MX Magazine

Lesyeux danslesyeu­x

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Une première saison réussie en 450, une collaborat­ion fructueuse avec Aldon Baker, une prochaine participat­ion au SX de Lille mais aussi une étonnante nonsélecti­on au MXDN, la saison de Marvin Musquin est riche et excitante. Autant de thèmes qui suscitent de l’attrait et des interrogat­ions. Pour les réponses, on a oublié le web et l’excès des réseaux sociaux pour aller voir Marvin lors d’un break en Normandie. Cool !

Avec un peu de recul, comment analyses-tu ta première saison en 450? « Je savais que ce serait difficile. D’autant que ma préparatio­n a été perturbée par mon problème au poignet. Derrière la grille, il y a tout ce qui se fait de mieux en supercross. J’avais gagné le championna­t Lites la saison dernière mais je me doutais que j’aurais besoin d’un temps d’adaptation sur la 450. Je retiens surtout le bon travail effectué et ma progressio­n constante au fil de la saison. »

Où se situent ces résultats (7e du SX et 3e de l’outdoor) par rapport à tes objectifs initiaux ? « Je voulais avant tout évoluer tout au long de la saison. Je connais mieux les circuits à l’est donc je me doutais que je serais plus à l’aise en seconde partie de saison et qu’il fallait être patient sur les circuits de la côte Ouest. C’est exactement ce qu’il s’est passé alors on ne peut pas dire que j’étais réellement surpris de me battre pour le podium en arrivant à l’est. En revanche, si l’on m’avait dit en début de saison que je ferais dix-neuf tours en tête d’une finale pour terminer second derrière Dungey (Atlanta), j’aurais eu un peu de mal à le croire (sourire). Cela montre qu’avec un bon départ, une bonne préparatio­n, une moto bien réglée et une bonne dose de confiance, tout est possible. »

Pourquoi parles-tu davantage du SX? « J’ai toujours préféré cette discipline. Les circuits, les stades, l’ambiance, le schéma des courses… Pour moi, ça reste LE championna­t. Ça ne m’empêche pas d’aimer le MX et d’être content de mes résultats. Sur le podium, j’éprouve la même satisfacti­on. L’avantage aux US, c’est qu’à la fin du SX tu as hâte de rouler en MX et qu’à la fin de l’outdoor, il te tarde de reprendre le SX. » (rire) Revenons sur ta deuxième place au SX d’atlanta. C’est motivant ou découragea­nt? « Juste après mon erreur, tout s’est écroulé. C’était la fin du monde. Cette 2e place restait mon meilleur résultat, mais pour moi, j’avais tout loupé et j’ai eu du mal à retenir mes larmes. Ce n’est qu’en voyant la satisfacti­on de mon entourage que j’ai commencé à réaliser et à relativise­r. Ça reste une très belle finale. Les retardatai­res font partie de la course même lorsqu’ils s’appellent James Stewart. Il ne m’a pas facilité la tâche en restant sur la trace que je prenais depuis 19 tours, mais je n’ai pas non plus pris la bonne option. Je ne veux donc pas me cacher derrière cette excuse. »

Ce sera encore plus dur de confirmer l’an prochain? « Ce sera ma deuxième saison en 450. J’aurai plus d’expérience. J’espère simplement arriver mieux préparé que l’an dernier à Anaheim et surtout sans problème physique. Après, il y aura de nouveau tous les meilleurs pilotes derrière la grille et tout restera à faire. C’est comme si on repartait de zéro à chaque fois. »

Que manque-t-il à un pilote comme toi pour devenir champion? « Je suis conscient de mes faiblesses. Il faut bosser et prendre confiance dans son pilotage, son physique ou dans ses choix techniques pour avoir une moto parfaiteme­nt adaptée à ses besoins. C’est un ensemble de choses. Je m’entraîne tous les jours avec Dungey. Je sais donc ce qu’il me manque par rapport à lui. Il est plus fort physiqueme­nt, mais nous n’avons pas non plus le même gabarit. J’ai d’autres arguments sur lesquels il faut que je m’appuie. »

T’en penses-tu capable ? « Oui. J’ai vu cette saison que j’étais parfois capable de faire des choses techniques mieux qu’un Dungey ou qu’un Roczen. Ce qu’il faut, c’est rester régulier et performant quelle que soient la terre ou le circuit. C’est ce qui fait la force de Dungey. J’ai prouvé qu’avec un bon départ, je pouvais me battre pour un podium ou une victoire. Jouer la gagne sur le championna­t, c’est la marche audessus. J’ai goûté à ça en 250 et remporter le titre en 450 reste mon objectif ultime. Le problème, c’est que tous les pilotes derrière la grille ont le même (sourire). C’est ce qui fait la beauté de ce sport. »

Vu le nombre de blessés cette

année, faire une saison complète apparaît presque comme un exploit. Comment expliques-tu toutes ces blessures? « Le MX reste un sport dangereux. On contrôle beaucoup de choses sur la moto, mais malheureus­ement pas tout. Une erreur en SX peut très vite arriver. Lorsque tu multiplies cela par le nombre d’entraîneme­nts et de courses que nous faisons par saison, le risque augmente forcément. Certaines années, il y a plus de blessés que d’autres. Il faut aussi avoir un peu de réussite. Certains pilotes prennent plus de risques que d’autres. En ce qui me concerne, j’essaye toujours d’avoir une petite marge. Je ne peux pas rouler en me faisant peur à chaque tour. Durant toute ma carrière, je ne me suis jamais dit “vas-y débranche”. J’aime l’adrénaline que provoque notre sport, mais il faut aussi que ça reste un plaisir, savoir repousser ses limites tout en restant sur ses roues. »

Quelle part jouent le mental et la confiance à votre niveau? « C’est primordial. Parfois, tu te sens galvanisé. L’année dernière aux Nations par exemple, j’avais le poignet en feu mais je n’y pensais absolument pas sur la moto. Quand tu commences à enchaîner les victoires, tu as l’impression qu’il ne peut rien t’arriver. C’est ce qui s’est passé l’an dernier avec Romain (Febvre) et cette année avec Gajser. Même quand ils s’en mettaient des bonnes, on avait l’impression qu’ils ne pouvaient pas se faire mal. »

Après plusieurs saisons en 250, sur quelle cylindrée prends-tu le plus de plaisir ? « Beaucoup de personnes pensaient que je serais plus à l’aise en 450 et c’est le cas. Techniquem­ent, cela ouvre le champ des possibilit­és. Aujourd’hui, si je veux faire une course ou tout simplement me faire plaisir, je n’hésite pas une seule seconde. Je prends une 450. » Tu connais Roczen depuis longtemps. Était-il intouchabl­e en MX cette saison? « Oui. Tomac a réussi à le battre sur certaines courses mais Roczen était la plupart du temps intouchabl­e. Il est plus jeune que moi mais c’est déjà sa troisième saison en 450. Je pense que ça joue aussi. Cette année, il a réuni toutes les pièces du puzzle, mais ça ne veut pas dire que ce sera encore le cas l’an prochain. En 2015, il était par exemple beaucoup moins fort. Il y a une osmose à trouver : la moto, le pilotage, le physique, la confiance… Cette année, plus les courses passaient, plus je me sentais capable de faire quelque chose. J’étais déjà content de pouvoir battre un pilote comme Tomac à la régulière, mais Roczen était vraiment trop rapide sur les premiers tours. »

Revenons sur les Nations. Après ta superbe saison, ta non-sélection a surpris beaucoup de monde. Que s’est-il réellement passé? « Pour commencer, c’était ma première saison en 450. Je n’avais donc pas spécialeme­nt de garanties surtout lorsqu’on sait que Romain (Febvre) est devenu incontourn­able dans cette catégorie et que Gautier (Paulin) a toujours bien roulé aux Nations et fait à chaque fois honneur à ses sélections. Avec Ferrandis en MX2, l’équipe était solide. Ça peut paraître bizarre, mais même avec mes bons résultats, je ne m’attendais pas vraiment à être sélectionn­é. C’est facile de dire que Gautier a fait 10 d’un GP pendant que moi je faisais 2 aux US, mais la réalité est plus compliquée que ça. Les cartes sont redistribu­ées sur chaque course et rien n’est joué d’avance. D’autant que contrairem­ent aux autres pilotes de l’équipe, je ne connais pas le circuit de Maggiora. Lorsque Pascal Finot m’a appelé pour me dire que je n’étais pas sélectionn­é et qu’il préférait me laisser un peu de temps sur la 450, cela ne m’a donc pas surpris. Je ne me suis pas vexé. »

« Si l’on m’avait dit en début de saison que je ferais 19 tours d’une finale SX en tête pour terminer second derrière Dungey, j’aurais eu du mal à le croire. »

Peux-tu comprendre toute l’agitation qu’il y a eue autour de ça? « Oui, bien sûr. Chaque année c’est un peu le même dilemme. La compositio­n est toujours remise en question et l’on ne peut pas contenter tout le monde. Encore une fois, je comprends la décision de la fédération. Autant je n’aurais pas compris de ne pas être de la partie en MX2 l’an dernier, mais cette saison, je peux le comprendre. Je pense qu’on devrait déjà être content d’avoir un choix de pilotes assez large. Ce n’est pas le cas de toutes les Nations. »

Finalement, cela arrangeait tout le monde? « C’est vrai aussi que lorsque Pascal m’a contacté, nous étions en fin de saison et j’étais un peu usé physiqueme­nt et mentalemen­t. Je le lui ai dit et ça a peut-être pesé dans la balance. »

Quand on a gagné cette épreuve devant son public en réalisant une course de folie (Ernée 2015), garde-t-on la même motivation? « C’est sûr que ce MXDN à Ernée, je ne voulais vraiment pas le rater. C’était une épreuve exceptionn­elle, mais ça reste toujours un privilège et un honneur de représente­r son pays. Maggiora ne représente pas tout à fait la même chose, mais rouler avec les plaques rouges et défendre notre titre représente une autre motivation. » Le MXDN fait-il encore rêver les top pilotes ? « Je ne sais pas pour les autres mais pour moi, oui. En fait, ce sont surtout les pilotes qui évoluent aux États-unis qui font parfois l’impasse. Les meilleurs pilotes du Mondial sont présents sans se poser de questions. Ici, c’est un peu différent et c’est sûr que ça peutêtre décevant de ne pas avoir des pilotes comme Roczen ou Tomac derrière la grille. Anderson est un excellent pilote, mais ça fait peutêtre un peu moins rêver les gens. Cela dit, je peux comprendre leur décision. Contrairem­ent aux pilotes de GP, nous n’avons pas un long break entre novembre et janvier. Pour nous, les courses et le testing s’enchaînent avec la Monster Cup et maintenant le SMX plus le début de saison en janvier. Ça fait beaucoup et les pilotes ont parfois envie de souffler ou simplement de bien préparer la saison suivante. »

Un championna­t unique réunissant les pilotes de GP et les Américains serait-il une bonne idée ? « Le Mondial existe déjà donc ce serait une sorte de championna­t de la terre entière (rire). Franchemen­t, ce serait vraiment énorme. Un peu à l’image du Moto GP pour aller partout dans le monde : aux US, en Australie, en Asie, en Europe… Ce serait les Nations chaque week-end, mais j’ai du mal à y croire. Et puis, sous quel format? SX? MX? Pour moi, le SX US ne disparaîtr­a jamais. C’est trop gros et il y a trop d’argent en jeu. Après, on peut envisager le SX US plus un Outdoor géant avec tous les pilotes et dans le monde entier. »

Le SMX qui a lieu en Allemagne est-il la bonne solution? « En tout cas, j’ai l’impression que tout le monde met beaucoup de moyens pour que ça fonctionne. Pour moi, c’est une sorte de MXDN des marques. Forcément, les retombées peuvent être importante­s pour l’équipe

« Remporter le titre en SX 450 reste mon objectif ultime. »

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