Monacair enfin maître du ciel monégasque ?
Après un feuilleton à rebondissements, la société a effectué son premier vol entre Nice et Monaco dans le cadre de la ligne régulière. Mais HéliAir Monaco n’a pas dit son dernier mot
Une page s’est définitivement tournée samedi 2 janvier au matin sur l’héliport de Monaco. Après plus de quarante ans d’exploitation, la société HéliAir Monaco, portée par le fondateur Jacques Crovetto, a cédé le marché de la ligne régulière MonacoNice-Monaco, représentant aujourd’hui 50 000 passagers par an, au profit de son unique concurrent, Monacair. Après un conflit long de plusieurs mois, la date de reprise fixée au 1er janvier 2016 par le gouvernement monégasque a donc pu être honorée. Une exigence qui semblait quasiment impossible à respecter étant donné les fortes tensions sociales suscitées par ce changement de mains historique. Pourtant, le deal a bien été rempli par Monacair qui a effectué son premier vol samedi matin.
millions d’euros d’investissement
Et c’est à un couple de Britanniques qu’est revenu l’honneur d’effectuer ce vol hautement symbolique de Monacair, sur la ligne régulière Nice-Monaco, samedi dans la matinée. « Ils étaient ravis et assez étonnés de voir autant de monde les accueillir à leur arrivée sur la piste et avec autant d’attention. Je crois qu’on était encore plus heureux qu’eux. En même temps, c’est exactement cette qualité-là de service que je souhaite pour cette ligne », confiait hier Gilbert Schweitzer, directeur général de Monacair, après seulement 48 heures de gestion de cette ligne. Jusqu’ici, cette société monégasque, fondée par Stefano Casiraghi en 1988, exploitait 20 hélicoptères privés uniquement pour des vols VIP – une activité qui perdure. Gilbert Schweitzer admet que la ligne régulière, « c’est vraiment un métier dans le métier » .Etpourassurer ce nouveau marché, qui doit assurer un vol tous les quarts d’heure, Monacair a dû investir plus de 17 millions d’euros pour l’achat de six nouvelles machines. Des Écureuil monomoteur H130, « le nec plus ultra », selon le directeur général. Et proposer de nouveaux services attractifs comme l’embarquement à destination finale, en liaison avec les compagnies aériennes. Côté salarié, Monacair, qui était dans l’obligation de récupérer 59 salariés sur les 120 d’HéliAir Monaco, tourne pour l’instant, avec une quarantaine de personnes, dont 25 pilotes. «Onest à 60 % de l’effectif total mais c’est la période la plus calme de l’année pour nous. Cela permet de nous roder plus tranquillement. »
HéliAir Monaco tente un retour
Monacair s’est fixé un objectif de 100000 passagers par an d’ici à 2020. Mais le ciel semble déjà s’obscurcir. Sorti par la porte, le fondateur d’HéliAir Monaco, Jacques Crovetto, qui a d’ailleurs conservé une soixantaine de salariés, prépare son retour par la fenêtre. « Le gouvernement monégasque a donné l’exclusivité de cette ligne à Monacair mais uniquement sur le sol monégasque. Nous allons soutenir très fortement Hélisécurité (société française de transport en hélicoptère, NDLR) sur cette ligne, depuis la France. » Jacques Crovetto utilise en effet l’accord franco-monégasque de réciprocité qui permet à une société française l’exploitation de cette ligne régulière depuis le sol français. Mais jusqu’ici, la France délaissait ce marché, trop coûteux. La société Hélisécurité, basée à Grimaud (Var) et spécialisée dans les vols vers les stations de ski, a confirmé un rapprochement. La direction a seulement indiqué qu’HéliAir Monaco assurait « sa représentation commerciale sur la Principauté et lui servait d’assistance aéroportuaire et héliportuaire (personnel au sol) à l’aéroport de Nice-Côte d’Azur ». Monacair a donc remporté une bataille mais la guerre du ciel monégasque ne semble pas près de se terminer.