Modele Magazine

UN MOTOPLANEU­R XXL

Le petit monde du planeur peut se répartir en trois catégories principale­s: les modèles en mousse peu chargés au dm² avec des envergures de moins de 2 m, les modèles de taille intermédia­ire de 2 à 3,5 m (maquettes, F3J, planeurs de loisir) et les grands m

- Texte : Hervé Mourichoux Photos : Monique Mourichoux

Le modèle est décliné par Staufenbie­l en deux versions : • ARF, proposant le planeur terminé et entoilé (sans équipement électroniq­ue) • PNP, avec le moteur brushless installé, son hélice carbone 20x8 et les six servos Dymond D 7550 montés. Les prises 6 broches MPX pour connecter les servos d’ailes sont montés, tout comme le système de verrouilla­ge des ailes Multilock ( des panneaux entre eux, ainsi que les ailes sur le fuselage). C’est cette version qui est ici testée.

La surprise vient du fuselage en fibre de verre livré en deux parties à coller. Nous verrons plus loin cette opération. Ce fuseau est entièremen­t peint, avec une grande verrière en fibre de verre peinte en noir (verrouilla­ge en place et opérationn­el). L’intérieur du fuseau révèle un renfort en ruban carbone sur les flancs et la totalité de la longueur du fuseau. Une platine en CTP ajourée est en place : les éléments électroniq­ues seront fixés sur cette pièce. Dans cette version PNP, le moteur Himax V-Max 50-XL (310 KV) est en place à l’avant, directemen­t fixé sur le couple avant. C’est un gros brushless de 420 g délivrant une puissance de 1 400 W sous 22 à 37V (6 à 10S). Le KV est de 310 tr/V, autorisant de grandes

hélices (19 x 10 ou 20 x 8). Une hélice carbone repliable 20 x 8 est fournie dans le kit, de même qu’un cône de 50 mm en aluminium. Il n’est pas prévu de roue sous le fuseau. Sur la seconde partie (l’arrière), le large pied de dérive intègre le servo de profondeur : une trappe latérale donne accès à cet élément. La gouverne de dérive en bois coffré est à monter. Le servo est disposé classiquem­ent à l’avant du fuse- lage. Le stabilisat­eur en « Té » est en une partie, heureuseme­nt démontable (deux vis M4), avec le volet articulé d’origine. Son envergure est déjà impression­nante avec un peu moins d’un mètre pour une surface de 16,3 dm2. Les ailes se présentent en quatre tronçons en mousse dure coffrée en abachi et entoilé : ceux d’emplanture font 1 180 mm d’enver- gure et les extrémités 1 280 mm. Le profil évolue de l’emplanture vers l e saumon : HQ/W-2,5/12 ; HQ/W-2,5/11 ; HQ/W-3/10,5. Ces profils performant­s sont utilisés sur plusieurs modèles proposés par Staufenbie­l. Les volets de courbure (largeur de 85 mm) sont présents sur la totalité du bord de fuite des tronçons centraux. Chaque volet est animé par un servo dissimulé dans l’épaisseur du profil. Sur les tronçons d’extrémité, l es ailerons, dans l a continuité des volets, sont eux aussi impression­nants. Les saumons sont en composite, recourbés vers le haut. Comme indiqué plus haut, la fixation des tronçons entre eux est confiée à des verrouilla­ges rapides MPX et une clé en carbone de 12 mm de diamètre. Les fixations des tronçons des emplanture­s sur le fuselage sont de même nature, avec une clé d’aile en acier de 14 mm (qui pèse à elle seule 500 g !).

La surface de la voilure est gigantesqu­e avec presque 1,5 m2. La corde est l’élément qui semble disproport­ionné : 355 mm à l’emplanture, c’est énorme… L’autre élément qui surprend est l e poids : chaque tronçon d’emplanture pèse 1 505 g et ceux d’extrémité affichent chacun 995 g. Pour des pièces en mousse coffrée et entoilée, c’est l ourd. Imaginez que les seules ailes, avec leurs clés, affichent 5 730 g !

Les servos de volets et d’ailerons sont ici déjà installés, il reste juste à monter les commandes et les caches (en plastique injecté). L’ensemble de l’accastilla­ge est fourni dans la boîte (il y a même des palonniers de servos supplément­aires, qui ne seront pas utilisés pour le Straton).

Ne cherchez pas de décoration à poser, tout est déjà en place. Celle des ailes est surprenant­e avec ces grandes bandes

bleu et rouge qui courent sur une bonne partie de l’envergure : on trouve ce genre de fantaisie plutôt sur les avions ou petits planeurs, les plus grands brillant par leur robe sobre et blanche. Ceux qui auraient en tête de retirer l es bandes devront refaire tout l’entoilage car elles ne sont pas rajoutées par-dessus l e blanc mais participen­t au recouvreme­nt des ailes…

Je finirais par l a notice, en allemand, heureuseme­nt agrémentée de nombreuses photos en noir et blanc. Elle semble commune aux versions ARF et PNP et détaille donc plus que le travail à faire sur notre version PNP. Le poids estimé est de 8 700 g, nous verrons plus loin qu’il est assez optimiste.

VITE MONTÉ MAIS QUELQUES SURPRISES

Il faut ajouter à la version PNP un contrôleur électroniq­ue supportant 80A, un accu de propulsion LiPo 6S de grosse capacité (5 000 mAh ou plus). Si vous souhaitez une alimentati­on séparée pour la radio, il faudra un U-Bec, un second accu et bien sûr un récepteur de 8 voies. Nul besoin de rallonges, les connexions en place vous en dispensent.

J’ai attaqué l e travail par l e gros morceau qu’est le fuselage. Il faut dans un premier temps monter et coller le support en bois qui va servir de berceau durant le collage. Une f ois l e support assemblé, on enfile la clé d’aile dans le fourreau du fuseau et on la positionne sur le berceau qui immobilise à la bonne position la partie avant. Après avoir copieuseme­nt poncé l a peinture des parties à coller, on peut l es emboîter : le pied de dérive étant

en contact avec le plan de travail, le fuseau est aligné sur son axe longitudin­al. Il reste à monter les ailes (tronçons d’emplanture) ainsi que l e stabilisat­eur pour assurer l’alignement angulaire. On aligne, on prend des repères, on colle (à l’époxy bien sûr) et on contrôle une dernière fois : c’est fait et plus facile que je ne l’avais imaginé. Le bâti est très bien pensé pour cette opération.

J’enchaîne avec le montage de la commande de profondeur, le

servo étant déjà sur sa platine dans l’épaisseur de la dérive. Les tiges métallique­s fournies de 2 mm sont filetées à une extrémité et à plier en Z de l’autre côté. Une pince spéciale est indispensa­ble pour cet exercice. Malheureus­ement, en tentant de m’acquitter de l’exercice, la tige s’est cassée à la base de la pliure. J’ai répété l’opération trois fois avec la même sanction. J’ai donc changé mon approche en décidant d’abandonner la pliure au profit d’un simple filetage : faut-il

encore être équipé d’une filière adéquate, ce qui était heureuseme­nt mon cas ! Toutes les commandes ont donc été filetées à la bonne longueur. Ma commande de profondeur en place, il ne restait qu’à refermer le cache cylindriqu­e avec un morceau d’adhésif. Problème, le palonnier du servo frottait sur ce cache. J’ai finalement intercalé une baguette de bois entre le dessus du servo et le revêtement pour écarter la dérive localement de quelques millimètre­s et libérer les mouvements du palonnier. Les charnières de la dérive sont collées dans la partie fixe avec de la Cyano. Les commandes se font avec de simples câbles (fournis) à sertir. Les guignols sont déjà sur la gouverne et la place est comptée à l’arrière : il faut impérative­ment sertir les câbles au niveau de la dérive avant de les tendre et d’ajuster les seconds sertissage­s au niveau de la tête de servo. C’en est terminé pour le fuseau, il ne reste qu’à positionne­r le récepteur et les accus, ce que l’on fera une fois le centre de gravité estimé.

Passons maintenant aux ailes avec la découpe des caches de servos d’ailerons en plastique, qui seront fixés avec de simples morceaux d’adhésif. Le montage à blanc des tronçons d’ailes a révélé une difficulté à loger les rallonges (trop longues) des panneaux extérieurs dans les trous existants. J’ai choisi de retirer ces rallonges, après avoir vérifié que la longueur des fils de servos permet de dépasser suffisamme­nt pour assurer leur connexion avec les panneaux centraux (c’est juste mais ça passe). Histoire d’assurer le coup, j’ai attaché un fil de couture derrière les prises qui me permet de tirer dessus si elles se dérobaient dans le trou. Le verrouilla­ge des ailes avec le système Multilocks est un peu difficile au début (il faut que les jeux se fassent).

Le planeur monté dans le jardin (parce qu’à l’intérieur, c’est proche de l a mission i mpossible !), on attaque l’évaluation du centrage. L’accu 6S 5300 mAh de 850 g est positionné sur sa platine bien en avant, mais ce n’est pas suffisamme­nt lourd. Un accu de réception LiPo 2S 3000 mAh est ajouté à côté, bien en avant, et permet d’atteindre le point d’équilibre aux 120 mm préconisés. Je comprends maintenant pourquoi la notice conseille un accu de propulsion de 7000 mAh!

Le poids final s’établit à 9980 g, ce qui est assez loin des 8700 g de la notice. Cependant, ce n’est pas un problème car mon expérience en planeur m’a démontré que le poids n’est pas forcément un handicap, nous verrons bien en vol. Pour ceux que cela effraye, il y a 350 g à gagner avec une clé en carbone, c’est à peu près tout.

Le montage s’est déroulé sur une semaine. Mis à part le problème avec le pliage des commandes, tout est bien pensé et le planeur se monte avec facilité.

EXCELLENT PLANEUR HORS NORME

Le Straton est un modèle atypique à plus d’un titre : une conception inhabituel­le, des mensuratio­ns XXL et un poids élevé en font une machine qui ne laisse pas indifféren­t. En utilisatio­n, le Straton est un excellent planeur qui est un régal à faire évoluer et vous procurera des sensations différente­s d’un modèle de taille classique.

 ??  ?? C’est sûr, la bestiole en impose ! Mais avec ses ailes en quatre parties et le stabilisat­eur démonté, le Straton reste assez facile à transporte­r.
C’est sûr, la bestiole en impose ! Mais avec ses ailes en quatre parties et le stabilisat­eur démonté, le Straton reste assez facile à transporte­r.
 ??  ?? La version PNP est très avancée, avec le moteur et les servos déjà installés. Le seul travail à réaliser est le collage du fuselage et la mise en place des commandes.
La version PNP est très avancée, avec le moteur et les servos déjà installés. Le seul travail à réaliser est le collage du fuselage et la mise en place des commandes.
 ??  ?? Cinq mètres d’envergure, près de 1,5 m² de voilure et 10 kg : des chiffres qui donneront le tournis à un planeurist­e « lambda ». Pour autant, ce Straton proposé par Staufenbie­l se montre facile à piloter et procure un agrément de pilotage bien...
Cinq mètres d’envergure, près de 1,5 m² de voilure et 10 kg : des chiffres qui donneront le tournis à un planeurist­e « lambda ». Pour autant, ce Straton proposé par Staufenbie­l se montre facile à piloter et procure un agrément de pilotage bien...
 ??  ?? Le vol du Straton est majestueux et facile. Moteur coupé, il ne s’arrête pas de planer…
Le vol du Straton est majestueux et facile. Moteur coupé, il ne s’arrête pas de planer…
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 ??  ?? Aérofreins sortis, l’atterrissa­ge est imminent. L’absence de roue impose une surface en herbe, sans cailloux qui seraient destructeu­rs pour le dessous du fuselage.
Aérofreins sortis, l’atterrissa­ge est imminent. L’absence de roue impose une surface en herbe, sans cailloux qui seraient destructeu­rs pour le dessous du fuselage.

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