YAM’ SUPER TÉNÉRÉ
De surenchère en surenchère, les années 80 voient les trails prendre de l’embonpoint, cette Super Ténéré de 750 cm3 confirmant la tendance du moment. Mais la limite est peut-être atteinte...
Replaçons-nous dans le contexte de cette fin des années 80, où l’engouement pour les trails, phénoménal, encourage les constructeurs à faire feu de tout bois, et à développer des projets inédits. L’influence du Rallye Paris-Dakar est encore très forte et elle les guide dans leurs options, compétition et commerce étant invariablement liés, de près ou de loin. Or, sur le rallye, Yamaha souffre face à une concurrence aux biceps nettement plus gonflés, et l’on imagine sans mal que le boss de la filiale française, JeanClaude Olivier, réclame au siège un engin capable de rivaliser avec les Honda
NXR ou les Cagiva de 750 cm3, et les BMW de 1000 cm3 face auxquelles le monocylindre de la marque aux diapasons, passé soit à 660 cm3, reste impuissant. Lorsque la
Super Ténéré est finalement présentée, la surprise vient avant tout de son moteur,
« 100 % inédit, quoique d’inspiration FZ (d’où l’appellation XT… Z) : deux cylindres seulement, mais une architecture dérivée des quatre en ligne des routières sportives de la marque. Une sorte de “demi-Genesis”, si l’on veut, avec ses cylindres inclinés à 45° et sa culasse à dix soupapes ! Pièce maîtresse de la Super
Ténéré, son moteur n’est pas seulement original de par sa forme ou son mode distribution, il possède encore d’autres arguments avec le refroidissement liquide, un double arbre à cames en tête et double balancier d’équilibrage. Et ce n’est pas tout, car ce “bi” ultra-moderne innove côté poids et dimensions. Léger et compact, il est surtout très étroit : d’une part grâce à une étude spécifique du vilebrequin et de la pignonnerie, d’autre part en plaçant le maximum d’éléments mécaniques (embrayage, boîte, démarreur) derrière les cylindres, en profitant de l’angle très ouvert du bloc. » Une fois au guidon de cette volumineuse Super Ténéré, la santé du bicylindre est évidente : « Par rapport à un 600 mono, la Ténéré twin dépose la “petite” avec au moins trente bornes de mieux, j’annonce courant d’air ! »
Par la suite, les six victoires de Stéphane Peterhansel sur le Dakar confirmeront ce verdict, et le bicylindre sera même installé sur les TDM ou TRX montées à 850 cm3. La carrière commerciale de cette machine restera relativement modeste, peut-être parce que la limite d’embonpoint était finalement atteinte.