Nevers, revanchard d’assaut
PIQUÉE PAR SA LOURDE DÉFAITE À ROUEN, NEVERS S’EST RASSURÉ EN LAMINANT LE LEADER VANNETAIS DANS UN MATCH DE CHOCS ET DE FUREUR.
Il sort au ralenti à la 75e minute, démarche et rythme de nonagénaire arthritique mais sourire majuscule sous la tignasse en bataille. L’image d’Elia Elia, chavirant au bout de ses forces, comme tous ses coéquipiers, symbolise l’intensité extrême de ce Nevers - Vannes, un fracas tellurique comme le Pré-Fleuri en a rarement vécu depuis l’accession en Pro D2, en 2017.
Une bataille acharnée dans chaque regroupement, des plaquages à s’en calcifier les deltoïdes, des séquences à mille temps en apnée. « C’était un gros match de Pro D2, résume sobrement le manager neversois Xavier Péméja. C’est le match référence. » Face au leader vannetais, qui restait sur deux victoires lors de ses derniers raids dans la Nièvre, ses joueurs ont effacé l’image brouillasse de ce début 2024, où la victoire poussive contre Biarritz (29-27) était entourée de deux lourdes défaites à Colomiers (28-3) et à Rouen (37-7). « On a remis les pendules à l’heure, affirme le flanker Julien Kazubek. Il fallait qu’on se fasse pardonner après ces matchs de m… Tout le monde savait que Vannes avait gagné chez nous deux fois la saison dernière mais on n’en a pas parlé. C’est surtout la défaite à Rouen qui n’est pas passée ; on s’en est servi. »
UN FRÈRE EN CACHE UN AUTRE
Même le forfait de Kylian Jaminet, à l’échauffement et la sortie de Senio Toleafoa au bout d’un quart d’heure n’ont pas dévié les Neversois de leur objectif. Pas plus que les trois essais refusés en première période ni la grosse pression initiale des Bretons : « Sur le banc, après les trente premières minutes, on s’est dit :
« Wouah, ils ne sont pas premiers pour rien », explique Julien Kazubek. « À la 20e minute, je n’étais pas bien », confirme l’espoir Dylan Jaminet, propulsé dans le XV de départ pour la première fois, au relais de son grand frère Kylian, et qui raconte la fierté d’avoir « fait le taf » pendant quatre-vingts minutes.
Dans ce grand bain de sueur et de fureur, Nevers peine d’abord à surnager, avant de prendre le dessus, inéluctablement, dans le sillage des Van der Merwe, Bastide, Noah, Fraser, Loaloa et Ambadiang. « On a su répondre et on n’a rien lâché,
sourit le demi de mêlée Hugo Bouyssou. À la pause, on s’est dit que nous étions prêts à retourner six fois, sept fois dans l’en-but s’il le fallait. Après le match de Rouen, on se devait d’être irréprochables, vis-à-vis du staff, des supporters, et aussi de nous-mêmes. »
Descendus en janvier de la quatrième à la sixième place, les Neversois devaient aussi empiler un neuvième succès à la maison pour tenir à distance les poursuivants. « On veut être dans le top 4, nous avons de grandes ambitions, rappelle Kazubek. Si on joue ainsi tous nos matchs, on peut faire de grandes choses. »
Leader en sursis,Vannes accuse quant à lui le coup d’une quatrième défaite d’affilée à l’extérieur et un terne bilan de deux succès sur ses sept derniers matchs. « Cela fait deux déplacements de suite où on est pris dans l’intensité et où nous n’avons pas de réponse à ça, constate le manager Jean-Noël Spitzer. On s’est complètement délités en seconde période. »