KATANA, LE RETOUR
Avec cette nouvelle 1000 Katana, Suzuki s'appuie enfin sur son passé.
Si la marque Suzuki ne proposait jusque-là aucune néo-classique, l’arrivée de la nouvelle Katana prouve que le constructeur sait aussi s’intéresser à son passé.
La Katana, c’est un peu la preuve que le temps adoucit les moeurs. Que la nostalgie peut modifier nos goûts, nous faire voir les choses différemment. Quand, en 1981, sort cette Suzuki au look improbable, nombreux sont les motards à la trouver déséquilibrée, trop futuriste, bizarre… Moche, en somme. En France, les quelques centaines d’exemplaires vendus durant sa courte carrière commerciale ne peuvent que confirmer ce fait. Cela ne l’a pourtant pas empêché de devenir un mythe. Sur lequel on jette, aujourd’hui, un regard tendre, respectueux, louant le courage de Suzuki et la créativité de Hans Muth, son designer. 40 ans plus tard, ou presque, Suzuki retente l’expérience avec, là encore, une machine en complet décalage avec les normes esthétiques actuelles. Dans un coin de l’immense hall de l’hôtel Brighton de
Kyoto, au Japon, trône fièrement une Katana 2019. Derrière elle, un fond noir sur lequel apparaissent des fleurs de cerisiers lorsqu’on prend une photo avec flash. Au vu du nombre de touristes japonais et journalistes internationaux qui shootent la belle sans relâche, on a aucun mal à longuement détailler le prunus serrulata nippon. Ainsi que la moto, évidemment. C’est Rodolfo Frascoli, un designer italien qui s’est chargé de moderniser l’icône Katana, avec un prototype présenté au Salon de Milan 2017. Les grands pontes d’Hamamatsu apprécient le projet, comprennent qu’ils ont enfin une chance de produire une machine « néo-rétro » et sautent sur l’occasion.
Elle partage 80 % de son ADN avec la GSX-S 1000
Moins de deux ans plus tard, nous sommes là, sur l’Arashiyama-Takao Parkway. Une sinueuse bande de bitume qui va nous servir de terrain de jeu. Passé l’acclimatation avec le look, on se retrouve vite en terrain connu. En effet, cette nouvelle Katana est basée à 80 % sur l’actuelle GSX-S 1000. Même quatrecylindres en ligne inspiré du moteur de la GSX-R 1000 K5, même cadre, même géométrie, même freinage… Le réglage des suspensions a néanmoins été revu, pour répondre à la nouvelle position de conduite plus droite. Très vite, on prend ses marques. Les machines japonaises modernes ont
DÉSÉQUILIBRÉE, BIZARRE, TROP FUTURISTE... ET POURTANT MYTHIQUE
cette capacité à se laisser décrypter rapidement. Le moteur se révèle volontaire dès les bas régimes. Il est souple, coupleux et permet d’enrouler gentiment sur un filet de gaz. Quand on l’asticote, il répond au doigt et à l’oeil. Sans être explosif, il vous emmène virilement jusqu’aux limites de la zone rouge, autour des 10 000 tours. Côté partie-cycle, on trouve un ensemble équilibré et homogène. Japonais, quoi.
Sans être la plus vive, la Katana se débrouille plutôt bien sur cette route serrée où demeurent quelques traces d’humidité.
Elle donne confiance, renvoie un sentiment de maîtrise, bien aidée par les nouveaux Dunlop Sportmax Roadsport 2. Enfin, côté équipement, la Suzuki a le bon goût de ne pas en faire trop. L’ABS, un Traction Control réglable sur 3 positions (et déconnectable) et c’est tout. Suffisant, pour une moto bien née, à michemin entre un roadster sportif et la mode du rétro.