deauville, et compte en tout dix films dont Jo et Le Petit Baigneur. Même pour L’Avare, film qu’il coréalisa avec Jean Girault, Louis de Funès fit appel à son fidèle ami. Après le dernier Gendarme ,un réalisateur trouva assez « subtil » d’embaucher le comédien pour renouer avec le petit village varois. Ce sera Le Facteur de SaintTropez en 1985… « J’ai tourné ça moi ? (il réfléchit) Ah oui, je me souviens mais la vedette c’était plutôt Paul Préboist. Le producteur était un peu trouble. J’ai appris que son fric venait du cul des bonnes femmes ! (rire) Moi je n’ai tourné que quelques jours. Alors on me dit souvent : “Monsieur Galabru vous avez fait 250 films.” Mais c’est plutôt 200 fois deux jours. Voilà la vérité ! (rire) », aimait-il raconter lorsqu’on l’interrogeait sur une filmographie de « navets » assumés, tournés « par nécessité pour payer les impôts ».
Merci à Gerber
Balzac ou pas, Michel Galabru ne crachera jamais dans la soupe de l’adjudant Gerber. « À l’époque pour Le Gendarme, on m’a donné 4 000 francs ! On m’a souvent fait comprendre qu’il ne fallait pas être trop gourmand. J’ai toujours accepté ce que l’on me proposait. Aujourd’hui, n’importe quel acteur dans le besoin acceptera 100 000 € pour une merde. On est tous pareils. Je reste toutefois marqué par ce rôle du Gendarme. Je n’oublie pas qu’après, les théâtres où je jouais affichaient complet », avait coutume d’analyser Galabru, toujours lucide sur un uniforme qui a fait de lui l’acteur populaire par excellence dans le coeur des Français.