Moto Revue Classic

LES CUIRS DE SEGURA

Créé en 1967, Segura est l’un des plus anciens fabricants de cuir. Après la gloire des années 70 et la crise de 2000, c’est aujourd’hui la renaissanc­e.

- Texte : Peter Wicked – Photos : archives Segura et

Segura, l’un des plus anciens fabricants de cuir (1967), renaît aujourd’hui après la crise de 2000.

Dans la famille Segura, le cuir on connaît. En banlieue parisienne, le père et la mère, réfugiés espagnols, fabriquaie­nt déjà des souliers et des gants. Dès qu’ils en ont l’âge, les quatre enfants leur donnent un coup de main en rentrant de l’école. En 1967, motivés par le marché de la moto qui a le vent en poupe, ils proposent leurs premiers gants aux motards. À une époque où les produits français de qualité sont rares et où il faut plutôt se tourner vers l’angleterre ou l’italie, le succès est immédiat. La famille s’est déplacée à Nîmes mais entre les frères, ce n’est pas vraiment l’entente cordiale. Jacques claque la porte pour créer sa propre marque, Furygan. Mais ça, c’est une autre histoire que l’on vous a déjà racontée (voir MRC n° 55)... Avec l’arrivée de la Honda CB 750 en 1969, le marché explose. Idem pour la compétitio­n où il faut équiper les p’tits gars de la Coupe Kawasaki- Moto Revue par exemple. Fini, le blouson noir issu du Perfecto ou du Lewis et bonjour les couleurs vives. C’est la tendance, il faut se protéger et ressembler à ses pilotes préférés. Durant les années 70, Segura équipe la majorité des pilotes français du Continenta­l Circus : c’est la tenue de travail de Patrick Pons, Christian Sarron, Raymond Roche, Bernard Fau, Jacques Bolle, etc.

Des circuits à la ville

Les années 80 pointent le bout du nez et l’embellie continue. Certes, les ténors des Grands Prix, comme Roberts ou Spencer, ont signé des contrats juteux chez Dainese, mais le fabricant italien est encore mal distribué chez nous. Ne parlons pas d’alpinestar­s et de Spidi, qui se contentent à l’époque de produire respective­ment des bottes et des gants. Le motard français roule donc avec du cuir Segura parce qu’on le trouve partout mais aussi parce que la qualité est là. Aujourd’hui encore, on trouve des blousons des années 80 en parfait état pour peu qu’ils aient été entretenus. Dans les années 90, tout s’accélère. La mondialisa­tion est en marche et les frontières s’ouvrent. Les fabricants étrangers attaquent le marché hexagonal avec des produits plus technologi­ques (protection­s intégrées, doublure amovible) et surtout, les Français ne portent plus les couleurs Segura en Grands Prix. À l’image de Christian Sarron, pilote et importateu­r de la marque Nankai pour la France ! Pourtant, au milieu des années 90, à une époque où le « vintage » n’est pas encore à la mode, la marque propose la ligne Segura 70 qui, comme son nom l’indique, surfe sur la vague des Seventies. C’est le grand retour des écussons cousus. Malheureus­ement, il ne suffit pas d’avoir raison trop tôt. Cette ligne accorde un peu de sursis à la marque mais en 2000, c’est le dépôt de bilan. À l’époque, Louis Segura s’exprimait ainsi chez notre confrère motonet.com : « La situation nous oblige à faire fabriquer certains éléments de nos produits au Maroc, où la main d’oeuvre est moins chère. Certains ne se privent pas pour importer directemen­t des produits d’extrême-orient, avec un prix de revient quatre à cinq fois moindre. Ce qui a fait notre renommée, c’est la qualité de nos produits fabriqués en France, par une main d’oeuvre française. Je ne regrette pas ce choix, mais il est aujourd’hui impossible d’être compétitif en se limitant à cela. C’est dommage, mais il y va de la survie de l’entreprise Segura. » Ça ne suffira pas et en 2002, la marque est rachetée par la société Trophy, propriétai­re de Bering, entre autres. La renaissanc­e a lieu en 2007 avec une gamme textile et cuir, des gants et des chaussures. Depuis 2011, sous l’impulsion du styliste David Berger, elle propose une collection axée sur le « vintage avant-gardiste », une manière d’allier la technologi­e à un aspect rétro qui n’est pas pour déplaire.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France