HVA 180 CUSTOM
Fan des motos des années 20 et 30, Göran a restauré une drôle de HVA 550.
Amateur de motos des années 20 et 30, le Suédois Göran Larsson vient de restaurer, à sa manière, une Husqvarna 550 cm3.
Le premier prix du Strängnäs Bike Show en Suède, décerné à la mémoire d’Erik Westerberg, a été remporté cette année par une machine suédoise, la belle Husqvarna de 1929 modifiée par Göran Larsson. Pour info, Erik Westerberg était le pilote suédois le plus connu au moment où cette machine a été fabriquée mais, à l’époque, il pilotait pour l’usine Harley-Davidson. La marque Husqvarna a été fondée en 1689 et s’est consacrée exclusivement à la fabrication d’armes jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, puis la marque s’est diversifiée en produisant, entre autres, des outils. Lorsque Husqvarna a commencé à fabriquer des motocyclettes au début des années 1900, il a fallu acheter des moteurs à la marque belge FN dont les moteurs étaient considérés comme les meilleurs et les plus fiables de l’époque. Le premier modèle ressemblait à une bicyclette à moteur auxiliaire mais en 1916, le modèle 145 ressemblait à ce que nous appelons aujourd’hui une moto,
avec une boîte à trois vitesses et un entraînement par chaîne. Cependant, les moteurs étaient toujours achetés à divers fabricants étrangers.
« Ça m’a pris il y a dix ans »
Durant la Première Guerre mondiale, Husqvarna a également commencé à vendre des motos pour les militaires et la direction de l’usine a décidé qu’il serait préférable d’avoir un moteur maison, histoire de ne pas être accusé d’intelligence avec l’ennemi ! La tâche a été confiée à un ingénieur nouvellement embauché, Gustaf Göthe, qui devait non seulement construire son propre moteur, mais aussi une moto totalement nouvelle. Il fallait concevoir un propulseur suffisamment puissant pour affronter les routes suédoises en très mauvais état. Göthe a préféré partir d’une feuille blanche et a basé son nouveau bicylindre en Vé sur celui d’un AJS
(le modèle D), machine qu’il a réussi à importer clandestinement du Danemark. Le résultat fut le modèle 150, une moto animée par un moteur à soupapes latérales de 546 cm3 développant une quinzaine de chevaux et vendu à partir de 1919. L’allumage (ainsi que la magnéto pour les machines équipées d’un éclairage électrique) était fabriqué par Bosch et le carburateur de la première génération provenait du fabricant anglais Amac. Toujours est-il que le moteur Göthe a donné entière satisfaction et a été fabriqué et amélioré durant 15 ans jusqu’en 1934. Revenons à Göran. Celui-ci a une préférence marquée pour les motos de l’entre-deuxguerres. « Ça m’a pris il y a dix ans. Pour moi, ces bécanes sont de véritables oeuvres d’art, elles sont agréables à regarder et malgré leur rusticité, elles fonctionnent très bien…» Après la Husqvarna, le prochain chantier de Göran sera une Harley-Davidson de 1927, puis suivra un modèle de 1946. Vaste programme.
Dans son garage, il y a actuellement une dizaine de motos qu’il a restaurées lui-même, en autodidacte, sans jamais avoir appris
LE BICYLINDRE EST BASÉ SUR CELUI D’UN AJS IMPORTÉ CLANDESTINEMENT
la mécanique. Une de ses motos préférées est une Rickman-Métisse de motocross qu’il utilise dès le retour de la belle saison.
L’idée ? Moderniser cette Husqvarna
Sa Husqvarna est un modèle 180 de 1929, un véhicule utilitaire capable d’affronter le climat suédois notamment avec ses « garde-boue efficaces assurant une bonne protection », comme on pouvait le lire dans les brochures publicitaires de l’époque. Cette moto a été fabriquée entre 1927 et 1929 avec de petits changements. Göran l’a achetée en 2012 à un professionnel qui avait passé une annonce sur Blocket, l’équivalent du Boncoin en Suède. Elle était complète et surtout, elle roulait encore il y a une dizaine d’années, ce qui était plutôt de bon augure pour l’état de la mécanique. Malheureusement, Göran n’a pris aucune photo la montrant son apparence lorsqu’il l’a achetée mais elle était dans son état d’origine. Elle avait déjà été rénovée quelques années auparavant et elle ne demandait pas un énorme travail pour reprendre la route. En fait, l’idée de Göran était de « moderniser » la Husqvarna. Attention, pas question pour lui monter des roues à branches et des freins à disque, l’idée c’était de lui donner un aspect plus léger, plus bobber. La Custom Culture a encore frappé !
« Je l’ai achetée parce que j’ai vu son potentiel mais je dois avouer que je trouve l’originale affreuse ! », explique Göran. À noter que les jantes sont agrémentées d’un étroit filet doré qui n’est sûrement pas d’époque mais qu’il a conservé. En revanche, il a retiré les garde-boue, le porte-bagages, le boîtier de batterie et le phare. Puis la selle a été reculée, abaissée et elle a perdu ses ressorts pour la rendre rigide. Le petit guidon d’origine a été remplacé par un modèle
JE L’AI ACHETÉE PARCE QUE J’AI VU SON POTENTIEL MAIS JE TROUVE L’ORIGINALE AFFREUSE !
beaucoup plus grand et plus cintré. Un petit phare avec de nouveaux supports a remplacé l’ancien et un boîtier de batterie nouvellement fabriqué a été placé derrière la boîte de vitesses.
«Le gros souci, c’est le freinage»
Enfin, Göran a construit deux tubes d’échappement plus longs. « Rien d’extraordinaire, ni d’irréversible mais ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, elle me plaît ! » Il n’a pas encore démonté le moteur car il démarre facilement et fonctionne plutôt bien. Il n’a donc pas voulu se lancer tout de suite dans un démontage. Après le « Bike Show » à Strängnäs, il a fait quelques kilomètres et il est plutôt content : « Je pensais que ce serait plus compliqué
LES JOURS DE PLUIE, EN L’ABSENCE DE GARDEBOUE, GÖRAN EST “REPEINT” DE LA TÊTE AUX PIEDS
à conduire avec le changement de vitesses au réservoir et l’absence de suspension, mais je m’en suis plutôt bien sorti. Le gros souci, c’est le freinage, il faut vraiment l’anticiper ! » Et puis les jours de pluie, en l’absence de garde-boue, Göran est « repeint » de la tête aux pieds. Comme dit un ami à moi, la Custom Culture, c’est bien quand tu vis en Californie… Plus sérieusement, Göran explique que le carburateur aurait bien besoin d’une révision, voire d’un changement car il a tendance à « dégueuler » l’essence. Du coup, il en profitera pour ouvrir le moteur et juger de son état : « Pour le moment, ça fonctionne mais comme j’ai l’intention de tailler la route l’été prochain, je préfère tout vérifier. » Göran projette en effet de rallier Stockholm à la ville Husqvarna, berceau de l’entreprise, un joli voyage de plus de 300 km.